La
conférence climat de Varsovie est parvenue samedi à un accord qui pose les
premiers jalons sur le chemin à parcourir jusqu'au grand rendez-vous de Paris
en 2015.
Ce texte est venu
couronner plus de trente heures de négociations non-stop dans le grand stade de
Varsovie, où se tenait cette conférence rassemblant plus de 190 pays et qui
devait s'achever officiellement vendredi.
"Juste à temps,
les négociateurs à Varsovie ont fait juste ce qu'il fallait faire pour que ce
processus continue d'avancer", a commenté Jennifer Morgan, directrice du
Centre de recherches World Resources Institute (WRI).
"Les
représentants des différents pays doivent désormais rentrer chez eux et faire
des progrès significatifs sur leurs offres (en matière de lutte contre le
changement climatique, ndlr) qui doivent devenir la colonne vertébrale du
nouvel accord sur le climat", a-t-elle ajouté.
L'ambition de la
conférence de Varsovie était de poser "la pierre fondatrice", selon
les mots du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, de l'ambitieux
accord attendu en 2015 à Paris sur les réductions de gaz à effet de serre.
Pour la première fois,
l'accord doit concerner tous les pays, être légalement contraignant et
suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement du globe à 2°C par rapport
à l'ère pré-industrielle.
La hausse de la
température mondiale est actuellement sur une trajectoire d'environ 4°C.
Mais un bras de fer
long et musclé a opposé samedi les grands émergents, Chine et Inde, à l'Union
européenne et les Etats-Unis sur la formulation du texte, ces premiers
insistant pour continuer à être considérés comme des "pays en
développement", et à ce titre, ne pas devoir en faire autant que les pays
industrialisés contre le réchauffement.
Le négociateur chinois
Su Wei s'était dit "très préoccupé" par le fait que le texte sur la
table propose que toutes les parties prennent des "engagements" en
matière de lutte contre le changement climatique.
Le ton est monté au
point que la perspective d'achever la conférence de Varsovie sans accord était
évoquée ouvertement, ce qui aurait été un faux-départ très préjudiciable pour
l'accord de 2015.
Les négociateurs des
principaux pays, Chine, Inde, Etats-Unis, entre autres, se sont alors
rassemblés dans un coin de la grande salle de conférence et durant environ une
heure, ont négocié une formulation acceptable par tous.
Résultat: au lieu
d'"engagements", le texte adopté parle de "contributions"
-- formule bien moins forte -- que les pays devront présenter, et précise
qu'elles ne "préjugent pas de leur nature légale".
Le texte ne propose
pas non plus de réelle feuille de route vers 2015, comme le voulait l'Union
européenne.
Il est demandé aux
différents Etats de communiquer leurs contributions "bien en avance"
avant la conférence de Paris afin de les évaluer, "le premier semestre de
2015 pour les parties en position de le faire", une formule que la France
aurait voulu plus contraignante.
Un texte sur l'aide
financière aux pays du Sud a également été adopté à Varsovie, sans répondre aux
exigences de ces derniers qui voulaient plus de visibilité sur la mobilisation
des 100 milliards de dollars promis d'ici 2020 pour les aider à faire face au
changement climatique.
L'accord ne pose pas
de montants intermédiaires sur la table, et seule concession des pays riches,
"presse" les pays développés à "continuer à mobiliser de
l'argent public, à des niveaux supérieurs" à ceux de l'aide d'urgence
décidée pour 2010-2012, soit 10 milliards de dollars par an.
"Cette conférence
devait être la conférence des finances", a déclaré à l'AFP le négociateur
du Bangladesh, Qamrul Chowdhury. "Et tout ce qu'on a, ce sont des
cacahuètes", a-t-il ajouté.
La conférence de
Varsovie n'avait pas clos ses travaux en fin d'après-midi car des négociations
se poursuivaient sur la création d'un mécanisme portant sur les "pertes et
dommages" que subissent les pays du Sud à cause du réchauffement.
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