La lecture du poulet est peu édifiante. En dehors d’affaires mineures, les accusations reposent sur des sources anonymes aux propos évasifs, sans pièces, sans documents et sans précisions de date ou de lieu. Et surtout, il n’est écrit nulle part dans le livre que François Hollande aurait pu intervenir dans les procédures concernant Fillon, ce qui est pourtant l’accusation lourdement suggérée par le candidat LR. Chasse au scoop ou chasse au dahu ? Les auteurs préviennent d’ailleurs honnêtement le lecteur : «rien ne prouve» l’existence du cabinet noir en question, mais «rien ne prouve le contraire». Avec un tel exergue, on peut faire des livres de révélations sur les OVNI, les extraterrestres, le complot des illuminati ou l’abominable homme des neiges.
Certes, personne ne peut exclure les manœuvres tortueuses qui se développent parfois dans les méandres de l’appareil d’Etat, qu’il s’agisse des services du fisc ou des organes de police. Les exemples passés abondent. Mais il faut pour l’établir apporter des éléments tangibles et vérifiés, ce qui fait cruellement défaut en l’espèce. Julien Dray fait remarquer que si ce cabinet noir agissait dans l’ombre avec l’efficacité tentaculaire que lui prêtent les fillonistes, François Hollande se serait peut-être mieux sorti des affaires qui ont terni son quinquennat.
A moins que ces éminences grises et roses soient essentiellement des pieds nickelés, qui n’ont su parer ni les affaires privées du président, ni le cas Leonarda,
ni le livre «Davet-Lhomme»… Puisque l’imagination est au pouvoir, avançons une thèse encore plus audacieuse : ces Machiavel pervers, dans un diabolique jeu de qui-perd-gagne, ont volontairement piégé Hollande pour favoriser une candidature Macron, auquel ils se rallient maintenant un par un. Comment expliquer autrement l’incroyable série de gaffes et de boulettes qui ont plombé la présidence qui s’achève ? Seuls les naïfs y verront l’effet du hasard… Rien ne le prouve, dira-t-on. Mais rien ne prouve le contraire. C’est donc du solide.
Et aussi
• Nouvelle innovation dans cette élection sans pareille :
Dupont-Aignan – dans les sondages en tout cas – s’extrait de la marginalité où il était jusque-là confiné. Il semble qu’il bénéficie de ses
altercations avec les journalisteset surtout des
ennuis répétés de Fillon. Il veut maintenant accréditer l’idée qu’il serait «le plan B» de la droite. Il y a un précédent récent : Fillon a gagné dans la primaire parce qu’il a réussi à se présenter comme une alternative crédible à Sarkozy. Dupont-Aignan joue le même jeu dans la présidentielle. Sera-t-il le Fillon de Fillon ?
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