INTERNATIONAL - L'armée ukrainienne a lancé tôt vendredi 2 mai une opération militaire près de la ville séparatiste pro-russe de Slaviansk, tentant de rétablir son autorité sur cette ville qui échappe à son contrôle depuis la mi-avril et où sont retenus depuis une semaine des observateurs de l'OSCE.
Une offensive qui a fait "beaucoup de morts et de blessés" du côté des rebelles et deux côté ukrainien, a déclaré le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, dans une adresse à la nation. Plus tôt, deux militaires ukrainiens ont également été tués lorsque deux hélicopères MI-24 ont été abattus avec des lance-roquettes portables près de la ville, a annoncé le ministère de la Défense.
"Les appareils ont été abattus par des inconnus qui ont utilisé des lance-roquettes portables. Deux militaires ukrainiens ont été tués et plusieurs blessés dans ces tirs", a déclaré le ministère dans un communiqué. Le premier bilan officiel du ministère de l'Intérieur faisait état d'un hélicoptère 

Des tirs et de fortes détonations avaient résonné tôt vendredi en périphérie de la ville, et des tirs sporadiques d'armes légères se poursuivaient en début de matinée. Par ailleurs, des soldats ukrainiens ont pris le contrôle d'un check-point des rebelles au sud de la ville où ils stationnent avec une dizaine de blindés."C'est une attaque d'envergure totale", a déclaré la porte-parole des rebelles. Selon eux, trois séparatistes pro-russes ainsi que deux civils ont été tués dans l'assaut de Slaviansk.
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A Odessa (dans le sud du pays), des pro-russes ont par ailleurs attaqué des pro-Kiev, faisant au moins un mort et une dizaine de blessés. Plusieurs centaines de pro-russes portant des casques et armés de matraques ont attaqué un défilé de partisans de Kiev, qui étaient environ 1.500, dans le centre-ville. La police a tenté de s'interposer mais les échauffourées ont fait une dizaine de blessés dans les deux camps, dont un était allongé au sol sans mouvement.

Face à l'escalade de la violence, la Russie a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Ukraine qui se tiendra vendredi à midi à New York (18h heure française), ont indiqué des diplomates. La réunion sera publique, ont-ils précisé. Cette rencontre sera la treizième depuis le début de la crise ukrainienne, aucune des précédentes réunions formelles ou séances de consultations n'ayant abouti à une prise de position commune du Conseil sur ce dossier.
En réaction, l'Ukraine a demandé à la Russie d'"arrêter l'hystérie et les menaces". L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a dénoncé devant des journalistes "un acte méprisable de violence" de la part de Kiev, qui peut "mener l'Ukraine à la catastrophe".
Les observateurs de l'OSCE toujours détenus
Le maire auto-proclamé de Slaviansk et chef séparatiste, Viatcheslav Ponomarev avait mis en garde depuis plusieurs jours contre une attaque ukrainienne. Les rebelles qu'il mène y détiennent depuis une semaine une équipe de 11 observateurs de l'OSCE, 7 étrangers et 4 Ukrainiens. Les négociations pour leur libération n'ont jusqu'ici rien donné.
Slaviansk fait partie de la douzaine de villes de l'Est ukrainien sous contrôle des séparatistes pro-russes. Kiev accuse la Russie, qui a déjà mis la main en mars sur la Crimée, de téléguider les troubles, ce que dément Moscou. Les rebelles pro-russes ont indiqué que l'assaut contre Slaviansk "retarderait" la libération des inspecteurs de l'OSCE. "La décision de les libérer n'a pas encore été prise", a déclaré Denis Pouchiline, leader des séparatistes de Donetsk.
La situation en Ukraine, et le sort des observateurs de l'OSCE doivent figurer vendredi au centre d'une série de rencontres, notamment entre le président des Etats-Unis Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel, qui tiendront leur premier tête-à-tête depuis le début de la crise ukrainienne. A Berne, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier rencontrera son homologue suisse Didier Burkhalter, actuel président de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe.
Angela Merkel avait demandé jeudi au président russe Vladimir Poutine de "faire usage de son influence" dans le dossier des observateurs retenus en "otages" alors que les négociations semblent piétiner depuis plusieurs jours. Au cours d'une conversation téléphonique, les deux dirigeants ont par ailleurs insisté sur "l'importance de la médiation" de l'OSCE en Ukraine.
Intégrité territoriale menacée
Jugeant que l'intégrité territoriale de l'Ukraine était menacée, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a réintroduit jeudi la conscription face à la détérioration de la situation dans l'Est.
Peu auparavant à Donetsk, principale ville de la région rebelle, le siège du Parquet régional avait été pris d'assaut en moins d'une heure par une foule de manifestants pro-russes, illustrant l'impuissance croissante des autorités ukrainiennes à assurer l'ordre dans la province en proie à des troubles.
Les policiers, qui tentaient de protéger le bâtiment, ont été frappés avant de pouvoir quitter les lieux, désarmés, ont constaté des journalistes de l'AFP. Selon les médias locaux, des hommes armés et encagoulés ont pris dans la soirée le siège du Parquet de la ville de Gorlivka. Ils ont emporté les ordinateurs et brûlé des dossiers dans la cour de l'immeuble.
Les rebelles pro-russes, hostiles au pouvoir mis en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch, ont continué ces derniers jours d'étendre leur emprise. Ils contrôlent désormais des sites stratégiques (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans plus d'une douzaine de villes.