mardi 5 mars 2013

Heures sup': la révolte que la gauche a tort d'ignorer

                                                            Marianne

Heures sup': la révolte que la gauche a tort d'ignorer

Mardi 5 Mars 2013 à 05:00 | 
LAURENCE DEQUAY ET EMMANUEL LÉVY - MARIANNE

S'ABONNER À MARIANNE+ Imprimer IMPRIMER    Augmenter le texte AUGMENTER LE TEXTE    Diminuer le texte DIMINUER LE TEXTEPour 9 millions de salariés, c'est la douche froide : la fin des exonérations sur les heures sup leur a raboté d'un coup 500 € annuels de pouvoir d'achat en moyenne. Une décision qui nourrit une colère sourde.

Heures sup': la révolte que la gauche a tort d'ignorer
En politique, c'est connu, l'impopularité d'une décision se mesure à la pile de courrier reçu à la suite de son application. C'est pourquoi, à Bercy, on a très vite su que la fin des exonérations fiscales sur les heures supplémentaires semait une colère sourde parmi le peuple de France. «On a reçu une quantité astronomique de lettres, souffle un habitué des couloirs du ministère, et ça a repris de plus belle quand Jérôme Cahuzac a certifié que la politique fiscale du gouvernement ne concernait qu'un contribuable sur 10.» Car, depuis le 1er août 2012, 9 millions de salariés savent bien qu'ils ont été «touchés», eux aussi. 

Le coup de pouce aux heures supplémentaires - le fameux «travailler plus pour gagner plus»voulu par Nicolas Sarkozy -, ce petit shoot de pouvoir d'achat pour les profs, serveurs, chauffeurs routiers ou assistantes maternelles venait compenser une progression salariale déprimante. Trois années de ce régime instauré par la loi Tepa avaient suffi à installer une puissante addiction. Comment en irait-il autrement quand, en période de rigueur salariale, la prescription consistait à injecter directement 500 € de pouvoir d'achat en moyenne par an ? Non sans contrepartie : pour l'Etat, cette mesure dénoncée par tous les économistes comme inefficace, voire destructrice d'emplois, avait un coût : 5 milliards d'euros. Inefficace et chère, il n'en fallait pas plus au candidat Hollande pour promettre d'y mettre fin, et au président pour récupérer lesdits milliards. Les premiers effets se sont fait ressentir sur les bulletins de paie de septembre, avec le retour des cotisations sociales sur les heures sup. Le second effet est à venir : les 9 millions de salariés devront également payer des impôts dessus lors de leur prochaine déclaration de revenus. 

"Un poison à diffusion lente" 

«Nous n'aurions pas dû sortir d'un seul coup de ce dispositif. Le choc a été rude», confesse aujourd'hui Christian Eckert, député PS de Moselle et rapporteur général du budget. Sans mesure d'accompagnement pour faire passer la pilule, le gouvernement a donné à la droite de quoi surfer sur une vague de mécontentement des classes moyennes et populaires mises une nouvelle fois à contribution. «C'est un poison à diffusion lente», se félicite un député de l'opposition. Laquelle voudrait bien faire des heures sup le boulet du gouvernement Ayrault, à l'instar de ce que fut le bouclier fiscal pour le couple Fillon-Sarkozy... 

«Neuf cent trente-six euros par an.» Pour Laetitia, le compte est vite fait. Cette assistante maternelle à Boulogne (Hauts-de-Seine) a vu sa fiche de paie mensuelle fondre de 1 600 à 1 522 €. Jusqu'au 1er août dernier, la trentaine d'heures supplémentaires qu'elle effectue chaque mois était exonérée de cotisations sociales, soit une économie d'environ 2,50 € par heure. C'en est fini. «Je m'y attendais, mais ce n'est pas une bonne idée. Cette mesure, c'était le seul bon point du président sortant», soupire-t-elle. Pour l'heure, cette trentenaire n'a pas demandé aux deux couples qui l'emploient de compenser cette perte de 3 % de son pouvoir d'achat. Pour cela, elle compte sur sa prochaine augmentation «prévue dans six mois»... Pas sûr que cela suffise. Car, en plus d'abolir l'exonération de charges, le gouvernement a également décidé de réintégrer les revenus tirés des heures supplémentaires dans le calcul de l'impôt sur le revenu. A ce titre, et rien que sur les quatre derniers mois de 2012, Laetitia devra payer un surplus de presque 100 € par rapport à 2011... 
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