A partir de quand faut-il parler de féminisme à son fils ? La question est survenue un soir où mon aîné âgé de 4 ans a déclaré avec assurance : « Maman, les filles, c’est nul parce que c’est moins fort que les garçons. » Prise de court, le regard hagard, je me suis contentée de lui répondre : « Mais, maman, c’est une fille, non ? » « Oui », m’a-t-il répondu. J’ai enchaîné : « Et tu trouves que je suis nulle ? » « Non », a-t-il concédé avant de retourner vaquer à ses occupations.
« Désormais, nous savons mieux qu’il faut dire à nos filles qu’elles peuvent devenir ce qu’elles veulent – une astronaute ou une mère, s’habiller en short et baskets ou en robe de princesse. Mais nous ne faisons pas la même chose pour nos fils », lisait-on dans un article du « New York Times » de 2017. Cette analyse si juste, je l’ai prise en pleine figure. Dès lors, une seule obsession : soustraire mon enfant de toutes ces pensées très genrées.
Car oui, mon fils, tu seras féministe. Plus question de débarrasser ton assiette parce que tu dois – à l’instar de ton père – participer aux tâches domestiques ou t’entendre dire que les filles ne peuvent pas conduire de tracteur. Je te montrerai que je peux battre ton père au badminton parce que je suis juste plus forte que lui. Et puis, tu sais, tu as le droit de pleurer.
Inquiète de ne pas parvenir à infléchir ton jeune cerveau obstiné, je me suis tout de même procuré un livre sur le sujet grâce auquel les noms d’Olympe de Gouges ou Simone Veil ont été cités. Le livre en question s’adressait aux enfants « dès 7 ans ». Mais doit-il y avoir un âge minimum pour te parler de féminisme ? Puisque tu connais Jules César, pourquoi n’imprimerais-tu pas déjà quelques personnalités féminines marquantes ?
Même si d’aucuns diront que ce n’est qu’une passade, ou que c’est lié, comme l’expliquait ma consœur Nolwenn Le Blevennec, à son entrée à l’école, le risque que tu te transformes en mini-macho est bien trop grand. Puisqu’il est impossible de t’élever loin du sexisme de notre société, autant te sensibiliser dès le plus jeune âge. Récemment, nous avons regardé ensemble « Rebelle ». Certes, ce n’est pas le meilleur Disney, mais il a le mérite de montrer une héroïne qui refuse le mariage et tire bien mieux à l’arc que tous ses congénères masculins. A la fin du film, tu t’es tourné vers moi : « T’as vu maman comment elle est super forte ! » J’ai opiné. La graine du féminisme était plantée.
Louise Auvitu
« Le concept de l’allumeuse permet de court-circuiter l’idée même du consentement »
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