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samedi 26 novembre 2016

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire - LA GUERRE DE CENT ANS - Saison 15

HISTOIRE et MEMOIRE



 La Galerie de l'Histoire.
Christian LE Moulec
26 novembre, 23:34
LA GUERRE DE CENT ANS 
Saison 15 

Dans la foulée du sacre de Charles VII, les villes de Soissons, Laon, Compiègne, Beauvais sont reconquises. Puis, s’est produit un singulier événement de cette guerre de Cent Ans. Il s’agit de la bataille de Montépilloy. Le 4 août 1429, Bedford quitte Paris à la tête de dix mille hommes et s’en vient à la rencontre de l’armée de Charles VII. 
Les Anglais, suivant leurs habitudes, sont serrés en masse avec leurs archers derrière une palissade de pieux et de charrettes. Ils ont passé la nuit à se retrancher ainsi. Le roi de France, soucieux d’éviter les erreurs fatales de Crécy, Poitiers et Azincourt, donne l’ordre formel de ne point attaquer de front. Il donne instruction de faire sortir l’Anglais de sa tanière en le provoquant et l’insultant. Et toute la journée du 15 août, c’est le face à face. Les armures sont chauffées à blanc sous un soleil de plomb. On se regarde en chiens de faïence, mais personne ne bouge. Les Anglais ne sortent pas et les Français ne chargent pas. Il y aurait eu, cependant, quelques escarmouches, sans plus… 
Au soir, Charles VII quitte ses positions et s’achemine vers Crépy-en-Valois. Bedford se retrouve privé d’adversaires, juge qu’il n’a plus rien à faire céans et se dirige vers Senlis. 
Ainsi la bataille de Montépilloy n’a pas eu lieu ! 
Bref, peu après, Jeanne d’Arc et le duc Jean II d’Alençon prennent Saint-Denis. 
Le 28 août, Charles VII signe la trêve de Compiègne. Mais les villes de Saint-Denis (déjà prise), ainsi que Saint-Cloud, Vincennes, Charenton et Paris ne sont pas incluses dans cette pause. Rien n’interdit donc de faire le siège de Paris. On effectue des reconnaissances, des escarmouches ont lieu et, le 8 septembre, au petit matin, l’assaut est donné à la porte Saint-Honoré. Jeanne d’Arc, le duc d’Alençon, les maréchaux Gilles de Rais et Jean de Brosse de Boussac dirigent l’attaque. L’affaire tourne au vinaigre. Les Parisiens, croyant que les Armagnacs allaient détruire la ville de fond en comble, se défendirent âprement. Essayant de franchir le fossé en eau devant la porte, Jeanne est blessée d’un carreau d’arbalète. Le roi lui ordonna de se retirer à l’abbaye de Saint-Denis. Quatre heures plus tard, il faisait sonner retraite générale. 
En 1430, Charles VII tenta derechef de prendre la ville, cette fois par la ruse. Il fomenta un complot qui fut découvert par les Anglais. Du coup, six Parisiens furent exécutés par l’occupant. 
Depuis l’échec du siège, l’héroïne gêne le pouvoir. D’Alençon n’est pas dupe « Ils ne veulent pas comprendre que la victoire totale est maintenant possible par nos propres forces. Jeanne, ils t’abandonnent ! ». 
Cependant, Jeanne repart en campagne. Elle conduit sa propre troupe. Elle devient une chef de guerre indépendante et ne représente plus le roi. Le 23 novembre, elle met le siège devant La Charité-sur-Loire pour en chasser Perrinet Gressart, chef de guerre tantôt à son propre compte, tantôt à la solde des Anglais et des Bourguignons. C’est un échec. Jeanne regagne Jargeau. 
Le pouvoir lui ordonne de rester dans le château de La Trémoille (conseiller de Charles VII) à Sully-sur-Loire. Mais elle s’en va incognito pour se rendre à Compiègne, assiégée par les Bourguignons. Le 14 mai 1430, lors d’une sortie aux portes de la ville, elle est capturée par les Bourguignons de Jean de Luxembourg. Elle est conduite à Margny (Oise). Elle reste là jusqu’au 28 mai. Puis elle est transférée au château de Beaulieu dans le Vermandois. Elle tente de s’évader. On l’emmène alors plus au nord, au château de Beaurevoir. Elle fait une nouvelle tentative d’évasion, et se blesse sérieusement. 
Enfin, le 21 novembre, elle est vendue à l’Anglais, pour dix mille livres tournois. La voilà sous la coupe de l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, allié des Anglais. 
On la conduit à Arras, Drugy-lès-Saint-Riquier, Le Crotoy, Saint-Valéry, Dieppe et Rouen où elle est enfermée dans une tour du château de Philippe Auguste. L’enquête préliminaire commence en janvier 1431. Le procès débute le 21 février. Il durera jusqu’au 23 mai. Quelque cent vingt personnes participent au procès. On ne parvient pas à trouver un chef d’accusation valable. Bedford tique « Nous la reprendrons si le tribunal la déclare innocente ! ». Le tribunal est sous pression. Certains membres de ce tribunal déclareront plus tard «Il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur » et « Je vois que si l'on n'agit pas selon la volonté des Anglais, c'est la mort qui menace ». Ambiance ! 
Le tribunal lui reproche donc de porter des habits d’homme, d’avoir quitté ses parents sans leur permission et surtout de s’en remettre systématiquement au jugement de Dieu, plutôt qu’en celui de « l’Eglise militante » ! Et les voix sont certes inspirées par le Malin. 
L’Université de Paris en rajoute une couche en rendant son avis. Jeanne est coupable d’être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, hérétique, et tout et tout…L’accusée en appelle au pape. Les juges n’en tiennent pas compte. Elle déclare «Sur l'amour ou la haine que Dieu porte aux Anglais, je n'en sais rien, mais je suis convaincue qu'ils seront boutés hors de France, exceptés ceux qui mourront sur cette terre ». 
Le 24 mai, au cimetière Saint-Ouen de Rouen, on use d’une lamentable ruse de sioux. Les juges mettent en scène un simulacre de bûcher pour effrayer Jeanne aux fins qu’elle reconnaisse et abjure ses « fautes ». On lui promet de l’incarcérer dans une prison ecclésiastique si elle obtempère. Lasse, elle signe, d’une croix. On la renvoie dans sa prison aux mains des Anglais. Se voyant trompée, elle se rétracte. Là-dessus, on constate qu’elle a revêtu de nouveau des habits d’homme. Comment pouvait-il en être autrement si on lui a caché ses habits de femme ? On la déclare relapse. 
Le 30 mai, elle est conduite au bûcher dressé place du Vieux-Marché. Avant de mourir, Jeanne eut encore à subir le prêche du prédicateur Nicolas Midi, l’un de ses plus acharnés accusateurs. 
Beaucoup, parmi les spectateurs, n’étaient pas très fiers de cette vilaine action. On dit que Jean Tressard, secrétaire du roi d’Angleterre, quitta les lieux en disant « Tout ce que j’ai vu m’épouvante. Nous sommes perdus pour avoir brûlé cette sainte ! ». 
Et l’ami Charles VII, qu’a-t-il fait au juste pour essayer de tirer Jeanne de cet enfer ? 
Le 15 février 1450, après avoir repris Rouen, il publie une ordonnance « les ennemis de Jeanne l’ayant fait mourir contre raison et très cruellement », il veut savoir la vérité sur cette affaire. 
Un peu tardif… 
A suivre… 
Ci-dessous : 
Le monument qui commémore la bataille de Montépilloy et le succès des troupes de Jeanne d'Arc contre les Anglais, le 15 et 16 août 1429. Sauf que la bataille n’a pas eu lieu. 
Jeanne d'Arc à la porte Saint Honoré lors du siège de Paris en 1429. Miniature issue du manuscrit de Martial d'Auvergne. 
Plaque commémorative, rue Saint-Honoré, au niveau des n°161-163. 
Les remparts de La Charité-sur-Loire. 
Jeanne d'Arc faite prisonnière à Compiègne, peinture murale du Panthéon. 
Jeanne d'Arc présentée à son juge, l'évêque Pierre Cauchon, entouré de ses assesseurs. 
Lettrine U ornée, page des Chroniques du siège d'Orléans, dit manuscrit d'Urfé, XVe siècle, Paris, BnF. 
Tour Jeanne d’Arc, Rouen. Ce donjon a été le cadre d'une séance au cours du procès de condamnation de Jeanne d'Arc. Elle y fut menacée de torture et mise en présence de ses bourreaux et des instruments de torture.


 





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