
Chère lectrice, cher lecteur,
Qu’est-ce qu’une tenue «décente» pour aller à l’école? Tous les élèves, tous les parents, tous les directeurs d’établissement ont eu un jour à se poser la question. La réponse dépend de l’époque et des règles censées garantir le respect de tous. Mais quand on demande à une enfant de 11 ans de rentrer chez elle parce que son short laisse apercevoir ses jambes fluettes, accusées «d’exciter» les garçons, où est le respect? Quand on demande à une adolescente vêtue d’un t-shirt XL ras du cou de mettre des pansements sur ses tétons parce qu’ils «distraient les garçons», où est l’indécence?
Ces deux cas, avérés, témoignent du fait que, jusqu’à très récemment, le poids de la question incombait aux fillettes et aux jeunes filles, sans que jamais le regard sexiste de notre société patriarcale ne soit remis en cause. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, des voix se font entendre pour dénoncer le manque de débat et proposer un nouveau paradigme: et si on arrêtait de rendre les écolières responsables de tout ce que l’on projette sur elles?
En Suisse comme ailleurs, la question divise et la loi sur l’instruction publique, volontairement ambiguë, laisse une large marge d’interprétation aux établissements. Si rien ne sert de légiférer, une première piste serait peut-être de mener une réflexion collective sur les stéréotypes de genre au lieu de se contenter d’interdire. Aux citoyens de demain, nous devons au moins cela.
– Célia Héron, journaliste au Temps et co-productrice de «Brise Glace»
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