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jeudi 4 janvier 2018

ECONOMIE : L'Asie bouscule l'ordre de l'économie mondiale....Le Japon reste la troisième économie de la planète


ECONOMIE


4 janvier 2018

L'Asie bouscule l'ordre de l'économie mondiale

Selon l'institut CEBR, l'Inde se hissera au cinquième rang, devant la France et le Royaume-Uni, en 2018

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MONEYGRAM ET ANT NE FUSIONNERONT PAS
Le spécialiste américain des paiements électroniques MoneyGram International et Ant Financial Services, bras financier du géant chinois du e-commerce Alibaba Group Holding, ont annoncé mardi 2  janvier renoncer à leur projet de fusion en raison de l'opposition des autorités américaines. Dans un communiqué commun, les deux groupes expliquent que l'offre d'1,2  milliard de dollars (près d'1  milliard d'euros) d'Ant Financial sur MoneyGram n'a pas reçu l'aval du Comité américain des investissements étrangers (CFIUS). Le veto du CFIUS représente un revers pour Jack Ma, le fondateur et président exécutif d'Alibaba, qui avait promis début janvier  2017 à Donald Trump, alors président élu, de créer un million d'emplois aux Etats-Unis. – (Reuters.)
Sur l'échiquier économique mondial, l'Asie consolide sa place. L'année qui commence devrait confirmer l'ascension du continent, avec l'irruption de l'Inde au cinquième rang des principales économies de la planète. Le géant asiatique supplanterait ainsi la France et le Royaume-Uni qui -passeraient, respectivement, à la sixième et la septième place. Le classement, publié le 26  décembre, est produit par le Centre for Economics and Business Research (CEBR), un institut d'études britannique.
Cette progression des économies asiatiques va encore se renforcer dans les quinze prochaines années. D'ici à 2032, toujours selon le CEBR, la Corée du Sud et l'Indonésie auront fait leur entrée dans le top 10 ; et Taïwan, la Thaïlande, les Philippines et le Pakistan intégreront le top 25.
En  2030, la Chine devrait, elle, avoir ravi aux Etats-Unis la première place du classement. L'étude du CEBR se base sur le poids du produit intérieur brut (PIB) exprimé en dollars. Mesuré en termes de " parité de pouvoir d'achat " (PPA), c'est-à-dire en prenant en compte ce que permettent d'acheter localement les devises de chaque pays, le PIB chinois aurait même déjà croisé celui des Etats-Unis.
" L'influence politique suivra "Mais quel que soit le critère retenu, la tendance est la même. Une enquête publiée en février  2017 par le cabinet PwC affirmait déjà qu'en 2030, quatre des cinq principales puissances économiques mon-diales seraient asiatiques (Chine, Inde, Japon et Indonésie). " C'est une certitude, les centres névralgiques auront tendance à migrer de plus en plus vers l'Asie, résume Julien Marcilly, économiste en chef de l'assureur-crédit Coface. Et le poids économique des pays avancés va, lui, continuer à baisser ".
Dans son étude, le CEBR rappelle que ce que l'on a coutume d'appeler " le monde développé " représentait, jusqu'en  2000, 76  % de l'économie planétaire. D'ici à 2032, cette proportion devrait avoir chuté à 44  %, tandis que les  anciens " pays en dévelop-pement " constitueront 56  % de  l'économie mondiale. " L'influence politique suivra inévi-tablement cette évolution et les anciennes économies en développement auront vraisemblablement un poids accru dans les instances mondiales et les relations bilatérales ", conclut le rapport.
Ce glissement semble inéluctable au vu des dynamiques de croissance qui régissent les différentes parties du globe. En  2018, l'économie mondiale devrait poursuivre une reprise synchronisée. Mais si presque aucun pays ne manque sur le tableau de la croissance, l'Asie fait nettement la course en tête. Selon le Fonds monétaire international (FMI), en  2018, la région Asie-Pacifique devrait croître de 5,4  %, plus vite que le rythme de l'économie mondiale (+ 3,7  %) et que tous les autres blocs régionaux. L'Amérique du Nord devrait ainsi progresser de 2,2  %, l'Europe de 2  %, l'Afrique de 3,7  %…
Plusieurs facteurs jouent en faveur des économies asiatiques : de solides fondamentaux macroéconomiques, une forte intégration commerciale tirée par la Chine, une démographie en -augmentation… Selon l'institut de recherche BMI, d'ici à 2030, le  continent devrait compter 410  millions d'habitants supplémentaires et continuer à représenter plus de 50  % de la popu-lation mondiale.
Taux d'urbanisation de 40 %Les économistes citent aussi le potentiel de rattrapage offert par le taux d'urbanisation. Celui-ci est d'environ 40  % en Asie contre 80 % à 90  % dans les économies avancées. Le développement de centres urbains s'accompagne généralement d'un boom du secteur industriel, des services et des dépenses de consommation. Autant d'impulsions à la croissance.
Ces performances macroéconomiques ne doivent pourtant pas faire illusion. " Ce qu'on appelle puissance économique, c'est la taille d'un marché. Mais ces classements ne reflètent pas vraiment la richesse moyenne dans chaque pays, rappelle Julien Marcilly. -Certains progressent très vite mais leur PIB par habitant reste inférieur à celui des pays avancés. "
En Chine, le revenu par habitant ne représentait que 15  % de ce qu'il était aux Etats-Unis en  2016, selon la Banque mondiale. Et en Inde, seulement 3  % ! Ces pays figurent aussi parmi les plus inégalitaires du monde. Une étude publiée le 28  décembre par l'agence Bloomberg révélait, par exemple, que les grands patrons indiens gagnent 229 fois plus que le salaire moyen, plaçant le pays au deuxième rang, derrière les Etats-Unis, de ce classement sur les écarts de revenu.
Dans le même temps, 20  % de la population du sous-continent souffre toujours d'extrême pauvreté.
D'autres défis entravent cette marche vers la prospérité. Si la démographie joue positivement à l'échelle régionale, dans certains pays, la population grisonne. Et certains risquent, notamment en Chine, d'être vieux avant d'être riches. En outre, si la croissance du continent est très enviable vue de l'Occident, elle est souvent moins forte que par le passé. Et cette combinaison menace une partie de l'Asie de tomber dans le " piège du revenu intermédiaire " où, passé une phase de rattrapage, les pays voient leur croissance se tasser dans des proportions les empêchant de converger vers le niveau de vie des économies avancées.
Marie de Vergès
© Le Monde

4 janvier 2018

Le Japon reste la troisième économie de la planète

Malgré ses faiblesses, l'Archipel, qui peine à tourner définitivement la page de la déflation, ne devrait pas être détrôné avant 2022

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La croissance de son économie fait pâle figure à côté de celle de son voisin chinois. Et pourtant : cette année encore, le Japon devrait conserver sa place de troisième puissance économique mondiale, selon le classement publié, le 26  décembre, par le Centre for Economics and Business Research (CEBR), un institut d'études britannique. Et il ne devrait pas en être détrôné avant 2022.
Des prévisions qui donnent comme un satisfecit au premier ministre conservateur, Shinzo Abe, porté au pouvoir en  2012 sur la promesse de tirer l'Archipel de la déflation où il se débat depuis vingt ans. De fait, les derniers indicateurs sont plutôt bons. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,5  % en rythme annuel au troisième trimestre 2017, enregistrant son septième trimestre de croissance de suite. " Cela n'était pas arrivé depuis près de vingt ans ", souligne Matthias van den Heuvel, économiste à la banque Edmond de Rothschild, dans une note sur le sujet.
Tirées par la reprise des échanges mondiaux, les exportations de biens ont progressé de 7,1  % en moyenne l'an dernier, dopant la production manufacturière et l'investissement des entreprises. En novembre  2017, la consommation des ménages a bondi de 1,7  %, tandis que le taux de chômage est tombé à 2,7  % de la population active, au plus bas depuis novembre  1993. " L'économie est au plein-emploi ", a souligné Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), le 26  décembre.
L'activité est également portée par les dépenses publiques massives, notamment dans les infrastructures : sur l'année fiscale  2017, elles ont culminé à 28 100  milliards de yens, soit 207,9  milliards d'euros. Ces in-jections devraient diminuer ces prochains mois, si bien que la croissance devrait retomber à 0,8  % seulement en  2018, contre 1,5  % l'an passé, selon le Fonds monétaire international.
Faible taux de chômageC'est dire si le pays du Soleil-Levant fait figure d'exception en Asie-Pacifique, où la croissance devrait atteindre 5,4  % cette année. Comme les autres économies avancées, il affiche un PIB par habitant deux ou trois fois plus élevé que celui des pays en phase de rattrapage, comme l'Inde et la Chine, mais son potentiel de croissance future est plus limité. Et le vieillissement accéléré de sa  population n'arrange rien : la pénurie de main-d'œuvre commence à se faire sentir dans nombre de secteurs.
En outre, le faible taux de chômage masque la précarisation du marché du travail, où foisonnent les postes à temps partiel et peu rémunérés. Le développement de ces emplois de mauvaise qualité pèse sur l'évolution globale des salaires. Dans les PME, les rémunérations sont au point mort depuis des années. Certes, elles augmentent de 2  % par an depuis 2014 dans les grandes entreprises, mais cela reste trop peu au regard du plein-emploi. Trop peu, surtout, si le pays veut définitivement tourner la page de la déflation, ce -cercle vicieux où la baisse des prix et des salaires tire l'ensemble l'économie vers le bas.
Le 26  décembre, Shinzo Abe a exhorté les entreprises à " augmenter les salaires de 3  % ou plus au printemps ", afin de participer à l'effort collectif. Mais même si certaines répondent à l'appel, pas sûr que les prix, eux, repartent à la hausse. Les entrepreneurs, qui ont adapté leurs stratégies commerciales à la déflation des deux dernières décennies, peinent à changer leurs habitudes. Beaucoup redoutent de perdre leurs clients s'ils touchent aux étiquettes…
Cela complique la tâche de la BoJ. En dépit des mesures expansionnistes déployées depuis 2013 pour relancer le crédit, l'investissement et les prix, l'inflation ne rejoindra pas la cible de 2  % qu'elle s'est fixée avant 2019 ou 2020, selon ses propres estimations. En attendant, les politiques monétaires et budgétaires de relance nourrissent la formation de bulles sur les marchés et gonflent la dette publique, qui culmine déjà à 240  % du PIB. " Ce n'est pas tenable : il sera très dif-ficile d'éviter une crise future au -Japon ", prévient Patrick Artus, économiste chez Natixis.
Marie Charrel
© Le Monde

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