Que dit de nous la déprime post-vacances ? Le dos endolori par le dossier rigide d’une chaise de bureau (la toile d’une chaise longue est si ergonomique…), je réfléchissais à un mal qui a été théorisé – comme à peu près tout dans nos vies : la déprime post-vacances (ou DPV). Une lointaine cousine du blues du dimanche soir.
Si vous ne voyez pas de quel mal il retourne, laissez-moi vous éclairer. Ses symptômes ? Une irritabilité certaine, accentuée à la moindre sensation de contrainte. Le sentiment d’être aussi mou qu’une méduse échouée sur le sable chaud, fatiguée comme une cassolette de moules servie en terrasse d’une station balnéaire. Le réflexe consistant à consulter son solde de congés, dès le premier jour de la reprise, est l’un des signes qui doit alerter. Tout comme le clic compulsif sur un article suggéré par l’algorithme Facebook, le 19 août au matin : « Comment obtenir 77 jours de congé en 2025 en en posant uniquement 35. »
Sur les réseaux sociaux d’ailleurs, nombreux sont ceux à se plaindre du retour cruel à la routine, après une parenthèse enchantée. « C’est toujours un bonheur de retrouver l’ambiance tendue de l’open space après de paisibles journées de glande », observe ainsi un internaute, lucide sur sa condition. D’autres travailleurs en gueule de bois expliquent opter pour le déni, en s’adonnant activement… à la planification de leurs prochaines vacances.
Depuis mon bureau, les yeux usés par la lumière bleue, non pas de l’océan, mais d’un écran 43 pouces, j’avance trois hypothèses. La DPV peut être le simple signe de congés heureux, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. A l’inverse, elle peut être le produit de vacances ratées, pas conformes à ce que l’on avait projeté – cela arrive. A ne pas exclure : la DPV peut parfois être la manifestation d’un rapport au travail compliqué, flagrant après un temps mort propice à l’introspection.
Pour s’en prémunir, les psychologues suggèrent de prévoir une transition en douceur, de ne pas s’infliger tout de suite les dossiers pénibles, de profiter encore des beaux jours pendant son temps libre… Un internaute, plus radical, fait part de son rituel pré-reprise : chercher un autre boulot (« même si je ne me lance pas »).
Emilie Brouze
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