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dimanche 3 août 2025

Rue89 avec L'OBS - Pourquoi faire ma valise est-il source d’angoisse ? Dimanche 3 août 2025

 



Dimanche 3 août 2025

Pourquoi faire ma valise est-il source d’angoisse ? Je me suis posé la question en regardant les piles de vêtements qui s’amoncellent au milieu de mon salon – ces débardeurs et robes estivales que j’ai posés là depuis deux semaines, pour être certaine de ne pas les oublier. Une technique, certes assez envahissante, mais qui a le mérite de faire taire la petite voix intérieure me rappelant aux moments les moins opportuns (dans le métro ou quand j’essaie de m’endormir) de bien penser à prendre la jupe bleue avec des poches (oui, celle que je n’ai mise que deux fois parce qu’elle me serre un peu, mais sait-on jamais…).

Du plus loin que je me souvienne, le rituel des valoches a toujours été chez moi l’occasion d’un riche théâtre émotionnel. Sans doute parce que mes parents s’engueulaient les veilles de départ : mon père assurant que la valise XXL de ma mère ne rentrerait pas dans la voiture ; ma mère refusant catégoriquement d’en retirer le moindre paréo… Aussi parce que je garde un souvenir cuisant de mes premiers grands voyages, où mon sac à dos, deux fois plus volumineux que ceux des copains, subissant les moqueries des cool kids qui, eux, savaient voyager léger. Aujourd’hui encore, j’aimerais tant être cette femme insouciante et libre, qui n’a besoin que d’un bikini et d’un bon bouquin, pour profiter des congés payés.

Mais non, chaque année, c’est le même cirque : je fais ma valise une première fois en prenant soin d’y déposer des tenues pensées à l’avance, en fonction d’une météo que j’imagine délicieusement estivale. Elle est déjà pleine à craquer quand, après réflexion, j’y ajoute des pulls, des pantalons et des baskets. A ce stade, je ne peux pas la fermer ; alors, après une intense prise de tête, je retire deux tee-shirts – ce qui ne change rien, mais me donne bonne conscience.

Or, très vite, je les remets, parce que c’est dommage : ce n’est pas au boulot que je pourrai porter ce vieux débardeur Bob Marley, ridiculement vintage. Je m’assois sur la valise et, miracle, elle ferme. On pourrait croire que l’épreuve est passée, mais, soudain, je réalise mon erreur : rien de ce que j’y ai mis n’est adapté à la réalité de mes vacances J’ai encore fantasmé ma vie et conçu la valise d’une starlette en partance pour la Croisette. Trois paires de chaussures à talons, sérieusement ? Alors, avec un certain réalisme (et beaucoup, beaucoup, de résignation), j’en enlève une et ajoute des pompes de rando et un K-Way. Ce qui me sera, soyons honnête, bien plus utile…

Anna Topaloff

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