vendredi 11 janvier 2013

MALI : Derrière la marche à la guerre…“des intérêts colossaux paru dans ” Fraternité!", organe du PT d'Algérie


MALI : Derrière la marche à la guerre…“des intérêts colossaux paru dans ” Fraternité!", organe du PT d'Algérie

Deux documents parus dans Fraternité!, organe du Parti des travailleurs d’Algérie, (décembre 2012)
1  1 - Interview de Sissiko Cheick Oumar, président de Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi)
Derrière la marche à la guerre…“des intérêts colossaux”
Fraternité : face aux menaces d’intervention militaire qui se précisent contre le Mali, pouvez-vous nous donner un aperçu des derniers développements politiques ?
Laissez-moi exprimer la profonde considération envers votre parti, le Parti des travailleurs (PT), et à votre nation qui a arraché son indépendance de hautes luttes, au prix de beaucoup de sacrifices, il y a un demi-siècle. Dans plusieurs capitales occidentales se trament aujourd’hui des scénarios pour faire payer aux peuples la facture de la crise du système capitaliste.

De ce point de vue, la Libye constitue la première victime, et vraisemblablement l’Algérie devait suivre ; mais heureusement pour votre pays, ce scénario catastrophique a été évité de justesse. La mobilisation, en premier lieu de votre parti, et les positions contre la guerre des autorités algériennes ont éloigné pour le moment cette menace. `
Le Mali, malheureusement, est une victime directe de l’intervention de l’Otan en Libye. En effet, il faut rappeler que juste après la chute du régime de Kadhafi, des hommes lourdement armés ont traversé le grand désert, pourtant balayé par les satellites américains, sans que personne ne les aperçoive, et sont entrés au nord du Mali en conquérants.
La déroute fulgurante de l’armée régulière malienne s’explique par les moyens dérisoires dont elle dispose d’un côté, et la suprématie logistique des différents groupes armés qui ont renforcé leur arsenal à partir de la Libye.
La situation chaotique actuelle est utilisée par les gouvernements des grandes puissances pour mettre en place à la tête de l’Etat malien des autorités dociles qui mettent en oeuvre des politiques conformes aux intérêts étrangers.
Le Premier ministre, déposé par les militaires le 12 décembre dernier, travaillait pour accélérer l’intervention militaire étrangère. C’est la raison pour laquelle les Maliens n’ont pas réagi à sa destitution.
Nous voulons un dialogue entre toutes les forces vives du Mali pour sortir de la situation actuelle.
L’intégrité territoriale et la non-ingérence extérieure sont les deux points fondamentaux qui doivent réunir les Maliens.
Des élections sans règlement des problèmes actuels ne sont pas une solution. C’est d’ailleurs la volonté d’aller vers un troisième mandat de l’ex-président Amadou Toumani Touré (la Constitution prévoit deux mandats), alors que le pays se déchire, qui a provoqué l’intervention des militaires le 22 mars dernier pour le déposer.
Depuis, les événements se sont accélérés, avec notamment le Mouvement national pour la libération de l’Azawed (MNLA), soutenu politiquement et financièrement par la France, qui a proclamé l’indépendance du nord du pays, c’est-à-dire la partition du Mali. Les pays occidentaux manipulent et agissent pour disloquer notre pays et toute la région du Sahel.
La multiplication de groupes terroristes, les trafics en tous genres et les narcotrafics sont les activités essentielles au nord du pays. C’est une conséquence des accords de 1994, qui prévoyaient une présence militaire symbolique au nord du pays. C’est ce chaos organisé qui est utilisé aujourd’hui pour justifier la marche à la guerre.
Ce que ne disent pas les médias, c’est qu’il ya des intérêts colossaux et stratégiques dans cette grande région du Mali. Pétrole, uranium, ressources énormes en eau souterraine, des terres cultivables… tout cela est convoité par les multinationales françaises, qataries, américaines…
Sans oublier la plate-forme aéroportuaire de Tassalit (près de Kidal) que les Américains et les Français veulent transformer en une vaste base militaire pour surveiller et contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge. C’est une base militaire qui peut recevoir les gros avions de guerre et, de plus, elle est inaccessible et inattaquable car située en plein désert.
Par ailleurs, il faut souligner le rôle extrêmement nuisible joué par le Qatar qui finance et arme différents groupes armés islamiques. Ce pays agit clairement en sous-traitant de la politique de l’impérialisme en Afrique et au Moyen-Orient.
Les aides humanitaires sont gérées directement par les pays donateurs et les autorités ignorent ce qui est réellement distribué ; des soupçons légitimes évoquent une distribution d’armes dans des colis censés contenir des produits alimentaires.
Comme en Libye, des informations non officielles font état d’accords conclus clandestinement entre des multinationales et le Qatar pour s’emparer de marchés pétroliers au nord du Mali.
Contrairement à ce que veulent faire croire les médias, le peuple malien s’est mobilisé massivement plusieurs fois contre la guerre, et refuse que la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest — NDLR), sous influence française, remette en cause les attributs de la souveraineté nationale. Car la Cédéao agit par procuration au compte du gouvernement français. C’est la mobilisation populaire qui a empêché la venue d’Alassane Ouattara à Bamako, qui voulait aider à l’installation d’un pouvoir « légitime » pour justifier l’intervention militaire étrangère.
Selon vous, où se situe la solution ?
Parce que tous les pays de la région sont concernés par les développements en cours, il faut que s’exprime la solidarité entre les peuples et que les forces politiques et syndicales des pays de la région puissent conjuguer leurs efforts pour aider à l’organisation de la défense de nos pays respectifs.
La nécessité de tenir une deuxième session de la conférence d’urgence contre les guerres d’occupation et de pillage se fait ressentir. Quel est votre avis là-dessus ?
Notre déplacement à Alger pour rencontrer exclusivement des représentants du PT s’inscrit dans la recherche de moyens pour empêcher la guerre contre mon pays.
Pour sauvegarder les nations et permettre aux peuples, aux travailleurs et aux jeunes de vivre des richesses de leurs pays respectifs, nous devrions nous entraider.
Pour toutes ces considérations, le parti Sadi mettra toute son énergie pour préparer cette deuxième session de la conférence d’urgence à laquelle nous avons participé en décembre 2011.
Nous allons la préparer avec les syndicats de mon pays et nous informerons de cette initiative nos partenaires de l’Alliance des partis de gauche africaine (Alnef), pour une large participation à même de peser dans la lutte contre la guerre.
Propos recueillis par R. Y. T
2 - L’Algérie reste encore l’axe central de l’intervention
Lors de sa visite en Algérie les 19 et 20 décembre derniers, le président français, François Hollande, déclarait dans sa conférence de presse, organisée le mercredi à Alger, qu’il y avait« convergence de position de l’Algérie et de la France » sur le Mali tout en précisant qu’il était « favorable à une solution politique par le dialogue avec les rebelles touareg qui ont rompu tout lien avec les terroristes » (L’Expression du 23 décembre). Mais le lendemain, en contradiction avec ses déclarations de la veille, dans son allocution à l’université de Tlemcen, il se félicitait de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2085 qui autorise le déploiement d’une force internationale sous conduite africaine (Misma) pour une durée initiale d’une année.
Alors que la résolution 2085 ne fixe pas de calendrier précis pour le déclenchement d’une offensive militaire au Mali, le ministre français de la défense, Jean-Yves le Drian, « ne craint pas de prendre des libertés avec les termes de la résolution de l’ONU »en déclarant dans une interview à un journal français, que « l’intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l’année prochaine » (Le Courrier d’Algérie du 25 décembre). « Pour l’instant, il n’y a pas de solution politique » au Mali, affirmait, dans la même interview, le ministre français de la défense n’est visiblement pas satisfait des termes de la résolution qui tempère les ardeurs guerrières de son gouvernement. En effet, les Etats-Unis, qui dès le début ont exprimé des réserves sur l’intervention militaire dans l’immédiat, ont rejeté le plan français soutenu par la Cédéao (1). L’ambassadrice des USA aux Nations unies, Susan Rice, avait qualifié de plan français « it’s crap », ce qui se traduit en français : « c’est de la merde ».
Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, les responsables américains faisaient valoir « deux éléments essentiellement. Le premier c’est que tout cela va coûter de l’argent. Les Etats-Unis disent (que) c’est très difficile d’aller au Congrès et de demander des crédits. Deuxième argument, les Américains font valoir le fait qu’une intervention armée demande des « soutiens militaires forts » lorsqu’il « s’agira d’aller affronter les terroristes » (Le Temps d’Algérie du 18 décembre). Plus explicitement, le Secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines, Johnnie Carson, avait estimé que les plans de la Cédéao (élaborés par la France) « ne répondent pas à plusieurs questions essentielles », dont les « capacités des forces maliennes et internationales à réaliser les objectifs de la mission » et son financement, estimé à « au moins 200 millions d’euros ».
Si la résolution 2085, plus précisément les Etats-Unis d’Amérique, exclut une intervention militaire immédiate au Mali c’est que, comme l’explique le quotidien national Le Quotidien d’Oran (du 25 décembre) « L’idée d’une intervention semblait tabler, assez étrangement, sur une participation décisive de l’armée algérienne. Or, même si l’Algérie n’exclut pas une intervention militaire contre des groupes djihadistes, il était impensable qu’elle s’engage dans une opération où elle se retrouverait impliquée dans un conflit interne au Mali dont elle connaît bien les tenants et les aboutissants ». Alors, conclut le quotidien, « Entre la certitude que les forces de la Cédéao ne sont pas en mesure de faire le travail et le refus de l’Algérie de s’engager dans une opération, les options restantes ne sont pas nombreuses. Les Français qui ne voulaient pas être en « première ligne » devaient se résoudre à « y aller » s’ils persistaient dans l’option d’une action militaire immédiate. »
Tant que les principales puissances impérialistes, américaine et française ne se résoudront pas à intervenir directement, à cause du coût et des conséquences politiques internes d’une telle opération, et ne trouveront pas les supplétifs qui agiront à leur compte par procuration, la guerre de désintégration du Sahel ne sera peut-être pas pour demain.
Hamid B
(1) (1) Cédéao : Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest
 Sources: EIT Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples

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