Vendredi 27 juin – #71 : Viser plus haut
BONJOUR ! PDG de Saint-Gobain, Benoit Bazin croit que l’entreprise peut apporter des voies de passage. C’est le titre de son livre-entretien avec Laurent Berger (LB&cie, l’aube, 245 pages, 23 euros). L’ouvrage approfondit bien le message porté par ce président du CAC40 sensible à l’humain, comme il le prouve chaque année lors des Trophées de l’Impact de l’Opinion. C’est au chapitre « Management, équipes, talents » que j’ai trouvé le titre de ce billet. Je le cite : « Le rôle d’un chef d’entreprise, c’est de créer une dynamique collective, et viser ensemble la médaille d’or. On n’y arrive pas toujours, mais la dynamique est là. [...] Pour y parvenir, il faut mentaliser la victoire. Notre motto olympique pour 2024, c'était d’ailleurs “viser plus haut” ».
Yes, we can. Mais attention, prévient Benoit Bazin, « viser plus haut, ce n’est pas mettre de la pression et du stress sur les équipes. C’est faire quelque chose de nouveau, reprendre un projet différemment, se lancer de nouveaux défis pour imaginer de nouveaux produits ». Il insiste : « Ce n’est pas non plus juste améliorer les résultats ou le cours de Bourse. C’est aller plus loin dans l’innovation, sur l’engagement des équipes, sur nos engagements responsables ». En clair, viser plus haut, c’est le « Yes, we can » (oui, on peut le faire) de Barack Obama.
Ambitions. De cette ambition, Benoit Bazin tire une philosophie de management. Le rôle du chef d’entreprise ? « Définir la stratégie et le récit collectif, optimiser les priorités et les équilibres de court et moyen terme entre parties prenantes et ajuster finement le moral, la confiance et le casting de l'équipe ». L’engagement des salariés ? « Il repose sur deux facteurs fondamentaux : le sens et l’autonomie ». Le collectif ? « Ce n’est pas juste une armée, tous sur le même moule. Certes, il faut un cadre collectif, mais à l’intérieur de ce cadre, il faut essayer de valoriser les complémentarités, l’envie et les talents individuels de chacun ».
Talents. Talents est un mot qui revient souvent dans la bouche du patron du leader mondial de la construction durable. « Nous accordons une attention considérable à la gestion des talents », reconnaît-il. Chaque mois, en comité exécutif, plus de deux heures sont consacrées à examiner une cinquantaine de talents clés pour chaque pays – ce sont les people reviews. Objectif affiché : accélérer le développement des meilleurs, leur proposer des expériences dans d’autres pays ou d’autres métiers pour enrichir leur parcours. Une politique qui s’inscrit dans une culture forte de croissance interne et de mobilité.
Anticiper. C’est un investissement lourds. Benoit Bazin : « Je considère que le rôle du dirigeant, au-delà de fixer le cap stratégique, est à plus de 50 % de son temps de s’occuper des talents ». Cette gestion inclut la préparation des plans de succession. A tous les niveaux, y compris le sien. « Bien avant ma nomination, j’ai commencé à me poser la question : quelles sont les deux ou trois personnes qui, dans quelques années, pourraient me succéder ? » Sur cette problématique, vous pouvez lire cette semaine l’article management du Wall Street Journal, traduit en exclu pour l’Opinion : Le secret pour fidéliser vos meilleurs employés.
Bonus. J’ai la conviction qu’alors qu’une majorité des élus et des intellectuels n’aiment pas l’entreprise, c’est pourtant une des rares institution qui apporte de la stabilité aux Français. Lisez ce qu’en dit Benoit Bazin : « L’entreprise, parce qu’elle a des moyens efficaces d’action et de décision, parce qu’elle possède une organisation qui lui est propre, a un devoir d’agir et un devoir fondamental d’unité. Une entreprise, pour fonctionner correctement, doit préserver son unité de stratégie, de pensée, de valeurs. Elle peut et doit transcender les oppositions politiques et religieuses, voire les confrontations entre les pays où elle opère. »
AH, UNE DERNIERE CHOSE ! Jeudi soir, après l'échec du conclave sur les retraites, François Bayrou a redonné quelques jours (jusqu'à trois semaines) aux partenaires sociaux pour aboutir sur l’amélioration de la réforme Borne. C’est encore flou, mais des avancées sont à attendre, entre autres pour les femmes. Il paraît qu’un accord « historique » est à portée de main. Il coûtera quand même plus d’un milliard d’euros quand le déficit après 2030 s’annonce énorme. Est-ce bien raisonnable ? A suivre.
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Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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