Rue89 avec L'OBS - Dimanche3 mars 2024

 

Dimanche 3 mars 2024 Comment avoir peur dans une rue de Paris, un matin à 8h30 ? C’est malheureusement simple : il suffit d’un homme. Je l’avais repéré dès le métro. Planté devant la porte de la rame, qu’il frappait régulièrement de la tête, prêt à bondir, éructant de propos incompréhensibles. A l’arrêt Quai de la Rapée, à deux pas de la morgue de Paris, il descend, la démarche raide, mécanique, les mains dans les poches de son blouson. Je lui emboîte le pas, par hasard nous suivons le même trajet. Dès la sortie de la station, il sort les mains de ses poches, retrousse ses manches, comme prêt à en découvre avec un ennemi invisible. Je ralentis et j’entends mal ses cris, qui deviennent vite des hurlements. Je me rapproche, intrigué. « Espèce de salope, de pute, je vais te buter ! » Ce n’est pas une grande surprise mais son niveau de sa fureur est impressionnant. L’homme commence à traverser la chaussée, saturée de circulation, oblige les voitures à s’arrêter, invectivant les chauffeurs. Il revient sur le pont, s’approche du bord, se penche, continue à crier en agitant les bras vers la Seine. Etrangement, les personnes qui le croisent brièvement ne comprennent pas bien ce qui se passe car par moments il se tait, d’autres n’entendent qu’une salve d’insultes, n’y prêtent pas attention. De toute façon, dans une rue parisienne le matin à 8h30, personne n’est très attentif aux autres, chacun sa vie, le nez collé au téléphone, le casque sur les oreilles. Mais pour ceux, comme moi, qui ont repéré le comportement de cet homme dès ses premiers cris, la scène est réellement impressionnante. Quelques jours plus tôt, un homme a poignardé des passants gare de Lyon, il est impossible de ne pas y repenser. Voilà comment, après l’avoir dépassé, j’ai marché quelques minutes la trouille au ventre, regardant par-dessus mon épaule, me demandant si cet homme possédait un couteau. En l’entendant hurler une nouvelle fois « connasse, t’es morte, t’entends, t’es morte ! », j’ai aussi pensé aux femmes qui marchaient à mes côtés à cet instant-là. Fabrice Tassel

Notre Sélection

Education : ces parents qui font le choix de l’enseignement privé pour leurs enfants La sortie désastreuse d’Amélie Oudéa-Castéra, ex-ministre de l’Education nationale, au sujet de la scolarisation de ses enfants a braqué les projecteurs sur les familles qui optent le privé. « L’Obs » en a rencontré.

« A la rue, la folie vient vite, il faut rester fort psychologiquement »    Fayçal Mouaffak, psychiatre en Seine-Saint-Denis : « On me demande souvent pourquoi je reste ici »  « Un problème en entraîne un autre, et on se retrouve à la rue »    « J’ai pris un rendez-vous à la banque et je suis tombée de haut » : acheter un logement, le rêve contrarié de nombreux jeunes   Voir plus d'articles

Pouvons-nous laisser nos enfants tricher comme des affreux ? LE BAZAR PARENTAL. Certes, ça peut aider à finir une partie plus vite ou à éviter une crise mais dans le fond, est-ce bien de laisser tricher un enfant ? de s’arranger pour le faire gagner ? Renée Greusard a demandé l’avis de Béatrice Kammerer, autrice et journaliste en sciences de l’éducation. Lire

Bazar parental Pourquoi nos enfants ne supportent pas qu’on chante devant eux ? Qu’est-ce que l’infantilisme ? Et l’adultisme ? Doit-on obliger un enfant à aller se calmer dans sa chambre ? Notre journaliste Renée Greusard répond avec joie et humour à toutes les interrogations des parents d’aujourd’hui. Pour témoigner ou lui poser vos questions : temoignagesrue89@gmail.com

Nos articles les plus lus  Education : ces parents qui font le choix de l’enseignement privé pour leurs enfants    « A la rue, la folie vient vite, il faut rester fort psychologiquement »  Fayçal Mouaffak, psychiatre en Seine-Saint-Denis : « On me demande souvent pourquoi je reste ici »    « Il y a une chaîne de la misère, qui me fait très peur »

Les applis de L'Obs