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mardi 1 mai 2018

A la recherche de son unité, la gauche multiplie les rendez-vous anti-Macron


1er mai 2018

A la recherche de son unité, la gauche multiplie les rendez-vous anti-Macron

Cette semaine, trois dates vont réunir différentes formations contre la politique de l'exécutif

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La gauche a un agenda bien rempli. Pas moins de trois rendez-vous en six jours vont scander la semaine : un meeting parisien lundi 30 avril, le traditionnel 1er-Mai et la " manifestation pot-au-feu " contre la politique d'Emmanuel Macron, samedi 5  mai. Autant de moments où la résistance d'une " unité de la gauche " toujours en construction va être testée. Au risque de révéler des divergences de vue.
La France insoumise (LFI) ne s'en cache pas : pour elle, pas question de revenir au " cartel d'organisations " qui a longtemps constitué la forme idoine de la gauche unitaire. C'est pour cette raison que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon va passer son tour pour la réunion publique de lundi. Prévue place de la République à Paris, elle doit réunir des " cheminot-e-s en lutte ", le NPA, Génération.s, le PCF, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et d'autres petites formations. LFI n'appelle pas à y participer, et il n'est même pas sûr qu'une prise de parole " insoumise " ait lieu. " Ça fait un moment que l'on dit que c'est une forme décalée, qui n'est pas à la hauteur de ce qu'il se passe dans le pays. Ça ne rameute pas les foules ", tranche Sarah Legrain, responsable des " relations unitaires et extérieures " du Parti de gauche, une composante de LFI.
Le député (LFI) du Nord, Adrien Quatennens, abonde : " Je suis revenu de cette idée que l'union de la gauche est un propulseur. Beaucoup de gens qui nous ont rejoints ne se reconnaissent pas dans la gauche. Si vous dites “je suis de gauche”, il y a des gens pour qui ça fait barrage. Mais ce n'est pas pour cette raison qu'il faut tout abandonner. " Le député LFI Alexis Corbière (Seine-Saint-Denis) n'a, lui, " même pas envie de commenter " cette initiative : " Ce n'est pas un meeting de douze organisations qui va régler le problème ", lâche-t-il malgré tout.
Les " insoumis " ne sont pas les seuls à être dubitatifs sur le meeting du 30 avril, un soir, la veille du 1er-Mai et au milieu d'un pont… " C'est fait pour faire plaisir aux petites orgas, pour qu'elles aient un peu de visibilité ", explique une figure de la gauche qui souhaite rester anonyme. Ni Benoît Hamon (Génération.s) ni David Cormand (EELV) ne doivent intervenir. Ils devaient envoyer leur bras droit respectif, Guillaume Balas et Sandra Regol.
Le lendemain, toute la gauche, y compris le Parti socialiste, sera présente au 1er-Mai ? Journée internationale des travailleurs qui relève d'une sorte de " domaine réservé " des syndicats. Mais la plupart des responsables auront surtout le regard tourné vers le 5  mai et la marche" anti-Macron ", lancée par François Ruffin, député LFI de la Somme. Le rassemblement est fixé à 14  heures place de l'Opéra à Paris et veut être massif pour construire une large mobilisation contre le gouvernement et ses réformes.
" Faire céder le gouvernement "Si La France insoumise a immédiatement salué et soutenu la démarche de son député (1 million de tracts et 50 000 affiches ont été imprimés pour l'occasion), les autres formations ont un temps tergiversé. Elles étaient méfiantes et soupçonnaient LFI de vouloir tirer la couverture à elle pour reprendre la main. Finalement, tout le monde (EELV, NPA, PCF, Génération.s, entre autres) sera là, hormis le PS qui est tenu à l'écart de toutes ces discussions. Mais les syndicats seront absents. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a d'ores et déjà confié dans un entretien au Monde qu'il ne participerait pas à la mobilisation du 5  mai.
LFI veut faire de cette date " un point de départ " vers le véritable objectif de Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs semaines : une grande marche " fédérative " un week-end, réunissant " tous les secteurs de la société " partis, syndicats, citoyens. " Il y a eu une réunion à la Bourse du travail entre François Ruffin, le NPA, le PCF, LFI, des syndicats comme la CGT et Solidaires, à l'initiative d'Attac pour discuter des différentes initiatives. J'ai tiré la conclusion qu'on peut aller vers quelque chose de commun pour faire céder le gouvernement ", détaille Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis.
L'idée est de refaire, au niveau national, ce qu'il s'est passé le 14  avril à Marseille. Ce jour-là, une marche " stop Macron " a eu lieu à l'initiative de la CGT. Jean-Luc Mélenchon était présent comme de nombreux syndicats, partis et associations de gauche. Alexis Corbière résume : " Il faut faire du 5  mai une journée qui fait sens, une première étape avant une mobilisation plus large. Si le 1er-Mai est significatif, si le 5 est réussi, si tout le monde se retrouve, c'est bien, ça préparera les succès des différentes étapes à venir ". En espérant construire l'unité marche après marche…
Abel Mestre, et Astrid de Villaines
© Le Monde

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