L'imbroglio n'est pas fini pour les 177 migrants du Diciotti. Lundi 20 août au soir, le navire des gardes-côtes italiens, bloqué depuis cinq jours au large de Lampedusa avec ses passagers sauvés en Méditerranée, a pu accoster dans le port de Catane, en Sicile, mais ses passagers ont eu interdiction de débarquer, de nouveau pris en otage par un chantage du ministre de l'intérieur, Matteo Salvini. " Le ministre de l'intérieur n'a pas donné et ne donnera pas d'autorisation au débarquement des migrants du Diciotti tant qu'il ne se sera pas assuré que les 177 migrants iront ailleurs ", a rapporté l'agence de presse ANSA, en citant des sources ministérielles.
Moins d'une semaine après l'accord sur l'
Aquarius, qui a permis, sous l'égide de la France, de répartir 141 migrants depuis Malte vers cinq pays, le très eurosceptique chef de file de la Ligue (extrême droite) semble vouloir profiter de la même solution qui avait été saluée par les ONG comme une
" ébauche de système européen ". L'Italie, qui ne faisait pas partie des cinq pays de l'accord initial sur l'
Aquarius, avait discrètement fini par accueillir 20 migrants.
Les gardes-côtes du
Diciotti avaient recueilli les 177 migrants dans la nuit du 15 au 16 août entre Malte et l'île de Lampedusa sans attendre l'autorisation de Rome, provoquant la colère du ministre de l'intérieur. D'autant qu'en juillet déjà, les gardes-côtes du même bateau avaient ignoré les consignes du gouvernement et avaient secouru 450 migrants entassés sur une barque de pêche.
" Des discussions sont en cours "M. Salvini a accusé les autorités maltaises d'avoir
" accompagné " l'embarcation des migrants
" vers les eaux italiennes " plutôt que de la sauver. La Valette a rétorqué que le bateau n'était pas en besoin de sauvetage et que les gardes-côtes italiens ont
" intercepté les migrants à l'intérieur de la zone de recherche et de secoursmaltaise seulement pour les empêcher d'entrer dans les eaux italiennes ".
M. Salvini a ensuite menacé de renvoyer les migrants en Libye. Seules treize personnes ont été évacuées en urgence vers l'hôpital de Lampedusa pour y être soignées. En parallèle, le ministre des affaires étrangères, Enzo -Moavero Milanesi, un technocrate plus discret, a écrit à Bruxelles pendant le week-end du 18 et du 19 août pour demander une répartition des sauvés du
Diciotti. Lundi, la Commission européenne a annoncé avoir pris
" contact avec tous ceux qui peuvent aider à trouver une solution ".
" Des discussions sont en cours ", confirme l'Elysée, où l'on affirme
" ne pas avoir de raison de refuser à l'Italie ce qu'on fait pour d'autres en répartissant les migrants ", mais à condition que Rome
" joue le jeu de la solidarité ". C'est-à-dire :
" Accepter aussi des migrants débarqués ailleurs, continuer à -débarquer sur son sol lorsque les règles de secours le prévoient, accepter un mécanisme pérenne. "
Discuté lors d'un Conseil européen fin juin, ce mécanisme prévoit de mettre en place des
" centres contrôlés " européens pour accueillir les migrants avant de répartir ceux susceptibles d'obtenir l'asile dans des
" pays volontaires ". Mais il peine jusqu'ici à se mettre en place, comme en témoigne cette nouvelle crise.
Jean-Baptiste Chastand (à Paris) et Margherita Nasi
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