vendredi 24 août 2018

Série d'attaques revendiquées par l'EI en Tchétchénie


22 août 2018

Série d'attaques revendiquées par l'EI en Tchétchénie

La petite république du Caucase a fourni au djihad en Syrie et en Irak un vivier important de combattants depuis 2012

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Une série d'attaques a visé, lundi 20  août, la police en Tchétchénie, faisant plusieurs blessés au sein des forces de l'ordre, tandis que leurs auteurs ont été " neutralisés ", a déclaré dans la journée le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui règne sans partage sur cette petite république du Caucase russe depuis 2007.
Depuis l'Arabie saoudite, où il effectue le pèlerinage de La  Mecque, Ramzan Kadyrov a accusé les assaillants – " un groupe de jeunes gens " agissant, selon lui, après avoir subi l'influence de l'organisation Etat islamique (EI) sur les réseaux sociaux – de vouloir " jeter une ombre " sur la fête musulmane de l'Aïd el-Adha, -célébrée mardi 21  août en Russie.
Selon M. Kadyrov, qui a annoncé lui-même les attaques sur les réseaux sociaux, deux policiers ont été blessés dans la ville de Chali (sud), tandis que " des agents de la circulation ont subi des blessures " à Grozny, la capitale. " Toutes les tentatives ont été avortées, les bandits ont été neutralisés et l'un des malfaiteurs s'est fait exploser, mais a survécu, il a été conduit à l'hôpital ", a expliqué le chef tchétchène.
Si les attaques ont été revendiquées par l'EI quelques heures plus tard par l'intermédiaire de son agence de propagande Aamaq, la " wilaya du Daghestan ", un réseau lié à une mouvance rivale d'Al-Qaida, a également " félicité " les assaillants. Sans reven-diquer explicitement la paternité de l'opération, la wilaya du Daghestan affirme que ceux-ci étaient des proches d'un " émigrant ", laissant entendre qu'ils étaient liés à un combattant parti se battre à l'étranger – sans doute dans la zone irako-syrienne.
Programme de rapatriementAprès la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), la rébellion séparatiste s'est progressivement islamisée et s'est étendue au-delà des frontières de cette république russe pour se transformer, au -milieu des années 2000, en une mouvance djihadiste armée active dans tout le Caucase du Nord.
Bien que traquée par les forces antiterroristes locales ou fédérales russes et très affaiblie, elle a fourni au djihad en Syrie et en Irak un vivier important de combattants depuis 2012. Les estimations les plus basses font ainsi état de 3 000 russophones partis rejoindre l'EI ou d'autres groupes djihadistes au Moyen-Orient.
Soucieux de cultiver son image de chef de file des musulmans de Russie et de démontrer son utilité à Moscou, l'autoritaire dirigeant tchétchène, qui faisait détruire les maisons des proches des djihadistes partis au Moyen-Orient, a lancé à l'été 2017, " à titre humanitaire ", un programme de rapatriement des familles parties en Irak et en Syrie.
Fortement médiatisé, ce programme – le seul mis en place par l'un des pays concernés par des départs massifs, quand les pays européens entendent empêcher les retours – n'a eu pour l'instant que des résultats limités : entre 90 et 100 femmes et enfants ont été rapatriés.
Peu sophistiquées, les attaques de lundi à Grozny pourraient aussi décrédibiliser la parole de Ramzan Kadyrov, qui affirme régulièrement que le terrorisme ne dispose " d'aucun soutien ni d'aucune base sociale " en Tchétchénie.
Madjid Zerrouky
© Le Monde

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