Un Etat au bord de la faillite, une contagion qui menace, des négociations jusqu'au bout de la nuit et, finalement, un accord à l'arrachée. Le scénario qui s'est joué dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 mars pour la survie de Chypre semble désormais familier. Sa chute aussi : l'annonce d'un accord permettant de "mettre fin aux incertitudes concernant Chypre et la zone euro".
Mais derrière l'apparente répétition d'un schéma rodé pendant les crises grecque ou irlandaise, se cache un mécanisme qui s'est sérieusement enrayé. La première mise en cause est celle qui est à la fois le pompier et le gendarme de la crise de la zone euro : la troïka, que forment le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne (UE). Anatomie d'un passage à vide.  

Au cœur de la crise : un manque d'unité flagrant

Dans la résolution de la crise chypriote, il y a eu un premier tomber de rideau trompeur. Samedi 16 mars, l'UE, le FMI et Chypre annoncent un accord sur un plan de sauvegarde "durable, pérenne et dans l'intérêt de l'économie chypriote", selon les mots de Christine Lagarde, directrice générale du FMI. Mais l'annonce est sitôt faite que ces trois qualificatifs paraissent usurpés.
En cause : la fameuse taxe sur les dépôts bancaires, censée dégager les 5,8 milliards d'euros qui viendront s'ajouter aux 10 milliards fournis par le FMI et la zone euro. Cette mesure inédite, qui touche tous les épargnants, déclenche la fureur des Chypriotes et de sérieuses interrogations parmi les économistes.
                                              "La Troïka imprime les euros et achète les nations." Des militants communistes chypriotes protestent contre le plan de sauvetage européen, le 24 mars 2013 à Nicosie (Chypre).
"La Troïka imprime les euros et achète les nations." Des militants communistes chypriotes protestent contre le plan de sauvetage européen, le 24 mars 2013 à Nicosie (Chypre).
(PATRICK BAZ / AFP)
Plus ennuyeux, elle est mal assumée par les Etats membres. Dès lundi, 48 heures à peine après l'annonce de l'accord, plusieurs gouvernements de la zone euro ouvrent la voie à des aménagements, voire critiquent à mots couverts le projet pourtant adopté en leur nom. Si Chypre veut "protéger les petits dépôts, il faut l'écouter", déclare ainsi le ministre des Finances français, Pierre Moscovici. "C'est la position que j'ai défendue, face à des positions beaucoup plus dures", ajoute-t-il dans ce qui ressemble fort à une volonté de se désolidariser de certains de ses confrères.
Même atmosphère à Berlin, où chacun semble vouloir renvoyer à son prochain la responsabilité de la taxe honnie : le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, rejette la responsabilité de la taxation des petits épargnants sur le gouvernement chypriote et la BCE. Jörg Asmussen, membre du conseil exécutif de l'institution et son représentant dans les négociations, rétorque que "ce n'est pas la BCE qui a poussé" pour cette option...

En coulisses : un mauvais compromis...

Pour l'observateur extérieur, à qui la taxe sur les dépôts bancaires a été présentée comme une contrepartie exigée de Chypre par la troïka, c'est à n'y plus rien comprendre....
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