L'actualité du vendredi 24/01/2014
La UNE   Barbe de trois jours
Un spectre hante la vie politique française : le retour de Nicolas
Sarkozy. Confidences et perfidies assassines entretiennent depuis des mois
la petite musique du grand homme en réserve de la République, prêt une
nouvelle fois, par devoir et non plaisir, à faire don de son corps à la
nation. Une saison 2 très kitsch, entre comte de Monte-Cristo et général
de Gaulle. La gauche l’a vécu en son temps avec Lionel Jospin :
il n’y a rien de plus envahissant qu’un ex-leader battu dans les urnes qui
continue à entretenir le mystère sur ses ambitions. Dans cet art de la
glaciation, Sarkozy est passé maître. Il bloque son camp, interdit les débats
gênants, rappelle les vassalités anciennes à ses «collaborateurs» qui imaginent
pouvoir s’en affranchir. A ceux qu’il rencontre, il offre le visage d’un hyper
ancien président à barbe de trois jours. S’il ne se rase plus tous les
matins, il ne pense qu’à ça, survolté, encore shooté à la politique,
lui qui jadis, devant des journalistes, mimait le geste du drogué se retirant enfin
la seringue du bras. Des sujets les plus triviaux aux idées
qui pourraient constituer l’armature idéologique de futures batailles
(Schengen, l’identité républicaine, la redéfinition du progressisme), du
mépris régalien pour son successeur à celui, souverain, pour les ténors de la
droite, il occupe tous les espaces, oubliant avec une mauvaise foi stupéfiante
la défaite de 2012 et les graves ratés de son quinquennat. Qu’importent
les bruits venus de la coulisse, sur scène Nicolas Sarkozy est bien plus seul
qu’il ne veut le faire croire. Et les Français bien moins amnésiques qu’il ne
l’espère.
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