PRÉSIDENTIELLE
Mélenchon: "Réécrire le contrat qui unit la Nation"
Mardi 28 mars 2017
Jean-Luc Mélenchon, lors de la Marche pour la VI e République à Paris, le 18 mars dernier. Photo AFP
Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise veut mettre fin à la Ve République, instaurer la planification écologique et sortir des traités européens.
Pourquoi faites-vous de la fin de la Ve République la base de votre projet ?
Cette question n’est institutionnelle qu’en apparence. Aujourd’hui, les gens n’ont plus confiance en rien ni en personne. Ils assimilent toute parole officielle à de la fausse monnaie. Il faut réécrire le contrat politique qui unit la Nation. Cette nouvelle Constitution abordera des sujets politiques – comme la possibilité du recours au référendum pour révoquer un élu, qu’il soit maire ou président de la République. Mais ce sera aussi l’occasion de graver dans le marbre des droits fondamentaux en matière de libertés individuelles (droit à l’IVG, au suicide assisté), sociaux (exercice de la citoyenneté dans l’entreprise avec la possibilité pour les salariés de préempter leur usine en cas de vente) et écologiques. Nous inscrirons la Règle verte dans la Constitution : ne pas prélever davantage sur la nature que ce qu’elle ne peut reconstituer.
Comment s’est effectuée votre conversion à l’écologie ?
La lutte pour la répartition des richesses reste la question centrale de nos sociétés, mais il est impossible de raisonner sur ces sujets autrement que dans le cadre d’un intérêt général humain. Tchernobyl a été le déclencheur de ma réflexion. Pour un homme de ma génération, marqué par le productivisme, cet événement a été la prise de conscience que certains dégâts liés à la technique peuvent être irréversibles. La destruction du milieu marin est l’autre élément clé de la reconstitution de ma vision du monde, confortée par le défi du réchauffement climatique. L’écologie ne peut pas être qu’un chapitre dans un programme, elle doit guider l’action.
Quelles mesures proposez-vous contre le chômage ?
La politique de l’offre, appliquée depuis vingt ans dans toute l’Europe, est un désastre commun qui a tiré tout le monde vers le bas. Ma ligne est toute autre : je relancerai l’activité par 100 milliards d’euros d’investissements autour de la transition écologique, afin de planifier le passage à 100 % d’énergies renouvelables et la sortie du nucléaire. J’agirai également sur la diminution du temps de travail – 35 heures effectives et retraite à 60 ans – et l’augmentation des salaires. Enfin, j’instaurerai un protectionnisme solidaire, pour notamment taxer à nos frontières les marchandises produites selon des critères sociaux et environnementaux inférieurs aux nôtres. Cela créera trois millions d’emplois.
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans Le Dauphiné Libéré de ce mardi 28 mars
Par Elodie BÉCU | Publié le 28/03/2017 à 06:03
La suite de l'article à lire ci-dessous
Vous voulez sortir
des traités européens…
Bien sûr ! La hiérarchie des
normes actuelle met la concurrence
libre et non faussée
audessus de tout. Résultat :
une délocalisation sur deux se
fait en Europe !
On n’a pas fait
l’Europe pour ça !
Ni pour le
statut de salariés détachés !
On ne sort de l’Europe que si
on nous refuse des critères de
convergence sociaux et fiscaux
élevés ! Le peuple décidera
par référendum.
La solution
de Madame Le Pen est extrémiste
: elle dit qu’elle s’en
ira, sans même essayer de faire
valoir la position française.
Ça s’appelle capituler !
Si les Allemands
n’acceptent pas de renégocier ?
Notez que personne ne le
leur a jamais demandé.
Ni
Monsieur Hollande, ni Monsieur
Sarkozy !
S’ils ne veulent
pas négocier, nous nous séparerons
de l’Union et constituerons
un bloc avec d’autres, notamment
les pays du Sud détruits par la politique
économique actuelle.
Quelle est votre ligne
sur l’accueil des migrants ?
Je pense qu’il vaut mieux
que les gens restent chez eux.
L’immigration est un exil forcé
!
Les gens ont le droit de vivre
et travailler au pays, en
Grèce comme au Mali.
Mieux
vaut donc arrêter les guerres que nous entretenons pour la
plupart , cesser d’imposer des
accords économiques inégaux, et nous atteler en commun
à la gestion des réfugiés
climatiques.
Une fois que les gens sont en
France, il faut examiner au cas
par cas la situation de chaque
personne.
Cela pose toute une
série de questions : la scolarisation
des enfants, le respect
de la loi par tous…
Aucun problème
n’est insurmontable.
130 000 boat people ont été
accueillis sans blêmir.
De nouveaux appels ont
demandé une candidature unique
à gauche avec Benoît Hamon.
L’intention est bonne. Mais
guère respectueuse des électeurs.
Un mois avant l’élection
présidentielle : écrire et soumettre
un programme commun
à ceux qui m’appuient,
ou qui ont voté pour Benoît
Hamon à la primaire PS, ce
n’est pas réaliste !
C’est une
démarche très marquée du
vieil esprit des accords d’appareils.
Elle n’est pas sans arrière pensée
politicienne.
L’état de désarroi de la société
appelle autre chose.
Elodie BÉCU
Son regard sur la campagne
« L e trouble est total, mais c’est une opportunité
pour nos idées. La campagne est beaucoup plus ouverte qu’en 2012, où les débats étaient dominés
par les deux partis traditionnels.
Aujourd’hui, le
Parti socialiste et Les Républicains s’autodétruisent.
Leurs candidats sont supplantés par ceux qui se sont
mis en dehors du cadre.
Les lignes politiques sont en train de se redessiner
autour de trois familles : la vision identitaire et
“ethniciste” de Marine Le Pen ; la vision libérale des
candidats qui croient au marché, et enfin la mienne,
le projet humaniste du “tous ensemble”. Tous ceux
qui se situent entre ces camps explosent, incapables
de réaliser des synthèses au sein de leur formation
politique. »
LA PHRASE
« La
concurrence libre
et non faussée est
audessus de tout.
Résultat, une
délocalisation sur
deux se fait en
Europe ! On n’a pas
fait l’Europe pour
ça ! »
JeanLuc Mélenchon
BIO EXPRESS
AGE
65 ans
VIE PRIVÉE :
Divorcé, père d’une fille née
en 1974 et grand-père d’une
petite-fille
PARTI POLITIQUE
La France insoumise
MANDAT :
Député européen dès 2009
PATRIMOINE DÉCLARÉ :
1,2M€. Propriétaire d’un
appartement parisien acquis
en 2014 et évalué à
837 000 euros, ainsi que
d’une résidence secondaire
près de Montargis (Loiret),
évaluée à 190 000 euros.
Sa première
mesure
« J e c o n v o q u e r a i
une Assemblée
constituante pour instaurer
la VIe
République.
Le
p e u p l e s e r a c h a r g é
d’écrire une nouvelle
Constitution redéfinissant
l’organisation des
pouvoirs.
Pendant les
travaux de la Constituante,
je nommerai un
Premier ministre.
Les lois
continueront d’être examinées
sous la forme actuelle
de la Ve
République.
Quand la Constitut
i o n s e r a p r ê t e , j e
démissionnerai pour laisser
la place à la VIe
Ré
publique. »
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