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TOINOU Le cri d’un enfant auvergnat. C’est un récit autobiographique, une dénonciation, entre autres, de la connivence, ou de l’alliance si vous voulez, du pouvoir, de la bourgeoisie et de la cure contre le monde ouvrier. « En ce temps-là, la France était le plus riche pays de la terre. Elle produisait trop de vin, trop de blé. Par milliards, les banques pompaient un excédent de ressources qu'elles dispersaient dans toute l'Europe et par-delà les océans. » En ce temps-là, quelque part dans le Livradois, en Auvergne, le Jean, métayer, et la Marie, nourrice à Lyon, lièrent une existence que la nécessité d'acheter le pain et de se vêtir tant bien que mal empoisonna jusqu'à la mort. C'est la fin du XIXe siècle, -la belle époque-. Toinou va naître parmi les plus pauvres de la campagne puis grandir dans le -prolétariat insolvable- de la ville d’Ambert. Les yeux du petit garçon, d'une lucidité sans appel, vont tout découvrir, tout retenir de ce monde implacable et sans joie. Le sein de la vie familiale, d'abord, qui n'admet pas d'effusion puis la petite école, sous la férule des sœurs, où les élèves sont rassemblés pour apprendre à -charbonner d'honorables majuscules-, roués de coups dans une atmosphère de terreur qui ne les lâche pas. La grande école des Frères, ensuite, avec sa cohorte d'injustices et d'aberrations, ce qui fournit à la bourgeoisie locale une ample provision d'ouvriers et de métayers sans exigence, silencieux, soumis, craintifs. Et surtout... le pitoyable cortège de tous ces misérables, dont une société de classes, lointaine et inflexible, fait des esclaves, des malheureux aux vies ratées, tels les propres parents de Toinou. C'est dans la tendresse d'un grand-père, qui lui donne le goût de savoir pour savoir, dans la fraternité chaleureuse et complice de l'enfance, qui a son code de l'honneur et ses héros, que Toinou trouvera la force de refuser les lois de cette société qui l'enserre de toutes parts. Ce cri d'enfant, un très rare, sinon exceptionnel dans l'histoire rurale française, et dont l'écho se poursuit jusqu'au cœur de la Légion, est digne des plus grands, dont un Hugo. Il en a la force de conviction et l'émouvante pudeur. Un livre que chacun doit lire et devrait méditer. L’auteur, Antoine Sylvère (1888-1963), dit Toinou, est issu d’une très modeste famille du Livradois. A la suite d’un pépin, il s’engage dans la Légion étrangère, en Algérie. A son retour, il passe en jugement, et est acquitté pour le pépin inhérent à un bureau de poste. A force d’études, il devient ingénieur. En 1912, il épouse une certaine Suzanne Rigaud, avec qui il a trois enfants. Mobilisé en 1914, il finit la guerre comme officier. Puis il dirige des usines dans le nord de la France, avec le souci constant des améliorations des conditions de travail des ouvriers. En désaccord avec le grand patronat du cru, il démissionne. Vint la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. Sylvère dirige alors une exploitation forestière dans le nord du Morvan, près de Quarré-les-Tombes. Avec ses ouvriers, il crée un groupe de résistants. 1943. Prévenu par la gendarmerie du cru d’une imminente arrestation par la Gestapo, il quitte la région pour rejoindre un maquis du Tarn-et-Garonne. La fin de la guerre trouve Sylvère chef de bataillon FFI sous les ordres du colonel Collet, commandant la région de Toulouse. Il succombera d’un cancer généralisé. Quelques semaines avant sa mort, il écrira : « Physiquement, je suis très bas…Chaque jour, je passe deux heures à enseigner les mathématiques supérieures à ma petite fille, et, pendant ces heures-là, les douleurs disparaissent… » |
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TOINOU
Le cri d’un enfant auvergnat.
C’est un récit autobiographique, une dénonciation, entre autres...
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