Rapport Bergé, un zéro pointé

Lu dans le DL du 2/02/2018

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI 

Rapport Bergé, un zéro pointé

La députée LREM Aurore Bergé, avec sa collègue de l’UDI Béatrice Descamps, remet un rapport inouï sur l’école.
 On y apprend que la plupart des enseignants, « issus des couches les plus favorisées de la population », sont déconnectés de la réalité. Ah bon ? 
Dans leur bulle de nantis, ils ne verraient rien de la France d’en bas. Contrairement à Emmanuel Macron, sans doute. Le Président, entre la Baule et l’Élysée, mesure au quotidien les difficultés du petit peuple.
 Voici un homme qui, en outre, sait adapter son niveau de langage à chaque situation.
 Hélas, tout le monde n’a pas l’aisance de Jupiter à fréquenter les humbles. 
Muté dans une banlieue difficile, le prof préfère aller habiter ailleurs.
 Du coup, il ignore les codes et la « spécificité sociologique » du quartier où trône son collège.
 Ce qui le conduit à utiliser un vocabulaire « involontairement opaque », c’est-à-dire trop compliqué pour que les habitants le comprennent.
 Mieux vaut donc abandonner le français académique, causer le jargon de la zone et citer Booba plus souvent que Verlaine. Intégrez-vous, que diable !
 Les deux parlementaires recommandent aussi d’éviter les « remarques désobligeantes » sur les bulletins scolaires.
 Pour ne pas « stigmatiser » le cancre, on veillera à souligner son bon sourire plutôt que ses mauvaises notes.
 Et si, malgré tous ces efforts pédagogiques, le courant ne passe toujours pas ? 
Il faudra alors imaginer des « rituels positifs » avec les familles.
 En organisant « une semaine du goût », par exemple, où chaque parent pourra apporter « un plat de son pays ».
 Après ça, naturellement, les élèves vont s’assagir et bientôt progresser de manière stupéfiante.