Dans
plusieurs centaines de villes, le Front national est annoncé au second tour des
élections municipales. S’il menace d’en gagner quelques-unes, le parti
d’extrême droite risque, le plus souvent, d’exercer sa capacité de nuisance
lors de triangulaires et d’imposer un casse-tête au PS et à l’UMP. Le
front républicain décidé par les états-majors pour faire barrage au FN s’est
délité au fil des scrutins et des réalités locales. Il s’est
également dissous dans le rapprochement idéologique entre une frange
de la droite et de l’extrême droite, esquissé par Nicolas Sarkozy
lors de la dernière présidentielle et renforcé depuis deux ans
par Jean-François Copé. Et si ce front républicain reste la règle rue de
Solférino, nos enquêtes montrent que nombre de candidats socialistes
n’appliqueront pas les consignes nationales. Ils entendent ainsi rester au
second tour au risque de faire gagner le parti de Le Pen. On peut
comprendre leurs arguments face à des candidats UMP contaminés par les
idées de l’extrême droite. Ils savent aussi que, absents du second tour, les
socialistes disparaissent de la scène locale pendant de longues années. Pendant
six ans, des conseils municipaux seront exclusivement peuplés de la droite
et de l’extrême droite. Et la gauche pourrait perdre
le Sénat.
Il reste que la politique est aussi affaire de morale et de
courage. Comment le PS pourra-t-il justifier avoir laissé le gouvernement
de villes à un parti prêt à appliquer son programme d’exclusion et de
discrimination ? Comment pourra-t-il faire sa priorité de la lutte contre le FN
quelques semaines plus tard aux européennes ?
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