Reuters/Reuters - Le différend entre Barack Obama et Vladimir Poutine sur le dossier syrien risque de reléguer au second plan l'ordre du jour économique du sommet du G20 qui s'ouvre ce jeudi à Saint-Pétersbourg en Russie. /Photo prise le 4 septembre 2013/REUTERS/Alexander Demianchuk
SAINT-PETERSBOURG, Russie (Reuters) - Le différend entre Barack
Obama et Vladimir Poutine sur le dossier syrien risque de reléguer au second
plan l'ordre du jour économique du sommet du G20 qui s'ouvre ce jeudi à
Saint-Pétersbourg en Russie.
Les dirigeants des
pays principaux pays industrialisés et en développement ont prévu d'avancer sur
la croissance, les échanges commerciaux, la transparence bancaire et la lutte
contre la fraude fiscale. Les pays membres de ce club représentent deux tiers de
la population mondiale et 90% de la richesse créée sur la planète.
Ces pays ne sont pas
forcément d'accord sur les conséquences à tirer de la crise des devises sur les
marchés émergents ou de la décision de la Réserve fédérale des Etats-Unis de
mettre fin à son programme de soutien à l'économie américaine.
Mais, par comparaison,
les positions sur ces sujets semblent moins difficiles à rapprocher que celles
de Vladimir Poutine et de Barack Obama sur la nécessité d'une intervention en
Syrie, alors même que ce dossier n'est pas officiellement à l'ordre du jour. Le
président russe comme le président américain ont donné de la voix dès mercredi
sur ce sujet.
Barack Obama a profité
d'une escale en Suède sur la route du G20 pour à nouveau défendre son projet
d'intervention contre le président syrien Bachar al Assad, coupable à ses yeux
d'avoir utilisé des armes chimiques contre son peuple le 21 août dans la plaine
de la Ghouta près de Damas.
La communauté
internationale ne peut pas rester silencieuse face à la "barbarie" de
l'attaque au gaz neurotoxique du 21 août, a déclaré Barack Obama selon qui
"le monde a fixé une ligne rouge" contre l'utilisation des armes
chimiques.
HARMONIE ROMPUE
Parallèlement, la
commission des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté un projet de
résolution autorisant l'usage de la force armée en Syrie, mais de manière plus
limitée que ce que demandait Barack Obama.
Vladimir Poutine a
pour sa part déclaré qu'un feu vert à une intervention donné par le Congrès
américain sans vote d'une résolution au Conseil de Sécurité des Nations unies
serait un acte d'"agression".
Le président russe,
qui n'a pas exclu de soutenir une action militaire qui aurait obtenu l'aval du
Conseil de sécurité, a accusé le secrétaire d'Etat américain John Kerry de
mentir en minimisant la place d'Al Qaïda au sein des insurgés qui se battent
contre Bachar al Assad.
Sur le plan
économique, le G20 était parvenu à une coopération sans précédent entre pays
développés et pays émergents pour éviter l'effondrement économique durant la
crise financière de 2009, mais cette harmonie est désormais rompue.
Il devrait y avoir
toutefois quelques accords, notamment sur les mesures contre la fraude fiscale
par les multinationales.
Il sera également
proposé aux dirigeants du G20 de mieux réglementer le marché mondial des
produits dérivés -futures, options et autres swaps- dans le but de prévenir la
formation de nouvelles bulles financières.
Mais un consensus sera
difficile à trouver parmi les pays développés: d'un côté les Etats-Unis travaillent
activement à soutenir la demande, tandis que l'Europe sort de l'austérité plus
lentement.
RELANCER LA CROISSANCE
Parallèlement, les
grands pays émergents dits des Brics sont divisés sur le rôle du dollar
américain dans les échanges économiques mondiaux. Et pour l'instant, Brésil,
Russie, Chine et Afrique du Sud ne semblent pas avoir l'intention de se rallier
derrière le cinquième membre des Brics, l'Inde, qui a appelé vendredi dernier à
une intervention conjointe sur les marchés des changes.
Le Fonds monétaire
international appellera pour sa part à un renforcement de la coopération
mondiale pour relancer la croissance et mieux gérer les risques.
Les économies
développées, à commencer par les Etats-Unis vont de plus en plus prendre le
relais comme moteur de la croissance, estime le FMI selon un document obtenu
par Reuters, tandis que les pays émergents risquent un ralentissement, en
raison d'un durcissement de la politique monétaire américaine.
"L'inquiétude la
plus grande pourrait bien être de voir une période prolongée de mollesse de la
croissance mondiale", déclare le FMI.
Le Fonds dit toutefois
anticiper une accélération de la croissance mondiale en 2014, tandis que les
conditions monétaires resteront très accommodante chez les pays riches.
L'ancien ministre
russe des Finances Alexeï Koudrine a appelé à la prudence. Il souligné la
menace constituée par la dette. "Nous n'en sommes pas encore à la reprise,
nous avons simplement gagné une marge de respiration", a-t-il dit.
D'autres sujets de
friction pourraient apparaître en marge du sommet. Barack Obama a l'intention
de rencontrer des militants des droits de l'homme dont des membres d'un groupe
de défense des droits des homosexuels qui protestent contre une nouvelle loi
russe qui interdit la "propagande" homosexuelle chez les mineurs.
Cette loi a été très critiquée en Occident.
Avec Gernot Heller,
Luke Baker, Tetsushi Kajimoto, Lidia Kelly, Steve Gutterman, Katya Golubkova,
Alessandra Prentice et Denis Dyomkin; Danielle Rouquié pour le service français
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