samedi 25 août 2018

Les Crises.fr - Soutien] Serguei Oudaltsov hospitalisé, en grève de la faim sans eau… Par Djordje Kuzmanovic



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23.août.2018 // Les Crises



Soutien] Serguei Oudaltsov hospitalisé, en grève de la faim sans eau… Par Djordje Kuzmanovic



Nous apportons évidemment tout notre soutien à Serguei Oudaltsov pour son insupportable détention – espérons qu’il recouvrera rapidement la santé.
Par Djordje Kuzmanovic, 21/08/2018
Serguei Oudaltsov est, depuis six jours, en prison et en grève de la faim sans eau. Transporté à l’hôpital hier soir dans un état de déshydratation critique, il y est alimenté en perfusion contre sa volonté. Arrêté lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites, il a été condamné – au terme d’un procès expéditif – à 30 jours de prison pour avoir, lors d’un meeting, brûlé des effigies de plusieurs responsables politiques favorables à cette réforme que l’opposition de gauche considère inique. Menée dans une logique néolibérale classique de privatisation partielle, elle vise surtout à élever l’âge du départ à la retraite de 60 à 65 ans pour les hommes, de 55 à 63 ans pour les femmes, alors même que l’espérance de vie en Russie, relativement élevée chez les femmes – 76,3 ans –, est particulièrement faible chez les hommes – 64,7 ans, soit moins que le seuil projeté de départ à la retraite.
Oudaltsov, 41 ans, issu d’une famille d’intelligentsia soviétique et petit-fils d’un bolchévique célèbre, Ivan Oudaltsov, dont une rue de Moscou porte le nom, est un militant de la première heure. En 1998, alors étudiant, il fonde le mouvement Avant-garde de la jeunesse rouge et ne cesse depuis de s’opposer à Vladimir Poutine, secondé par son épouse Anastasia, notamment au sein du Front de Gauche dont il est le coordinateur principal. Il a ainsi été de toutes les grandes vagues de mobilisation : en 2006, contre la monétisation des bénéfices sociaux ; en 2012, pour des élections honnêtes ; aujourd’hui, contre la réforme des retraites. Arrêté en 2012, alors que Vladimir Poutine s’est pour la première fois senti menacé à l’issue de manifestations numériquement importantes, il a alors été condamné à 7 ans de prison, dont il a purgé 4 ans et demi avant d’être libéré.
En a-t-on pour autant entendu parler en Occident ? Non. Les médias de masse et même les journaux dits « de gauche » lui préfèrent – souvent par paresse, parfois par choix idéologique – des individus comme les milliardaires Khodorkovsky et Prokhorov ou le xénophobe Navalny, présentés chacun en leur temps comme « le principal opposant à Poutine ». La raison est simple : l’opposition d’Oudaltsov à Poutine est avant tout une opposition au caractère ultralibéral du pouvoir russe. Se concentrant sur la politique intérieure de Vladimir Poutine, il critique les inégalités sociales, la non-redistribution des richesses, une médecine à deux vitesses, la privatisation rampante de l’enseignement – bref, les mêmes travers que la France Insoumise combat en France, rendus plus violents par la jeunesse de l’économie de marché russe et le caractère autoritaire du pouvoir. En revanche, il approuve, dans les grands traits, la politique extérieure russe, de l’annexion de la Crimée à l’intervention armée en Syrie, en passant par le soutien apporté aux républiques indépendantistes de l’Est de l’Ukraine. Ce n’est donc pas un opposant commode pour le « monde libre » qui n’en a que faire de la situation sociale en Russie, voire qui n’y aurait rien à redire. Résultat : Oudalstov est ignoré par l’Occident quand il se démène dans les luttes, oublié lorsqu’il est en prison.
Il n’a donc reçu que peu de soutiens lors de sa longue incarcération. De fait, en France, seul Jean-Luc Mélenchon, moi-même et la France Insoumise dans son ensemble évoquions alors publiquement son cas, avec suffisamment de force pour que RFI le mentionne lors de sa sortie de prison en août dernier. Dès qu’il a été libéré, j’ai pris l’initiative d’un contact téléphonique en vue d’une première rencontre. Oudaltsov étant alors privé de la possibilité de se déplacer à l’étranger, il a fallu attendre mai 2018 pour que cette volonté se concrétise. Lors de la visite de Jean-Luc Mélenchon à Moscou, le 8-11 mai dernier, nous avons organisé une rencontre officielle avec Sergei Oudaltsov et une série de représentants du Front de Gauche russe, mettant en place des relations formelles entre cette formation et la France Insoumise. Oudaltsov doit ainsi participer au grand rassemblement mondial pour la paix que la France Insoumise va lancer à Paris début 2019.
Deux remarques. Du côté d’Oudaltsov, le recours à une forme aussi radicale et désespérée de protestation que la grève de la faim sans eau, alors même que la peine prononcée est relativement légère, peut paraître incongru. Oudaltsov lui-même le justifie en avançant que son incarcération vise surtout à l’empêcher de participer aux grandes mobilisations contre la réforme des retraites qui devraient marquer la rentrée politique début septembre. Mais son geste n’est sans doute pas étranger à sa volonté de briser le mur d’indifférence dont il est entouré, contrairement à ses homologues de l’opposition libérale, lors de ses nombreuses arrestations.
Du côté de l’État russe, enfin, la dureté de la répression qui s’abat sur les opposants s’explique bien entendu par la volonté de conservation du pouvoir par ceux qui le détiennent, mais pas uniquement. Depuis la série des révolutions de couleurs, puis Maïdan, les dirigeants russes craignent réellement un coup d’État, soutenu sinon provoqué par des puissances étrangères. Cette crainte, que les médias occidentaux présentent volontiers comme de la paranoïa, se fonde pourtant sur des faits avérés ; la liste est longue des actions d’influence et de déstabilisation auxquelles les États-Unis se livrent aux quatre coins du globe, y compris en Russie. Il est d’ailleurs assez amusant de les voir se plaindre mondialement de l’intrusion russe dans leur dernière élection présidentielle – sans toutefois en apporter aucune preuve concrète – alors qu’eux-mêmes se vantent d’avoir activement participé au détournement de l’élection présidentielle russe de 1996 où Boris Eltsine, chouchou de l’Occident, a été réélu contre Guennadi Ziouganov, le candidat du parti communiste, grâce à une fraude et à des manipulations massives.
Ce n’est donc pas sans raison que l’État russe craint d’être renversé par des opposants désignés par les États-Unis. Mais l’exemple d’Oudaltsov montre bien l’influence néfaste, en Russie comme ailleurs – on pense particulièrement à l’Amérique Latine – de ces actions de déstabilisation menées par les États-Unis, qui conduisent à une mise en tension de la politique intérieure. En effet, pour le connaître personnellement, je peux affirmer qu’Oudaltsov n’est pas un agent d’influence étasunien, mais juste un militant de gauche désireux de changer son pays. Mais devant la réalité de la menace extérieure, le pouvoir, nerveux, s’en prend avec une violence disproportionnée à ceux qui pourtant le contestent sur des bases très différentes – ce qui ne manque pas de grinçante ironie.
Nous espérons que sa grève de la faim ne laissera pas de séquelles graves sur sa santé et que son geste donnera un nouveau souffle à la protestation contre la réforme des retraites qui, en Russie comme chez nous, manifeste la volonté des oligarchies de s’enrichir sur le dos du peuple.
Djordje Kuzmanovic, 21/08/2018

Russie : un opposant hospitalisé après cinq jours de grève de la faim, par RT

RT, 20 août 2018, 21:12 – Avec AFP
Sergueï Oudaltsov a été condamné pour avoir brûlé des portraits de dirigeants russes lors d’une manifestation contre le relèvement de l’âge de la retraite en Russie. Jean-Luc Mélenchon lui a apporté son soutien sur Facebook.
L’opposant d’extrême gauche Sergueï Oudaltsov, qui a entamé une grève de la faim après avoir été emprisonné pour une peine de 30 jours, a été hospitalisé cinq jours après son interpellation.
Sergueï Oudaltsov a été condamné pour avoir brûlé des portraits de dirigeants russes lors d’une manifestation contre le relèvement de l’âge de la retraite début juillet. «Il a été hospitalisé pour des raisons médicales», a précisé Ivan Melnikov, membre d’une commission publique de surveillance des prisons cité par l’agence officielle TASS, qui a pu rendre visite à l’homme politique. «Un médecin a mesuré sa tension en notre présence, fait une analyse de sang […] et décidé de l’hospitaliser d’urgence», a-t-il ajouté.
Les faits reprochés à Sergueï Oudaltsov remontent au 28 juillet, quand des dizaines de milliers de Russes ont manifesté dans le pays à l’appel du Parti communiste contre un projet de hausse de l’âge du départ à la retraite. Il a été interpellé le 14 août, puis jugé et condamné à 30 jours de détention. L’opposant, qui a qualifié d’«arbitraires» les poursuites à son encontre, a ensuite entamé une grève de la faim, en refusant de s’alimenter et de boire.
Sur Facebook, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon lui a apporté son soutien.

Quatre ans et demi en prison

Sergueï Oudaltsov avait été libéré en août 2017 au terme d’une peine de quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des troubles massifs lors de manifestations en mai 2012, à la veille de l’investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat présidentiel. Sa formation, le Front de gauche, qui a notamment soutenu le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014, peine à se faire entendre au sein de l’opposition.
RT, 20 août 2018, 21:12 – Avec AFP
DUGUESCLIN // 23.08.2018 à 07h18
De retour de Russie, je constate effectivement que le projet de réforme des retraites passe mal.
Mais je constate aussi que cela ne remet pas en cause la confiance générale dans le président Poutine. Dans leur ensemble les russes sont parfaitement conscients des tractations atlantistes contre eux, et cela ne les poussera pas pour autant à épouser leur camp.
L’exploitation possible des américano-occidentalistes n’aura pas l’impact recherché.
Les russes sont parfaitement conscients de la volonté du camp atlantiste d’affaiblir la Russie à coup de “sanctions” et que c’est lui le vrai responsable de leurs difficultés et non leurs dirigeants.
Mais en attendant cela n’empêche pas les russes de râler ouvertement contre ce projet de réforme des retraites qui, par ailleurs, n’est pas encore voté. Mais ils constatent aussi l’évolution spectaculaire de Moscou et d’autres grandes villes. Les voies de circulation, les trottoirs refaits et larges, le tramway, autoroutes à cinq voies, les nouvelles stations du metro prolongé avec ascenseurs ultra modernes pour handicapés, des nouveaux immeubles esthétiques au logements spacieux qui poussent comme des champignons etc..
Il est à noter que certains opposants, de gauche ou de droite, sont encore plus anti-américano-atlantistes et plus belliqueux que le président Poutine qu’ils trouvent trop conciliant, voire trop pacifiste, envers les forces atlantiste

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