mercredi 28 octobre 2020

La Tribune des Travailleurs - Le fil des informations - mercredi 28 octobre 2020

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La parole à Christophe Prudhomme « Rien n’a été fait après le pic de l’épidémie pour augmenter le nombre de lits »

Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, est porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France et syndicaliste CGT. La Tribune des travailleurs lui a demandé sa réaction aux propos du ministre de la Santé, Olivier Véran : « Nous ferons face, l’hôpital est plus solide qu’au printemps » (France Inter, 20 octobre).

« Ma réaction aux multiples déclarations du ministre ? Non, l’hôpital n’est absolument pas prêt ! Non, il n’est pas prêt, parce qu’il n’a pas la capacité de prendre en charge, aujourd’hui, en même temps, les patients habituels et les patients Covid.

La raison en est simple : rien n’a été fait après le pic de l’épidémie du début d’année pour augmenter le nombre de lits, principalement en réanimation, ce qui est une nécessité absolue. Si l’on prend simplement comme date de référence l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, 8 000 lits ont été fermés depuis et, depuis l’entrée au gouvernement de Roselyne Bachelot, le passif dû à ce gouvernement est encore plus important, car cette dernière est responsable, lors de son passage au ministère de la Santé, de la suppression de près de 40 000 lits. Beau bilan ! […]

« La raison de la crise, ce n’est pas le nombre de malades », « Déprogrammer les patients risque d’avoir des conséquences catastrophiques », « Il faut stopper la fuite des personnels, notamment en titularisant tous les emplois précaires », « Les solutions ne manquent donc pas. À nous de les imposer à ce gouvernement »
Lire, sur une page entière du journal, l’analyse de la situation des hôpitaux par le médecin urgentiste mais aussi les mesures d’urgence simples qu’il préconise et qu’un gouvernement en charge des intérêts de la population, selon lui, devrait prendre.

A-t-on le droit de ne pas hurler avec les loups ?

Par Daniel Gluckstein —

Lourde est l’atmosphère du pays dans l’attente des annonces gouvernementales. La rumeur évoque un possible reconfinement qui, même partiel, ferait retomber sur la population les conséquences de la faillite du pouvoir face à l’épidémie. Lourde aussi l’atmosphère du pays soumis à une pression grandissante pour que chacun se range derrière Macron dans sa « lutte contre le terrorisme ». 

La Tribune des travailleurs a reçu deux lettres vindicatives exigeant « une ferme condamnation du terrorisme ». Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre, pire aveugle que celui qui ne veut pas lire. Ce journal a condamné et condamne l’assassinat de Samuel Paty. Plus généralement, parce qu’il est partisan de l’émancipation ouvrière, il combat quiconque veut dresser une « communauté » (religieuse ou non) contre une autre à seule fin de diviser les travailleurs et la jeunesse. 

Pour autant, avons-nous le droit de ne pas hurler avec les loups ? Avons-nous le droit d’écrire que la catastrophe qui frappe le pays aujourd’hui, c’est la catastrophe sanitaire ? Avons-nous le droit d’écrire qu’elle ne résulte pas d’abord du nombre de malades touchés par le Covid-19, mais du manque de lits, de services de réanimation, de personnels ? Avons-nous le droit de donner la parole au docteur Prudhomme qui rappelle la promesse (non tenue) de Véran de mettre en place 12 000 lits de réanimation et qui y voit la raison première de la catastrophe en cours ? 

Trente mille personnes n’ont pu être dépistées à temps d’un cancer lors du précédent confinement : certaines le paieront de leur vie, d’autres de souffrances évitables. Et voilà qu’à nouveau on déprogramme toutes les opérations dans plusieurs régions. 

Demain, des milliers, peut-être des dizaines de milliers de personnes paieront de leur vie le refus du gouvernement, depuis huit mois, de prendre les dispositions à même de contrer la deuxième vague. Des dizaines de milliers paieront de leur vie d’avoir été victimes des choix de ce gouvernement : avoir fait voter par une Assemblée nationale unanime 343 milliards d’euros pour les capitalistes qui licencient, et pas un centime pour ouvrir les lits et les services de réanimation nécessaires. Telle est la réalité. 

Oui, la barbarie est la barbarie, et elle doit être combattue. Sous toutes ses formes. 

Il reste que, dans notre pays, l’ennemi principal des travailleurs, c’est ce gouvernement Macron-Castex au service de la classe capitaliste. C’est contre lui que le combat et la mobilisation, quelles que soient les difficultés, doivent s’ordonner dans l’unité. 

Dans cet objectif, les partis et organisations qui prétendent défendre les intérêts du peuple travailleur et incarner ses aspirations doivent rompre avec Macron. En particulier, vous, dirigeants des partis de « gauche », cessez de vous ranger dans l’union nationale derrière Macron comme vous le faites chaque fois que l’occasion vous en est fournie. Seule l’unité pour défaire la politique de Macron sauvera le peuple travailleur de la catastrophe qui vient.

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