samedi 10 novembre 2012

Afrique du Sud: Lybon Mabasa, (SOPA) s'exprime sur la repression contre les grévistes de MariKana.


Afrique du Sud: Lybon Mabasa, (SOPA) s'exprime sur la repression contre les grévistes de MariKana.

lu sur le blog de l'E.I.T

Lors d’une audience de la commission officielle qui enquête sur ce qui s’est passé à Marikana, la semaine qui vient de s’écouler, a été exposé un courrier électronique signé de Cyril Ramaphosa (1), envoyé à la veille du massacre du 16 août aux autorités et à la police. Dans ce courrier, cet ancien responsable du syndicat et toujours responsable de l’ANC, a demandé à la police, au ministre et à la multinationale elle-même d’entamer des « actions concertées » pour rétablir l’ordre contre les actes « criminels » des grévistes. Et c’est à ce moment-là que la police est arrivée, a tiré et a assassiné une quarantaine de mineurs.

Juste après l’assassinat des mineurs de Marikana, Julius Malema (2) a pris la parole à Marikana, devant les mineurs, et a dit :
« C’est Cyril Ramaphosa qui a donné l’ordre de les assassiner. » Au moment où il a dit cela, les gens se disaient : « Comme il vient de l’appareil de l’ANC, il doit savoir de quoi il parle. » Mais ils se demandaient finalement d’où venait cette information. Or cette information a été confirmée par le document remis à la commission d’enquête dont je viens de parler.
Cyril Ramaphosa est en quelque sorte un symbole d’un processus qui a amené les mineurs à perdre confiance dans ce qui était leur syndicat traditionnel, le NUM. Ils considèrent que ce syndicat a renoncé à combattre et négocier sur la base des revendications des travailleurs. Je voudrais rappeler que le NUM a officiellement déclaré que la revendication des mineurs de Marikana, à savoir la revendication d’un salaire mensuel de 12 500 rands (1 250 euros) était « excessive », qu’il fallait s’en tenir au salaire actuel de 400 à 500 euros.
Les dirigeants du NUM ne prennent même pas en compte le fait que la multinationale Lonmin, celle qui possède les mines de Marikana, a réalisé l’an dernier un profit de 9,6 milliards d’euros. N’importe quel travailleur, même s’il n’a pas beaucoup d’éducation, sait qu’un milliard, c’est mille millions. Et les dirigeants du NUM sont arrivés à un tel stade qu’ils ont dit qu’ils ne s’adresseraient aux travailleurs qu’à condition d’être accompagnés par la police, qu’ils n’adresseraient la parole aux mineurs qu’à condition d’être protégés par les barrages de police. Il y a quelques semaines par exemple, les travailleurs ont dit au président du NUM : tu es l’un des nôtres, viens discuter avec nous. Et le président est resté planqué derrière les cars de police. 
Quarante-cinq mineurs noirs ont été assassinés à Marikana, par un gouvernement en principe noir. Un gouvernement de l’alliance tripartite, au pouvoir depuis 1994, composée de l’ANC, de la Cosatu et du Parti communiste (SACP). Ils ont été assassinés parce qu’ils ont osé formuler leurs revendications : de meilleurs salaires, des conditions de vie meilleures, avoir l’eau courante, des toilettes… Et la seule réponse qui leur est apportée, c’est la répression brutale. Après Marikana, le gouvernement s’est immédiatement lancé dans une campagne de propagande. Ils ont dit que les travailleurs avaient été assassinés parce qu’ils attaquaient la police. Et maintenant, les preuves ont été apportées que quinze d’entre eux ont été fusillés dans le dos. Pour quinze autres, les preuves ont été apportées qu’ils ont été assassinés de face, alors qu’ils avaient les mains en l’air. En réalité, ils ont été assassinés parce que ceux qu’ils considéraient comme leurs camarades ont dit que la police devait tirer et les assassiner. C’est un meurtre de sang-froid, simplement.
Malgré cela, les travailleurs n’ont été ni brisés ni défaits. Ils n’ont pas baissé les bras. Et ils ont refusé de retourner dans les mines. Ils ont constitué des comités pour formuler leurs revendications. Nous avons, pour notre part, apporté un soutien inconditionnel à leurs revendications. Julius Malema a fait de même. Il a apporté un soutien inconditionnel aux mineurs et au mot d’ordre que nous avons défendu depuis le début, c’est-à-dire la nationalisation des mines, qui doivent être la propriété du peuple d’Azanie, mais qui sont aujourd’hui la propriété de compagnies étrangères.
Après l’assassinat des mineurs de Marikana, il a fallu plusieurs semaines avant que la multinationale Lonmin accepte une augmentation de 19 % des salaires, c’est-à-dire 500 euros de moins que ce qu’ils revendiquaient. Après que Lonmin a dû céder ces augmentations, à nouveau, le syndicat officiel a dit : non, ces revendications sont exorbitantes, la compagnie a tort de céder à ce point. Ils ont dit aux mineurs grévistes : vous êtes en train de remettre en cause les accords sur lesquels, nous, nous négocions.
Et le gouvernement lui-même a condamné cet accord en disant : il ne faut pas signer des accords de ce type parce que les mines vont fermer et les compagnies vont quitter l’Afrique du Sud. Pour notre part, le Socialist Party of Azania, nous avons dit : mais si les patrons des mines veulent s’en aller, qu’ils s’en aillent, et que les mines  soient nationalisées !
Après Marikana, tout le secteur minier s’est mis en grève. Dans une mine qui appartient au trust le plus important au plan mondial, Amplats, 15 000 mineurs se sont mis en grève et ont chassé les représentants du NUM en disant : on ne veut pas de vous pour représenter nos revendications, on va le faire par nous-mêmes !
Dans une autre grande mine, il s’est passé le même scénario. Les travailleurs se sont mis en grève et ils ont dit : on ne veut pas du NUM comme représentant, parce qu’il est en collusion avec les patrons. Et ils ont constitué leur propre comité.
Il faut rappeler que juste après le massacre de Marikana, le gouvernement a fait arrêter au moins soixante-dix-huit mineurs. Ils ont été mis en examen et accusés d’assassinat, c’est-à-dire qu’ils ont été accusés, en quelque sorte, de s’être assassinés eux-mêmes !
Au bout du compte, ces camarades ont été libérés, parce qu’évidemment, c’était un non-sens de prétendre qu’ils étaient responsables de l’assassinat de leurs propres camarades.
Je dois vous apporter ici nos remerciements, parce que s’il n’y avait pas eu la campagne internationale dont l’Entente internationale des travailleurs et des peuples a pris l’initiative, pour la libération de ces camarades emprisonnés, il est probable qu’ils croupiraient encore en prison.
Aujourd’hui, il se passe autre chose : après avoir libéré ces soixante-dix-huit mineurs, ils arrêtent de manière sélective les dirigeants des comités de grève, et les inculpent sous des motifs divers, y compris pour assassinat. Parce que la crainte de ce pouvoir, c’est que le NUM s’effondre et que son influence parmi les mineurs s’effondre. Lors du congrès de la Cosatu, qui a eu lieu il y a quelques semaines, le NUM revendiquait 500 000 membres. Si personne ne peut contester que le NUM a été naguère un syndicat lutte de classe, un syndicat combattant, il est clair aujourd’hui que le NUM a trahi les travailleurs. Et, très massivement, en raison de cette trahison, les mineurs ont quitté le NUM. Ils ont rejoint le nouveau syndicat qui s’est constitué dans les derniers mois, l’AMCU, et, aujourd’hui, on peut considérer que le NUM ne compte pas plus de 50 000 adhérents. En réalité, les dirigeants  du NUM sont aujourd’hui victimes du même rejet que celui qui a frappé naguère la centrale syndicale TUCSA (3), qui avait été constituée par le régime de l’apartheid, parce que les travailleurs ont la capacité de déterminer dans quelle direction ils estiment que leur lutte doit s’orienter. Si le NUM veut survivre, il lui faudra prendre la voie de l’indépendance vis-à-vis des patrons, du gouvernement et de l’impérialisme.
Le président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a convoqué un « sommet social » où il a invité des représentants du grand capital, des représentants du NUM, du Parti communiste, de l’AMCU, et le gouvernement a dit : maintenant, trop c’est trop ; trouvons une solution de bon aloi, mais que les grévistes retournent au travail. Mais les travailleurs ont rejeté ce sommet  social.
Samedi 27 octobre, les dirigeants du NUM et de la Cosatu ont tenté de reprendre l’initiative. Ils ont dit : nous allons récupérer le terrain qui a été perdu. Ils ont organisé un meeting de masse dans un stade, dans la grande région minière de Rustenburg (là où se trouvent de nombreuses mines, dont celle de Marikana). Le programme de ce meeting de masse prévoyait des prises de parole du secrétaire général de la Cosatu, Zwelinzima Vavi, d’un dirigeant du NUM et du secrétaire général du Parti communiste d’Afrique du Sud. Mais quand ils sont arrivés, il y avait dans le stade plus d’un millier de mineurs qui portaient des tee-shirts  noirs sur lesquels il était écrit : « Souvenez-vous de Marikana ! », « Nous voulons des salaires décents ! » Les  mineurs disaient :« Nous voulons la nationalisation des mines. »
La police est intervenue pour les chasser du meeting, de manière à ce qu’il puisse se tenir. Au bout du compte, le meeting a eu lieu, sous protection policière, dans un stade désert, devant une assistance de 500 à 600 personnes venues par bus de Johannesburg, alors que des centaines de milliers de mineurs vivent dans la région de Rustenburg.
Les travailleurs sont plus déterminés que jamais à poursuivre cette lutte et ils sont ouverts à recevoir le soutien de tous ceux qui, dans le pays, sont prêts à le leur apporter, et qui considèrent, comme eux, que cette grève est aujourd’hui une épreuve de force centrale pour toute la situation et tout l’avenir de notre pays.
Les instruments du gouvernement et des dirigeants du NUM sont la répression et la terreur. Des milliers et des milliers de mineurs ont été lock-outés et expulsés des mines, là où la grève a éclaté. Chaque jour, les dirigeants des comités de grève sont arrêtés.
NOUS EXIGEONS :
  • la réintégration de tous les mineurs qui ont été   expulsés de leur poste de travail ;
  • la satisfaction de toutes leurs revendications ;
  • la libération inconditionnelle de tous les mineurs arrêtés.
Nous demandons que soient abandonnées toutes les charges qui pèsent sur eux. Et plus que tout, nous disons : nationalisation immédiate de toutes les mines d’Afrique  du Sud !
La lutte continue !
(1) Cyril Ramaphosa a été l’un des principaux fondateurs du syndicat des mineurs NUM. Il est aujourd’hui à la fois membre du comité central de l’ANC, membre du conseil d’administration du groupe minier Lonmin (groupe auquel appartient la mine de Marikana), dont il possède 15 % des parts, grâce à quoi il est devenu millionnaire.
(2) Julius Malema est l’ancien dirigeant de l’organisation de jeunesse de l’ANC. Il en a été exclu il y a deux ans, notamment parce qu’il se prononçait pour la nationalisation des mines.
(3) Confédération « syndicale » constituée au début des années 1970 par le régime raciste de l’apartheid pour en être sa vitrine syndicale à l’échelle internationale, largement rejetée par les travailleurs noirs à partir de la grande grève des ports et docks de Durban, en 1973.
Troisième liste de signataires :
Allemagne Heiner Becker (Groupe d'Etudes Internationales du GEW (Syndicat de l'Enseignement et des Sciences)-Hesse, Union locale du GEW Frankfort/Main);Lothar Ott (Groupe d'Etudes Internationales du GEW -Hesse, Union locale GEW Frankfort/Main, Elu local SPD); Maurella Carbone (Groupe d'Etudes Internationales du GEW - Hesse, Groupe pour les migrants Syndicat GEW);Ingeborg Konradi (Groupe d'Etudes Internationales du GEW - Hesse – Union locale Main-Taunus); Bernd Vogler (Groupe d'Etudes Internationales du GEW - Hesse, Professeur en lycée professionel); Christiane Treffert (Conseillère du Personnel auprès des institutrices Frankfort/Main, Union locale du GEW); Ernst Olbrich (Union locale du GEW) Frankfort/Main); Thomas Sachs (Union locale du GEW) Frankfort/Main ); Valentin Wiedeman (Union locale du GEW) Frankfort/Main); Henrich Zorko (Union locale du GEW) Frankfort/Main); Hanne Hirn (Union locale du GEW) Frankfort/Main); Andrese Sadiku, étudiant, Frankfort/Main. Australie Debbie Brennan, Radical Women. Bangladesh Rafiq Uzzaman. Président du Parti Ouvrier Démocrate ; Zakir Hossain . Secrétaire du Parti Ouvrier Démocrate ; Mujibor Rahman. Membre du comité central du Parti Ouvrier Démocrate ; Sanzeed Hossain :Membre du comité central du Parti Ouvrier Démocrate ; Shamim Ara : Membre du comité central du Parti Ouvrier Démocrate Belgique Loix Rosette, citoyenne, artiste, membre d’ATTAC BrésilAlda Lúcia Fernandes dos Santos, Président, au nom de la direction du Sindicato do Metroviários de Belo Horizonte Etats-Unis Schuyler Kempton, : Editeur de The Hudson Valley Radical, New York ; Charles R. Powell, Les Anciens Combattants Pour la Paix, Donald & Sally-Alice Thompson Section d' Albuquerque, Nouveau Mexique ; Anne Slater, Organisatrice nationale de Radical Women, Section des USA ; Kathy Black, Présidente de la Coalition des Travailleuses Syndicalistes de Philadelphie (CLUW) ; Carl Finamore, Délégué à l'Union Locale AFL-CIO de San Francisco du syndicat des Employés du Transport Aérien, section locale 1781, IAMAW ; Andy Griggs, Los Angeles ; Olivia Lichterman, Socialist Organizer, Les Etudiants pour une Université Démocratique, Berkeley France Clozier Pierrette, médecin et syndicaliste ; Serge Adelise, militant du POI ; Alice Bourgeois, artiste plasticienne ; Donna Kesselman, professeur et syndicaliste universitaire ; Jean-Luc Maurier, militant syndicaliste Gabon Joseph Mengara, Union des travailleurs du Gabon (UTG) Grande-BretagneGlenroy Watson Président de la section 543 du syndicat des cheminots -RMT , Secrétaire Général de la section Britannique du Congrès mondial africain David Halpin Chirugien à la retraite ; Dr S.E. PerrigUniversité de BradfordJohn Calderon section du Labour Party de Hackney North , syndicaliste Unison, responsable d'association de locataires ; Helen Peters Open University ; Jeanette Findlay Université de Glasgow, secrétaire de la section du syndicat UCU Julie Turnell syndicat de l'enseignement supérieur UCU ; David Maslin, Chercheur Université de Wolverhampton ; Henry Mott secrétaire de la section du syndicat Unite de la ville de Southwark ; Dr S.E. PerrigoUniversité de BradfordMatt Well responsable à l'organisation de la section Defra Southern du syndicat PCS ;Dr Michael Loughlin université de Manchester, syndicat UCU;Robert Brinkworth syndicat des pompiers FBU ; Julia Simpkins secrétaire de la section du syndicat enseignant - NUT -de la ville de Bolton ; John Weeks, Professeur Emérite Université de Londres ; Professeur Carolyn kagan, Université de Manchester syndicaliste ; Graham Bash syndicat des postiers ;Barbara Lowereprésentant des travailleurs noirs de la section Unison d'Islington ; Jim Hollinshead Université John Moore Liverpool , syndicat UCU ; Sean Fox co-secrétaire de la section UNISON de Haringey ; Fiona Monkman Présidente de la section Unison de la ville d' Islington ; Paul Hudson universitaire retraité ; Cliffe ObasekiUnison Islington ;Alex Wood délégué du personnel unison Islington ;Audrey RileyUnison Islington ; Professeur Russ Bowman section des retraités du syndicat UCU de l'Université d' East Midlands ; Professeur Andrew KnappUniversité de Reading ; Martha Wörsching Université de Loughborough ;Catherine West Conseillère Municipale, Secrétaire du Groupe Labour Ville d' Islington ; Andrew Berry Unison Islington ; Diana James unison Islington ;Mark Hollinrake PCS/Unite ; Peter Hughes Université du Middlesex ; Bahadur Najak syndicat de l'Enseignement supérieur UCU ; Diana Leach Unison Brighton ;Janet Burgess Conseillère Municipale Islington ; Wally Burgess Unison Islington ;Dean Ryan Unison Islington ; Felicity Dowling section du syndicat enseignant - NUT - du Cheshire West ; Geraldine Grizzle Unison Islington ; Denise FaceyUnison Islington ; Keith Facey UnisonIslington; Rosemary Plummer Unison Islington ; Jenny Densham Unison Islington; Eric Hill Unison Islington; Greg Jone section du syndicat enseignant - NUT - du comté du Leicestershire HongrieAntal Jeschitz Maroc Adel Bouhouch, militant syndicaliste Union Marocaine du Travail Russie Olga Viktorovna Ivanova, journaliste ; Anastasia Khroustalnaïa, militante sociale, Perm ; Boris Kagarlitsky, directeur de l’Institut de la mondialisation et des mouvements sociaux (IGSO) Suède Bengt Silfverstrand, conseiller municipal Social-Démocrate; ex-membre du Parlement et de la Direction Nationale du parti ; Jan-Erik Gustafsson, syndicaliste, membre du syndicat des fonctionnaires, The Union of Civil Servants Suisse Coline de Senarclens, Chargée de communication Parti socialiste Ville de Genève ; Laurence Fehlemann-Rielle, Secrétaire générale de la FEGPA, Conseillère municipale de la Ville de Genève ; Sylvain Thevoz, Conseiller municipal socialiste en Ville de Genève ; Dr Jean-Charles Rielle, médecin diplômé de santé publique, ancien conseiller national PSS ; Roberto Barazini, conseiller municipal et président PS Ville de Genève ; Albert Anor, syndicaliste enseignement, membre du PS ; Georges Meylan, syndicaliste voirie, membre du PS ; André Schlüssel, botaniste et syndicaliste, membre de l’OST ; Cédric Vincensini, syndicaliste services publics, membre de l’OST ; Claudio Barriera, syndicaliste vente, membre de l’OST ; Michel Zimmermann, assistant parlementaire, membre du PS ; Samuele Torrini, syndicaliste assurances, membre de l’OST ; Alexandre Anor, retraité membre du PS.

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