Chômage: l'Insee constate une inversion de la courbe fin 2013
AFP/AFP/Archives - Des personnes à la recherche d'un travail, le 18 octobre 2012, lors d'un salon pour l'emploi, à Arras, dans le nord de la France
Pour
l'Insee, l'inversion de la courbe du chômage a bel et bien été amorcée fin 2013
: contrairement au nombre d'inscrits à Pôle emploi, qui a continué à grimper,
le deuxième "thermomètre" du chômage a légèrement baissé, une
"bonne nouvelle" selon Jean-Marc Ayrault.
L'Institut
national de la statistique, qui mesure le chômage selon les normes du Bureau
international du Travail (BIT), a publié jeudi un taux de chômage révisé à 9,8%
en métropole (10,2% avec l'outre-mer) au quatrième trimestre, en baisse de 0,1
point par rapport au trimestre précédent.
"Le
chômage est en train de reculer. Il a baissé en un an de 85.000 pour les
jeunes", s'est félicité le Premier ministre, ajoutant que c'était "le
moment de mettre le turbo et de faire vivre" le pacte de responsabilité,
mis sur les rails mercredi par les partenaires sociaux.
"Le
chômage en France a baissé au 4e trimestre 2013, conformément à l'ambition du
président de la République de voir le chômage commencer à reculer en fin
d'année. C'est la première fois depuis la mi-2011", a quant à lui commenté
le ministre du Travail Michel Sapin dans un communiqué.
L'amélioration
mise en évidence par l'Insee concerne notamment les 15-24 ans (-1,1 point sur
un trimestre, -2,6 points sur un an). Leur taux de chômage atteint toutefois
encore 22,8% au 4e trimestre 2013.
Le deuxième
indicateur du chômage en France, le nombre d'inscrits à Pôle emploi, a lui au
contraire continué à grimper, contredisant l'engagement présidentiel
d'"inverser la courbe du chômage" à la fin de l'année dernière. Fin
janvier, Pôle emploi recensait 3,31 millions de demandeurs d'emploi sans
activité en métropole, un plus haut historique. L'Insee, dont la méthodologie
est plus restrictive, évalue de son côté le nombre de chômeurs au quatrième
trimestre à 2,78 millions.
- 'Ne pas
surinterpréter' -
Alors que le
nombre de chômeurs au sens du BIT est stable sur l'année 2013, "sur la
même période, le nombre de demandeurs d'emploi en fin de mois inscrits à Pôle
emploi classés en catégorie A (sans aucune activité) progresse de 190.000. Ces
deux mesures ne sont pas contradictoires, car elles ne recouvrent pas les mêmes
situations", souligne l'Insee dans un communiqué.
L'Institut de
la statistique considère comme chômeur un personne remplissant trois critères :
ne avoir pas travaillé au cours de la semaine, chercher activement un emploi et
être disponible dans les deux semaines.
Mesuré grâce à
une enquête effectuée chaque trimestre auprès de 110.000 personnes, le taux de
chômage est le seul indicateur reconnu au niveau international. Il est préféré
par les économistes aux chiffres de Pôle emploi, soumis aux aléas
administratifs (inscriptions, radiations, etc.).
Nouveauté
importante dans les chiffres publiés jeudi, une révision à la baisse de 0,5
point de tous les taux de chômage, présents et passés, due à une
"rénovation" de l'enquête menée auprès des ménages. L'Insee a
notamment revu la formulation de certaines questions, afin d'améliorer leur
compréhension.
Le pic
historique, atteint à deux reprises en 1994 et 1997, est ainsi ramené à 10,4%
en métropole. Et le point bas, atteint début 2008, à 6,8%.
"Personne
n'a mis son nez là-dedans au gouvernement, ni au ministère du Travail, ni à
Bercy", affirme-t-on au ministère du Travail à propos de cette révision.
Les chiffres
publiés jeudi sont un peu meilleurs qu'attendu: dans ses prévisions, publiées
en décembre, l'Insee tablait sur une stabilisation du chômage fin 2013 et début
2014, avant une légère hausse au printemps.
"Le
diagnostic d'ensemble n'a pas de raison d'être fondamentalement modifié, il ne
faut pas surinterpréter cette baisse", selon Fabrice Lenglart, directeur
des statistiques démographiques et sociales de l'Institut. De fait, aucun
organisme international n'anticipe d'embellie en 2014.
"On voit
bien en 2013 l'effet des politiques de l'emploi (contrats aidés, emplois
d'avenir, formations...), car il n'y a pas eu assez de croissance pour faire
baisser le chômage. Une baisse aussi petite n'est pas interprétable, tout
l'enjeu maintenant, c'est le rebond", estime Christine Erhel, chercheuse
au Centre d'études de l'emploi (CEE).
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