OBSÈQUES
LE PÉAGE DE ROUSSILLON
Louis Viannet, ancien secrétaire général de la CGT
« J’ai une immense tristesse. Louis Viannet est quelqu’un que je connaissais depuis longtemps. Il a beaucoup apporté à la CGT, techniquement bien sûr, mais surtout par ses valeurs humaines. Je suis toujours resté en contact avec lui, je… Excusez moi, je suis triste. » À l’image de l’actuel secrétaire général, Philippe Martinez, en pleurs, une véritable émotion a accompagné l’épouse et la famille de Louis Viannet, secrétaire général de la CGT de 1992 à 1999, pour un dernier hommage, hier après-midi, au funérarium du Péage-de-Roussillon. Quelque 300 personnes étaient présentes, parmi lesquelles Bernard Thibault, visiblement très ému, ainsi que de nombreux responsables syndicaux, élus et anciens élus de la région, militants et sympathisants, comme André Rigaud et Marcel Berthouard, qui furent notamment maires communistes de Roussillon. « Je travaillais à La Poste à Lyon et j’ai fait mon apprentissage syndical avec Louis Viannet en 1963. Je suis un apprenti de “Loulou” », se souvient Émile Colombet, de Pélussin. « À Lyon, il avait été affecté aux chèques postaux depuis 1956. J’étais son adjoint quand on était en pleine campagne d’automatisation des standards, au début des années 70, pour reclasser es téléphonistes », rappelle Robert Veyret, ancien maire de Saint-Jean-de-Moirans et conseiller général isérois. « “Loulou” pour les copains de la CGT, papa, grand-père “Loulou” pour ses petits-enfants », énuméra sa fille, Sylvie, lors de la cérémonie civile, pour évoquer toutes les facettes d’une personnalité riche. « Tu avais le talent d’exprimer ta pensée avec finesse, avec clarté, dans le respect de l’autre et de sa liberté de penser. Tu nous faisais rire, tu adorais rire », souligna-t-elle. Avant d’évoquer d’autres souvenirs familiaux. « La médiatisation ne le changea pas. Il a toujours eu une grande considération et un énorme respect pour le travail », souligna son frère, accompagné d’une de ses sœurs. Ajoutant malicieusement, à propos de sa passion pour les jeux de cartes : « Je ne dirais pas que tu n’aimais pas perdre, mais tu préférais gagner. » Une manière de résumer aussi un engagement syndical sans faille, de 1953 et au-delà de sa retraite en 2002, largement évoqué ensuite par Christian Mathorel, secrétaire de la Fédération des salariés du secteur des activités postales et de télé- communications (FAPT-CGT), puis par Philippe Martinez. Fils aîné d’une famille de quatre enfants, dont le père était ouvrier à Rhône-Poulenc, Louis Viannet est né le 4 mars 1933 à Vienne et grandit à Chavanay. Il entre dans la vie active à 20 ans, dans les PTT, à Paris, et s’engage dans la vie syndicale, à la CGT, quelques mois plus tard, lors des grandes grèves de la fonction publique, en 1953. Muté en 1956 dans sa région d’origine, il est affecté aux chèques postaux à Lyon. Il est secrétaire départemental du syndicat CGT des PTT du Rhône lorsqu’éclate le mouvement de mai 1968. « Ce que je retiens de ce formidable mouvement, c’est une explosion de la parole. Dans une société hiérarchisée et bloquée, les patrons ne connaissaient pas la négociation », confiait-il au Dauphiné Libéré en 2008. En 1979, Louis Viannet devient secrétaire général de la Fédération CGT des PTT. Entre-temps, il a adhéré au Parti communiste en 1957 et fait son entrée au comité central en 1976. Toute la famille a déménagé de Lyon à Argenteuil pour vivre dans une HLM, « sur la fameuse dalle que Sarkozy voulait passer au Kärcher », rappela malicieusement sa fille. En 1992, il succède à Henri Krazucki à la tête de la CGT. Durant ses mandats, il parvient à enrayer la baisse des adhérents et pose les jalons d’une rupture de la CGT avec le Parti communiste en se retirant de la direction de la formation politique en décembre 1996. En 1995, il fut l’un des principaux opposants au plan de réforme des retraites et de la Sécurité sociale d’Alain Juppé. En 1999, Bernard Thibault succède à la tête de la CGT à Louis Viannet, qui a « tourné l’essentiel de sa vie vers celle des autres », souligna Philippe Martinez. À sa retraite, en 2002, Louis Viannet s’installe à Félines (Ardèche) avec son épouse. Militant dans l’âme, il se rapproche de l’union locale de la CGT d’Annonay et du PCF ardéchois, participant à de nombreuses manifestations. Malgré des problè- mes de santé ces dernières années, il n’hésitait pas à commenter l’actualité, comme en avril 2016, s’élevant dans nos colonnes contre la loi Travail pour estimer qu’il s’agissait « d’une insulte faite aux salariés ». Louis Viannet est décédé dans la nuit de samedi à dimanche, à l’hôpital d’Annonay, où il avait été admis la semaine précédente. Il avait 84 ans. Après l’hommage civil au Péage-de-Roussillon, il devait être inhumé en fin d’aprèsmidi à Félines.
Louis Viannet — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Viannet
Cet article ou cette section traite d'une personne morte récemment (22 octobre 2017). Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut ...
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