Vendredi 5 avril 2024 – Désirabilité
BONJOUR ! A plus de 55 ans, il faut se rendre désirable. Et d’abord dans l’entreprise. J’avance ce constat un brin désabusé. L’enquête réalisée par Review Jobs, une plateforme d’analyse d’avis de salariés, démontre – une fois de plus – le poids des préjugés. En gros, les seniors sont considérés comme compétents, soigneux, créatifs, impliqués, exemplaires... Super ! Sauf que 30 % des moins de 25 ans et 38 % des cadres interrogés doutent de leur capacité à s’adapter à leur propre entreprise ou à leur métier alors même que les sondés considèrent l’augmentation du taux d’emploi des salariés expérimentés comme un progrès !
Paradoxe. Des seniors, oui, mais pas chez nous, résume fort à propos Le Monde. Ce paradoxe est confirmé par l’APEC. Les cadres connaissent le plein emploi. La pénurie menace. A tel point que les employeurs font des concessions. Sur les salaires. Sur le recrutement des plus jeunes. Sur l’ouverture aux cadres de plus de 20 ans d’expérience. Et encore, moins dans les services à forte valeur ajoutée que dans l’industrie, un secteur délaissé. Gilles Gateau, le directeur général de l’APEC, fataliste : « La discrimination contre les seniors est une injustice, mais aussi une aberration économique ».
Facts. Je ne sais pas si les faits peuvent encore terrasser les idées reçues. Mais bon... Un exemple : si 37 % des seniors sont mal à l’aise avec les nouvelles technologies, c’est 40 % chez les salariés en général, et même 48 % chez les cadres dirigeants. Et pourtant, dans le sondage de Review Jobs, 40 % des salariés signalent un « manque d’appropriation des nouvelles technologies par les plus de 55 ans ». Désespérant...
Action. Faut-il donc attendre le recul de la population active pour un retour en grâce des plus de 55 ans ? Ou que l’Etat multiplie les contrats, règles et autres bidules au risque de mieux stigmatiser encore des salariés qui ne demandent rien d’autre que de servir leur entreprise ? Ou parier sur un changement culturel – après tout, le préfixe « senior » vaut de l’or... aux Etats-Unis ? Non, n’attendez pas. Prouvez votre utilité. Démontrez la valeur de l’expérience. Valorisez-vous. Et rendez-vous désirable, dès maintenant. Vous avez des arguments à faire valoir. J’aime bien la chute de l’article de Carole Papazian, en ouverture de cette newsletter (réservé aux abonnés) : « Entre 50 et 64 ans, il y a quatorze ans. Autant qu’entre 26 et 40 ans ! Une période qui doit être celle de carrières épanouies, de salariés préservés et de salaires suffisants. Si dès 50 ans, on est catalogué… ce sera long, très long ! »
AH ! UNE DERNIÈRE CHOSE... Syndicats et patronat avancent dans leurs négociations sur l’emploi des seniors. Les salariés que l’on désignait « en troisième partie de carrière » seront désormais qualifiés d'« expérimentés ». De même, le CDI senior devrait être renommé « contrat de valorisation de l’expérience ». C’est un début. Mais pas sûr, donc, que ce camouflage sémantique suffise à reconsidérer le regard porté en entreprise sur cette catégorie pourtant clé pour l’avenir de l'économie française...
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Bonne lecture !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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