27
Jan
2016
[Recommandé] Le stratège de la terreur : des dossiers secrets révèlent la structure de l’État islamique, par Christoph Reuter
Un officier irakien a planifié la prise de contrôle de la Syrie par l’État islamique. SPIEGEL a obtenu un accès à ses documents en exclusivité. Ils décrivent une organisation animée par un fanatisme religieux de façade, mais qui est en réalité froidement calculatrice.
Distant, poli, prévenant, extrêmement vigilant, réservé, malhonnête, énigmatique, malveillant. Se remémorant leur rencontre avec lui qui remontent à plusieurs mois, les rebelles nord-syriens évoquent un homme aux multiples facettes. Mais ils s’accordent sur une chose : « Nous n’étions jamais sûrs de savoir à qui nous avions affaire. »
En fait, pas même ceux qui ont tiré sur lui et l’ont tué après un bref échange de coups de feu dans la ville de Tal Rifaat un matin de janvier 2014, ne connaissaient la véritable identité de cet homme de grande taille qui approchait la soixantaine. Ils ne savaient pas qu’ils avaient tué le chef stratégique du groupe autoproclamé « État islamique » (EI). Ce fut le résultat d’une rare mais fatale erreur de calcul commise par le brillant stratège. Les rebelles locaux placèrent le corps dans un réfrigérateur, dans lequel ils avaient l’intention de l’enterrer. Ils l’en ressortirent seulement après s’être rendu compte de l’importance de cet homme.
Le véritable nom de cet irakien dont la rudesse des traits était adoucie par une barbe blanche était Samir Abd Muhammad al-Khlifawi. Mais personne ne le connaissait sous ce nom. Même son pseudonyme le plus utilisé, Haji Lakr, n’était pas connu de tous. Mais cela faisait précisément partie du plan. Cet ancien colonel du renseignement dans l’armée de l’air de Saddam Hussein tirait les ficelles de l’EI depuis des années. D’anciens membres de l’organisation l’avaient à plusieurs reprises mentionné comme l’un de ses leaders. Son rôle n’avait cependant jamais été clairement établi.
Mais à sa mort, le concepteur de l’État islamique laissa derrière lui ce qu’il avait voulu garder strictement confidentiel : le projet de cet État......
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