samedi 28 octobre 2017

La CIA garde ses secrets sur la mort de Kennedy

28 octobre 2017

La CIA garde ses secrets sur la mort de Kennedy

Trump a renoncé in extremis à laisser publier toutes les archives sur l'assassinat du démocrate

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Le grassy knoll n'a pas livré ses secrets. Dans le jargon des complotistes, ce talus de Dealey Plaza, sur le parcours du cortège de John F. Kennedy à Dallas (Texas), est l'endroit d'où aurait tiré le véritable assassin du 35e président américain, le 22  novembre 1963. Le 26  octobre, les historiens, les experts et les millions d'Américains qui ont un avis sur l'assassinat, et qui attendaient la publication d'archives, ont été déçus. S'il y a eu rebondissement, il ne s'est pas produit là où on l'attendait.
La journée s'annonçait historique : après vingt-cinq ans d'attente, 3 100 documents sur l'assassinat, jugés trop sensibles pour avoir été publiés plus tôt, allaient être mis en ligne. Dans la presse, l'excitation était à son comble depuis que Donald Trump avait indiqué qu'il ne s'opposerait pas à leur publication à la date limite du 26  octobre, conformément au calendrier prévu par la loi de 1992 sur les documents liés à l'assassinat.
Selon le journal Politico, Mike Pompeo, le chef de la CIA, avait demandé au président de garder certaines pièces sous scellés, sans succès. M.  Trump n'avait aucune raison de déplaire à sa base, qui brûle d'en savoir plus sur l'affaire, pour faire un cadeau à la CIA qui vient encore de rappeler le rôle qu'a joué la Russie dans son élection.
Les historiens avaient modéré les attentes. Sur la foi d'entretiens avec des membres de la commission ayant établi le protocole de publication en  1998, la plupart avaient prédit que rien ne permettrait d'enterrer le soupçon – que partagent plus de la moitié des Américains – que le tireur, Lee Harvey Oswald, assassiné deux jours après la mort de JFK, n'avait pas agi seul. En revanche, affirmaient-ils, les documents donneraient un éclairage inédit sur ce que savait la CIA du voyage de six jours d'Oswald à Mexico, où il avait rencontré des intermédiaires cubains et soviétiques, deux mois avant le déplacement fatal de JFK au Texas.
" Pas le choix "Mercredi, M. Trump procédait encore, sur Twitter, à son exercice de teasing quotidien : " La publication longuement attendue des dossiers JFK va avoir lieu demain. Tellement intéressant ! "
Les documents étaient si " intéressants " que, quelques heures avant l'expiration du délai légal, la commission des archives a fait savoir que seuls 2 800  d'entre eux seraient publiés ; le reste ferait l'objet d'une nouvelle révision de cent quatre-vingts jours. Une décision du président, prise sous la pression de la CIA mais aussi du FBI. " Je n'avais pas le choix ", a justifié Donald Trump, évoquant le risque de " dégâts potentiellement irréversibles pour la sécurité nationale ".
A l'université de Virginie, le professeur et spécialiste de JFK Larry Sabato avait réuni quatorze étudiants, prêts à se précipiter sur les documents. Mais ils ont dû déchanter. " Le gouvernement a eu vingt-cinq ans – et une date limite – pour préparer la publication. Le délai est arrivé. Et c'est le chaos ", s'est-il désolé.
Quant aux complotistes, qui, par définition, ne croient ni à la pagaille ni à la désorganisation, le retard n'a fait que relancer leur sentiment que la CIA avait quelque chose à cacher et qu'il y  avait anguille sous le grassy knoll.
Corine Lesnes
© Le Monde

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