Cette gazette vous plaît ? Transférez-là à votre carnet d’adresses… Ils vous remercieront et nous aussi. | | Irina Dubois s’est rendue en Russie pour interroger, une heure durant, le ministre des Affaires étrangères russe. Qu’une telle démarche suffise à lui valoir l’accusation de « prorusse » démontre l’incapacité de l’Occident à comprendre le fondement des négociations diplomatiques, à savoir tenter de saisir le point de vue de l’adversaire. C’est d’ailleurs la principale critique qui ressort chez Sergueï Lavrov dans son interview : « Aujourd’hui, tous les espoirs de relations normales avec l’Europe ont disparu. ». Irina Dubois, de son côté, confirme qu’en discutant avec les élites russes, elle a senti que cette rupture n’était pas qu’un discours officiel. Il s’agit désormais d’un état d’esprit profond, presque irréversible, qui structure la vision russe des Européens. Ce revirement s’appuie sur des faits incontestables, que Lavrov décrit comme un « cynisme sophistiqué » des Occidentaux dans leur manière de traiter le droit international, et plus particulièrement l’épisode des négociations de paix d’avril 2022. Il affirme qu’un projet d’accord « paraphé » par Volodymyr Zelensky à Istanbul, qui aurait pu mettre fin aux combats dès le printemps, avec le maintien sous souveraineté de Kiev de territoires que l’Ukraine est aujourd’hui en train de perdre, a été torpillé par les Occidentaux. Selon lui, c’est l’intervention directe de Boris Johnson qui aurait « interdit » à Volodymyr Zelensky de signer ce texte. Une responsabilité qu’il conviendra de garder en tête au moment de dresser le terrible bilan de cette guerre fratricide. Autre fait rappelé par Lavrov, et qui témoigne du rôle de l’Occident dans le déclenchement de la guerre : dans le cadre de l’OSCE (Charte d’Istanbul 1999, Astana 2010), les États signataires s’étaient engagés sur des principes de sécurité mutuelle, avant que l’OTAN ne soutienne par la suite une politique d’élargissement à l’Est, en complète contradiction avec cet esprit. Lorsque la Russie a invoqué le respect de ces textes, la réponse qui lui a été faite est qu’il ne s’agissait que « d’engagements politiques, pas juridiques », ce que Lavrov désigne comme une manière très calculée de se dédouaner des promesses non tenues. Invité à réagir à chaud, Régis de Castelnau ne s’est pas fait prier pour affirmer que l’UE et les États-Unis avaient perdu toute crédibilité juridique aux yeux du reste du monde. Les accords de Minsk, pourtant validés par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, n’ont jamais été appliqués de bonne foi, plusieurs dirigeants européens, dont François Hollande, reconnaissant a posteriori qu’ils n’y voyaient qu’un moyen de gagner du temps, et non un véritable chemin vers la paix. Ce phénomène se traduit aussi à travers la remise en cause des limites militaires imposées à l’Allemagne par le traité 4+2, alors même que Berlin annonce désormais viser « la première armée d’Europe ». Conclusion acide : si l’Occident a fait du droit un outil à géométrie variable, il ne faut pas s’étonner que le reste du monde ne nous croie plus et que, progressivement, l’Histoire se fasse sans nous. |
|
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire