lu dans le DL du 27/04/2017
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
À Amiens, Macron
piégé par Le Pen
Applaudie, couverte de selfies, l’une trônait hier matin parmi les ouvriers
en grève de Whirlpool.
Alors que l’autre rencontrait l’intersyndicale dans le
huis-clos feutré de l’École de commerce.
Joli coup, Marine Le Pen marque
un point dans la « bataille de l’image » qui décidera du second tour.
Sa visite
surprise à l’usine contraint Emmanuel Macron à s’y rendre à son tour, dans
l’après-midi... pour se faire copieusement chahuter. Le prétendu « maître
des horloges » a dû bousculer son agenda.
La championne du protectionnisme se pose, plus que jamais, en
défenseur du « peuple qui souffre ».
L’ex-banquier, par contraste, incarnerait
« l’inhumain » système libéral.
N’est-il pas le candidat de l’Europe, de la
finance, des médias et de la mondialisation ?
Tout ce qu’une bonne partie
du pays déteste.
Si le scrutin du 7 mai devait se résumer à un référendum
« pour ou contre les élites », le mari de Brigitte a du souci à se faire.
Surtout
avec des soutiens comme Jacques Attali, qui tient la fermeture du site
d’Amiens pour « une anecdote » à resituer « dans un cadre plus global ».
Une anecdote ?
Les familles sinistrées de Whirlpool apprécieront.
L’histoire montre au favori que son succès, dont il semblait déjà persuadé
dimanche, reste à conquérir.
Bien sûr, les sondages l’envoient à l’Élysée
avec 60 % des voix. C’est compter sans les “ accidents” qui pourraient
advenir en dix jours, faits divers imprévus ou bévues personnelles.
Et sans
une abstention qu’on annonce importante, doublée d’une avalanche de
bulletins blancs.
Quant au fameux “front républicain”, cette fois, nombre
d’électeurs de droite risquent d’y déroger.
D’autant que le parti LR, à
l’image du curieux Mélenchon, cultive ici l’ambiguïté.
Le jeune Macron a
donc plutôt intérêt à ne pas rater sa fin de campagne.
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