Notre alimentation est directement liée à ce que nous cultivons. Le blé et le riz sont deux céréales qui constituent la base nutritionnelle en Occident et en Asie respectivement. Or, elles ne façonnent pas seulement les paysages, mais elles marquent aussi profondément les civilisations : elles provoquent des divergences culturelles, politiques et économiques. Le blé et le riz sont les céréales (de « Cérès », la déesse latine des moissons) à la base de notre nutrition. Elles sont cultivées dans des régions bien distinctes : le riz a besoin d'avoir les pieds dans l'eau et un climat chaud, quand le blé demande un environnement tempéré, des saisons découpées et des sols drainés. Une inondation est une calamité pour le blé, qui pourrit, alors qu'elle triple le rendement d'une rizière... Autre différence capitale pour l'humanité : le riz génère deux fois plus de calories sur une surface équivalente. Les conséquences sont structurantes pour les civilisations : une communauté cultivant le riz a besoin pour se nourrir de deux fois moins d'espace qu'une société consommant du blé... D'où une densité de population pouvant être beaucoup plus élevée, et moins d'incitation à agrandir son territoire. Mais s'occuper d'une rizière demande beaucoup de travail toute l'année, de la préparation des parcelles, les semis, le repiquage, l'irrigation jusqu'à la récolte ! Et il n'y a pas de flexibilité : chaque tâche doit être effectuée pendant des périodes très précises, sous peine de perdre toute la récolte. La conséquence sociétale : les communautés rizicoles (principalement asiatiques) sont très coopératives, car les villageois ont l'obligation de s'entraider pour le repiquage et la récolte. Les communautés cultivant le blé (occidentales, par exemple) ne sont soumises à cette pression que pendant la moisson, une fois dans l'année. Une divergence politique La culture de blé ne requiert pas d'infrastructure lourde et partagée pour l'irrigation. Il en résulte une plus grande indépendance des familles de fermiers en Occident. D'où le développement de régimes décentralisés – comme la féodalité au Moyen Âge. À l'inverse, la Chine a fait face à des besoins de coordination cruciaux pour gérer l'irrigation et synchroniser le repiquage, sans compter les travaux de terr… Ludovic Lavaucelle |
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