Par FRANÇOIS SERGENT
Les frappes annoncées
sur la Syrie fractionnent le monde. Le G20 comme les pays du Sud, les
partis politiques en Occident comme les intellectuels de tous bords. La
guerre des positions anticipe la vraie guerre. En regard de la réunion
de Saint-Pétersbourg, nous avons ainsi choisi de donner la parole aujourd’hui
aux intellectuels des pays arabes et musulmans directement concernés
par la décision française et américaine. Qu’ils soient pour ou contre
l’intervention occidentale, tous s’interrogent déjà sur l’après-guerre.
Que veulent finalement Obama et Hollande une fois qu’Al-Assad aura été «puni» ?
Le renversement du bourreau de Damas, qui n’est même pas l’un des buts de
guerre avoués de Paris et de Washington, ne peut à lui seul servir de solution.
On l’a vu en Irak comme en Libye après la chute et la mort de Saddam Hussein ou
du colonel Kadhafi. Dans un remarquable document,
l’International Crisis Group, qui
s’attache à la résolution des conflits, rappelle quelques vérités de base.
La solution en Syrie sera politique et diplomatique, pas militaire. Alors
qu’opposition comme régime continuent à entretenir la dangereuse illusion
qu’ils peuvent l’emporter par les armes.
La France et les
Etats-Unis seront plus crédibles et pourront sortir de leur isolement si les
deux présidents promeuvent, après les frappes, une véritable transition
politique. Une solution qui doit aussi inclure les alliés russe et iranien du
régime, aussi peu ragoûtants soient-ils, tout comme les pays voisins et les
parrains de l’opposition. Une solution, comme le dit l’ICG, qui «reflète
plus qu’elle n’altère l’équilibre stratégique régional».
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