Il est une épineuse question qui va se poser dans les mois qui viennent au Parti socialiste : faut-il donc tourner la page du hollandisme pour en écrire une nouvelle ? Les " quadras " de la formation, en tout cas, entendent bien ne pas s'en laisser compter par la figure de François Hollande. L'ancien président, qui regarde de près la situation de son parti, est soupçonné de vouloir tirer les ficelles en coulisse, en particulier en vue du prochain congrès, qui doit avoir lieu en février ou mars 2018.
Ces derniers jours, des proches de M. Hollande ont promu une candidature de Bernard Cazeneuve au poste de premier secrétaire, vacant depuis le départ de Jean-Christophe Cambadélis. L'intéressé a fermement rejeté cette hypothèse vendredi 27 octobre et certifié qu'il
" ne sollicite ni n'accepte " un rôle de candidat, mais l'initiative en a agacé plus d'un dans les rangs du PS.
" Ce n'est pas à François Hollande de décider qui sera le prochain premier secrétaire ", a lâché jeudi 26 octobre le chef des socialistes à l'Assemblée, Olivier Faure, qui a dit ne pas souhaiter que l'ex-chef de l'Etat
" cherche à préempter la reconstruction de la gauche ". Si elle veut se
" tenir à l'écart des affaires d'appareil ", sa collègue Delphine Batho acquiesce sur le fond et regrette que des " hollandais " s'évertuent à mettre leur grain de sel notamment dans les rouages parlementaires.
" Laissez-nous travailler ! ", a-t-elle lancé jeudi matin sur Franceinfo, se plaignant de ceux qui
" envoient des textos aux députés, qui leur disent quoi faire ".
" Le groupe - Nouvelle Gauche -
n'a pas à être sous conseil ou aimable influence de l'ancienne génération, voire de François Hollande lui-même ", complète-t-elle auprès du
Monde. L'élue des Deux-Sèvres regrette que cette attitude entraîne de fait chez les députés socialistes
" un réflexe pavlovien " dès qu'il est question du mandat précédent dont il
" faudrait systématiquement prendre la défense en bloc ". Au contraire,
" il faut se tourner vers l'avenir ", préconise-t-elle
.
" Humilité "Les jeunes cadres du parti considèrent que leur heure est venue. M. Faure veut ainsi, en vue du congrès,
" faire émerger une nouvelle génération plutôt issue des territoires ". Des discussions doivent avoir lieu entre quelques -camarades – ils seraient une quinzaine à se réunir régulièrement, dont Carole Delga, Matthias Fekl, Najat Vallaud-Belkacem ou Guillaume Bachelay – pour désigner lequel d'entre eux
" permettra d'incarner de la meilleure -façon qu'il soit cette partie-là de la gauche, réformiste, démocratique ".
La sortie anti-Hollande d'Olivier Faure a cependant fait grincer les dents de quelques-uns dans la formation, y compris chez les quadragénaires. Les avis de l'ancien président,
" ça ne me gêne pas, ça ne me contraint pas et je ne peux pas faire comme si cela n'existait pas ", clame le député Luc Carvounas.
" La nouvelle génération, avant de s'autoproclamer comme étant l'avenir, doit aussi écouter de manière assez humble ceux qui ont fait notre histoire. " Lui qui veut également prendre sa part dans la reconstruction du parti appelle à
" l'humilité ", trouvant
" assez immodestes " ceux qui
" portent ce type de propos quand ils n'ont eux-mêmes rien démontré au plus haut niveau de l'Etat ".
A 57 ans, l'ancien ministre Stéphane Le Foll ne fait pas vraiment partie de la génération émergente. Ce " hollandais " de la première heure ne compte pour autant pas se voir priver d'une place dans la compétition. Aussi met-il en garde ses camarades contre tout excès de jeunisme et toute tentation de " dégagisme ".
Rebâtir le parti, définir
" quelle sera notre place, quels projets et orientations nous portons ", cela
" ne peut pas être réduit à une question de génération ". Bien sûr, pas question non plus pour l'ancien porte-parole du gouvernement de faire table rase du passé hollandiste, de
" simplement tirer un trait sur les cinq dernières années et de passer à autre chose ".
Toutefois, M. Le Foll est
" parfaitement d'accord " avec M. Faure sur un point :
" Non, ce n'est pas François Hollande qui choisit au PS. "" Nous ne sommes pas à En marche ", souligne-t-il, en référence au choix fait par Emmanuel Macron de mettre Christophe Castaner à la tête du parti présidentiel. Et puis
" ça se saurait si c'était lui qui pouvait décider de tout ", lui qui
" a connu une contestation très forte en interne pendant cinq ans ".
E. O.
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