La Gazette l'Univers était la très fidèle porte-voix de Notre Malveillant Paltoquet. Elle abreuvait le pays de la moindre virgule du discours impérial. Il fallait par tous les moyens empêcher ce maudit Gracchus Mélenchonus de rendre vigueur à la vieille République. Ce Sans-Culotte, ce régicide ne s'était-il pas mis en tête avec les siens- lesquels avaient reçu le prompt renfort des Jardiniers et des Rosiers- d'améliorer la vie des Riens et des Riennes, en procédant à quelques confiscations ici et quelques redistributions là ? La chose ne se pouvait tout simplement pas. Les pauvres devaient rester pauvres et même le devenir encore davantage tandis que les Riches devaient à loisir continuer de s'enrichir sans limites.
Un vieux cantateur, Monsieur du Saindoux, poussa des cris d'orfraie. Il préparait ses malles pour émigrer avec ses semblables à Coblence. On relata l'affaire à Gracchus Mélenchonus afin de le faire trembler. Le tribun ironisa gaiement, rappelant à ce monsieur du Saindoux qu'il faisait partie en quelque sorte du patrimoine de la République. Les plus vieux et vieilles d'entre les Riens et les Riennes avaient jadis guinché au son de ses beuglantes. Mais quand bien même prît-il le chemin de l'exil que le Fisc le retrouverait, dût-il aller jusqu'en enfer.
On était prévenu : soit l'on se faisait cruellement tondre à vif, soit l'on faisait de Sa Moumouteuse Altesse une plante décorative.
Texte Julie d'Aiglemont


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