Début février, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau annonçait avec fierté une hausse des expulsions en 2024. Cette augmentation illustre l’impact de la loi asile et immigration qui met tout en œuvre pour expulser encore plus de personnes aux mépris de leurs droits et de leur situation personnelle notamment. Comment s’y prend-elle ?
La loi a supprimé la majorité des protections contre les obligations de quitter le territoire français (OQTF) dont pouvaient notamment bénéficier, sous condition, les personnes étrangères arrivées en France au plus tard à l’âge de 13 ans, les conjoint·e·s de Français·e·s, les parents d'enfants français ou encore les personnes malades.
En parallèle, elle a érigé la menace pour l’ordre public en principe matriciel de sa politique de contrôle de l’immigration. Cette notion floue, qui n’a jamais été définie juridiquement, est laissée à la libre interprétation des préfectures. C’est donc l’arbitraire qui règne en maître, un simple soupçon d’infraction suffisant à invoquer la menace pour l’ordre public pour placer une personne en centre de rétention administrative et l’expulser du territoire français.
Dans de nombreuses situations observées par nos équipes, les considérations d’ordre public gomment entièrement le récit d’une vie enracinée en France comme en témoigne l’exemple de Monsieur B. arrivé en France à l’âge de 8 ans. Parce qu’il a été condamné à une peine de 6 mois de prison avec sursis 4 ans auparavant, sa demande de renouvellement de carte de séjour pluriannuelle lui a été refusée par la préfecture et assortie d’une OQTF malgré le fait que Monsieur B. ait toujours vécu auprès de sa famille en situation régulière et qu’il bénéficiait d’une promesse d’embauche. Le tribunal administratif de Paris a finalement statué que la vie privée et familiale de Monsieur B. devait être prise en compte et dénoncé une erreur d’appréciation de la part de la préfecture quant à sa supposée dangerosité.
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