vendredi 24 avril 2015

Les Crises.fr :On devient terroriste, parce que l’on n’est pas entendu, par Henri Laborit

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                                  Des images pour comprendre
24
Avr
2015

On devient terroriste, parce que l’on n’est pas entendu, par Henri Laborit


Profitons-en, on devrait normalement prochainement brûler ce livre pour apologie du terrorisme…
La biographie d’Henri Laborit est ici - il aurait 100 ans…
Henri Laborit, Une Vie – Derniers entretiens avec Claude Grenié (1996, Ed. du Félin)
Pages 110 à 113 : Méconnaissance de l’inconscient
C. G. : Peut-il y avoir des pathologies de l’inconscient ?
H. L.: La pathologie de l’inconscient désigne, selon moi, une méconnaissance de l’inconscient. Freud a dit que l’inconscient était constitué par ce que l’on ne veut pas admettre dans la conscience et que l’on refoule. Toute la psychiatrie et la psychanalyse se sont embarquées dans la recherche du refoulé. Mais il me semble, quand je me vois vivre et quand je vois vivre mes contemporains, que ce que l’on appelle l’inconscient, c’est en fait le conscient. Ce qui signifie que nous sommes strictement inconscients de tous nos jugements de valeur, de la façon dont ils se sont établis au cours de notre enfance, de tout ce qui remplit notre cerveau de lieux communs, d’automatismes conceptuels et verbaux. La personnalité d’un homme est, selon moi, déterminée par son inconscient. Elle est ce dont il n’est pas conscient. S’il en était conscient, il pourrait peut être changer, varier, faire autre chose. Mais, en général, il détient une vérité qui est sa conscience et à laquelle il ne touche pas.
C. G. : S’il arrive à se rendre compte que ce qu’il appelle conscient désigne, en fait, tous ses jugements de valeur inconscients, s’il arrive à le comprendre, peut-il modifier sa situation ?
H. L. : Oui. On sera moins affirmatif. Lorsque je disais, hier, que je n’étais pas sûr de moi, je voulais dire que je sais bien que je ne détiens pas la vérité. Ce que je crois être la conscience que j’ai d’un événement vient de tous les automatismes culturels que j’ai emmagasinés dans ma mémoire, depuis ma naissance et en fonction de mon milieu. Cette distinction est fondamentale. Elle doit, selon moi, permettre de ne pas tuer le type de Bosnie-Herzégovine ou le non-juif quand on est juif. Grâce à elle, nous devrions avoir un autre comportement. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous l’avons fait dans l’obscurantisme. La science moderne est malheureusement passive, elle ne contribue en rien à cette nécessité de changement.
C. G. : Vous avez dit que si nous nous rendions compte de cette masse inconsciente, les comportements pourraient changer.
H. L. : Je le crois. Je vais apporter une petite modification. Dans la mesure où je sais que je ne suis pas libre, que je suis entièrement automatisé à être ce que je suis, si je rencontre quelqu’un d’intolérant qui, lui, pense qu’il détient la vérité et veut me l’imposer, il ne me restera qu’à fuir, ce que j’ai fait toute ma vie. Si l’on ne peut pas fuir, on se soumet. Mais il n’est pas agréable de se soumettre. On devient alors agressif, on place des bombes. On devient terroriste, parce que l’on n’est pas entendu. Je dirai presque qu’il n’y a rien de plus normal que le terrorisme. Comment ne pas être terroriste quand on est un Palestinien ? Tous nos rapports guerriers ont été des rapports de terroristes et de résistants. Les résistants étant du côté des plus forts, les terroristes du côté de ceux qu’on n’écoute pas. Les terroristes sont ceux qu’on n’entend pas, car ils sont considérés comme nuls et non avenus. Si les six milliards d’hommes de la planète savaient ce que je suis en train de dire, et qui, sans être la vérité, est au moins une opinion qu’ils pourraient discuter, les choses pourraient peut-être changer.
C. G. : Vous aviez convenu qu’il faudrait aborder l’inhibition de l’action à partir des différentes sources d’angoisse et des moyens éventuels d’y remédier....

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