vendredi 26 décembre 2025

VU DU DROIT - Naissance du Christ, chute de l’URSS, d’un 25 décembre à l’autre (1e partie) - Vendredi 26 décembre 2025

 

Du plus loin que je me souvienne, Noël a toujours été quelque chose d’important. Au début c’était la fête du petit Jésus, la nativité prenant le pas sur tout le reste. Au point que pour expliquer la féerie des cadeaux aux petits-enfants, étant une idole païenne, le Père Noël était exclu. C’était le petit Jésus lui-même qui les apportait la nuit, sans avoir besoin de passer par la case cheminée. Et le fait qu’il m’offre à l’occasion des maquettes de char AMX, de Jeep et autres engins blindés mortifères ne me troublait pas, au contraire. Une fois le complot parental et la fable éventés, il fut question de respect des traditions, avec des cadeaux certes, mais la commémoration de la naissance du Sauveur restait primordiale. Cela changea un peu par la suite, avec la sécularisation de la fête. Saint-Paul, théologien génial, et véritable fondateur du christianisme nous a appris que « l’événement Christ », c’est-à-dire la victoire sur la mort, ne se prouvait pas. C’était de l’ordre de la foi, une grâce quoi. Le problème, c’est que quand la question de la preuve te semble importante, tu as vite fait de te retrouver sur les positions de Simon Laplace le grand mathématicien. Il avait remis à Napoléon un traité de mécanique céleste et lorsque celui-ci, après lecture, lui fit remarquer, « je n’ai pas vu Dieu dans tout cela », il répondit « je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse ». Matérialisme philosophique oblige, ce fut mon cas, l’hypothèse devint inutile et la foi disparut.

Restait la culture, cela tombait bien, j’en avais une connaissance assez approfondie et que des bons souvenirs, à la fois des enseignements et de la pratique. Évidemment comme tout le monde, et comme l’a chanté Brassens, je m’emmerdais à la messe. Qu’elle fut d’ailleurs célébrée en latin ou pas. Alors, je me contentais, par respect pour les morts, de me rendre à celles qui accompagnaient les obsèques, et par affection pour les vivants aux quelques cérémonies de mariage qui avaient réussi à échapper aux ravages du divorce de masse. Cela n’empêcha pas un journaliste paresseux de me qualifier « d’avocat catholique bien connu » pour avoir pris publiquement la défense d’un prélat harcelé par les médias. Quelqu’un lui fit drôlement remarquer qu’il avait manifestement confondu Peppone et Don Camillo. Restait le goût prononcé pour la musique religieuse, et la passion pour Jean-Sébastien Bach son maître absolu. La pirouette fournie par Cioran réglait élégamment le problème : « s’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu… »

C’est ainsi que Noël a toujours quand même conservé sa place essentielle. Et dans la maison de mécréant qui était la mienne, au pied du sapin, soigneusement installée, il y a toujours eu une crèche. Ce fut encore le cas cette fois-ci.

Un autre événement d’une tout autre nature, mais qui eut son importance s’est déroulé un 25 décembre. En 1991 à Moscou en fin de journée, des gardes sont montés sur le toit du Kremlin, pour descendre le drapeau rouge frappé de l’emblème de la faucille et du marteau. Mettant ainsi fin à l’URSS après 70 ans d’existence. Ce fut un événement d’une énorme portée historique, qui mit fin à ce qui fut la grande passion du XXe siècle, passion que l’auteur de ces lignes a partagée. Ce fut un moment étrange, que ce triomphe sans mesure de l’Occident, mais qui fut aussi pour des millions d’hommes une défaite, ou en tout cas une espérance évanouie. Comme Nanni Moretti le faisait dire à un personnages d’un de ses film, à propos de ces « hommes rouges », ces orphelins d’utopie, qui voulurent que ceux qui n’étaient rien soient tout : « ils étaient formidables mais ça n’a pas marché ».

L’algorithme du réseau Facebook que l’on sait taquin m’a mis sous les yeux, un « souvenir » comme il dit. Publié il y a cinq ans, le 25 décembre 2021 pour le 30e anniversaire de la disparition de l’Union soviétique. J’y disais :

« Laisser du temps au temps.

En 1965 au grand dam des Américains, de Gaulle avait reconnu la Chine de Mao comme seul État chinois. Il envoya André Malraux à Pékin qui rencontra Mao et Zhou Enlai. À ce dernier au cours d’un entretien, il demanda ce qu’il pensait de la Révolution Française. Zhou répondit : « il est trop tôt pour en parler ». La disparition de l’URSS le 25 décembre 1991, c’est la même chose. Sinon on risque de dire des bêtises. »

Mais après le 25 décembre 2021, il y a eu le 24 février 2022, en forme d’étincelle qui a mis le feu à la plaine. L’Histoire s’est accélérée, Xi jinping disant le 22 mars 2023 à Vladimir Poutine sur le perron du Kremlin « En ce moment, il y a des changements que nous n’avons pas vus depuis 100 ans — et nous sommes ceux qui conduisent ces changements ensemble. »

Le temps est peut-être venu d’en parler.

À suivre…

Avant de partir, merci de m’offrir un café.

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