samedi 19 octobre 2019

Réforme des retraites : le gouvernement tente d’éviter une grève générale le 17.10.2019



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Réforme des retraites : le gouvernement tente d’éviter une grève générale



La CGT, FO, la FSU et Solidaires appellent à cesser le travail le même jour que les syndicats de la RATP pour protester contre la réforme des retraites.

Par  et   Publié le 16 octobre 2019 à 18h49 - Mis à jour le 17 octobre 2019 à 12h25

Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Marseille, le 8 octobre.


Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Marseille, le 8 octobre. BORIS HORVAT / AFP

L’exécutif poursuit son travail d’évangélisation sur la réforme des retraites. Après Emmanuel Macron à Rodez, Edouard Philippe devait débattre, jeudi 17 octobre à Lons-le-Saunier (Jura), de ce dossier hautement inflammable. Un temps d’échange organisé avec des parents d’élèves, au cours duquel le premier ministre avait l’intention de redire ce qu’il avait exposé, le 12 septembre, au Conseil économique, social et environnemental : les grands axes du projet ont été arrêtés – l’idée maîtresse étant de fondre les 42 régimes existants dans un dispositif universel ; mais sur de nombreux sujets, le gouvernement souhaite encore recueillir l’avis du patronat et des syndicats avant de trancher.
D’ailleurs, les concertations entre Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé de piloter ce chantier, et les partenaires sociaux continuent, notamment sur les conditions de mise en œuvre de la réforme. Cette thématique, abordée du lundi 14 au vendredi 18 octobre, traite, entre autres, de la première génération qui sera touchée par le changement de règles. Dans son rapport remis en juillet, M. Delevoye affirmait que le futur régime « s’appliquera au plus tôt aux personnes nées en 1963 et après », tout en précisant que d’« autres options (…) existent ». Par exemple, prévoir une entrée en vigueur à partir d’« une génération postérieure [à 1963] » ou uniquement pour les « nouveaux entrants sur le marché du travail »« Ce choix sera soumis à la concertation », insistait-il.

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Esprit d’ouverture

Une ligne que l’exécutif maintient. « Il y a un scénario de référence qui est soumis à concertation, sachant que le gouvernement est ferme sur les grands principes du système cible, mais ouvert sur les modalités et le temps des transitions », confie une source au cœur du dossier. « Il n’y a pas de tabou. Le but est que les partenaires sociaux se positionnent dans le cadre de cette concertation », renchérit Laurent Pietraszewski, le député (LRM, Nord) pressenti pour être le rapporteur du projet de loi.
Cet esprit d’ouverture est affiché avec d’autant plus de vigueur que les contestations contre la réforme ne cessent de monter. Mercredi 16 octobre, la CGT, FO, la FSU, Solidaires et plusieurs mouvements de jeunesse ont appelé à « une première journée de grève interprofessionnelle », le 5 décembre. Ils s’inscrivent ainsi dans le sillage de plusieurs syndicats de la RATP qui ont déjà annoncé une « grève illimitée » à partir de cette date (après des arrêts de travail très suivis le 13 septembre).
A la rentrée, la CGT et FO avaient chacune organisé sa propre mobilisation sur ce thème avant de se retrouver début octobre avec le souhait de réaliser « une unité d’action syndicale la plus large ». Quinze jours plus tard, le pas a donc été franchi. « L’idée est de frapper un grand coup », explique Yves Veyrier, secrétaire général de FO. « On souhaite une puissante journée d’action, renchérit Fabrice Angei, du bureau confédéral de la CGT. Ce n’est pas qu’une question d’alignement des régimes spéciaux, d’une défense catégorielle et corporatiste, car cette réforme va toucher tout le monde. »
« La question, maintenant, c’est de savoir si c’est une grève reconductible », enchaîne le numéro un de FO. Pour M. Veyrier, « une manif même réussie ne suffit pas » « On a tous en mémoire 2010 et les journées saute-mouton. » A l’époque, le mouvement contre le recul de l’âge légal de départ en retraite à 62 ans s’était caractérisé par une succession de défilés monstres, mais pas par un blocage de l’économie – et la réforme avait finalement été adoptée. Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, se veut optimiste : « On a presque deux mois pour s’y préparer. On travaille à construire une journée avec une grève forte et, dans les secteurs où on le pourra, une grève reconductible. »

Réforme anxiogène pour beaucoup

La symbolique de la date n’aura pas échappé au gouvernement. Le 5 décembre 1995 fut une journée-clé du mouvement social contre le plan Juppé, qui avait vu défiler plusieurs centaines de milliers de personnes à Paris. « On n’est pas dans la sacralisation de date historique car l’histoire ne se répète pas forcément », pondère M. Angei. Mais après la crise des « gilets jaunes », le contexte reste tendu, dans les hôpitaux, les Ehpad, la fonction publique, la police ou encore chez les pompiers.

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La réforme des retraites, anxiogène pour beaucoup, ne fait que rajouter du sel sur les plaies. Pour l’heure, elle ne sert pas de catalyseur. La rentrée a été émaillée de mobilisations catégorielles réussies, notamment à la RATP ou chez les avocats, pilotes et professionnels du soin réunis dans le collectif SOS Retraites – lequel vient d’annoncer une journée de grève, le 3 février 2020, si ses différentes composantes « ne sont pas rassurées d’ici là ». Mais, à ce stade, la jonction ne s’est pas faite.
Ce sera d’autant plus difficile pour les initiateurs du 5 décembre que l’intersyndicale ne fait pas le plein. Les centrales réformistes n’ont pas souhaité s’inscrire dans cette démarche. Mais le terrain est mouvant. Si elle reste favorable au principe de la réforme systémique, la CFDT marche sur un fil. Son secrétaire général, Laurent Berger, a de nouveau mis en garde l’exécutif, dans une tribune au Journal du dimanche, le 13 octobre, sur la tentation de faire une réforme financière, afin de « ne pas tromper les Français sur les objectifs poursuivis ».



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