jeudi 6 décembre 2012

Florange : Ayrault tente de rassurer des élus qui ne veulent pas être «cocus deux fois»

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Florange : Ayrault tente de rassurer des élus qui ne veulent pas être «cocus deux fois»

François Vignal
Le 06.12.2012 à 17:56

Le projet de hauts fourneaux de nouvelle génération Ulcos est repoussé, six jours après l’accord signé avec Mittal. Le sidérurgiste et l’exécutif renvoient à un projet Ulcos 2. «Impression de se faire entuber», selon le député PS Michel Liebgott. Ayraut annonce au Sénat un «comité de suivi».
Le dossier de Florange est encore loin d’être réglé. Le groupe ArcelorMittal a retiré le projet Ulcos. Une technique de nouvelle génération pour le captage et le stockage du CO2. Mais rien ne se fera à Florange dans l’immédiat « à cause de difficultés techniques », a annoncé ce matin la Commission européenne. Peu de temps après, le sidérurgiste affirme par communiqué que le retrait du dossier Ulcos ne signifie pas l'abandon du projet. Matignon affirme de son côté que l'accord passé avec Mittal est « toujours valable ». « Ainsi qu’il l’a exposé hier à l’intersyndicale de Florange, le Premier ministre confirme que parmi les engagements pris par ArcelorMittal figure celui de reprendre et poursuivre le projet Ulcos. (…) Le groupe s’est engagé à poursuivre ce projet et donc à investir dans cette nouvelle phase de recherche, qui s’appuiera sur le centre recherche-développement de Maizières-lès-Metz », précise le communiqué. Mais ce sera un projet Ulcos 2, dont la date reste hypothétique.
Quand Ayrault confond majorité et opposition au Sénat
Sûrement la fatigue ou le stress. Ou la tendance du Sénat, depuis plusieurs semaines, à rejeter les textes du gouvernement par l’association des voix PCF et UMP. Toujours est-il que Jean-Marc Ayrault s’est emmêlé les pinceaux lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat. Répondant à une question de Pierre Laurent (PCF) sur Florange, il se tourne vers les bancs de l’opposition UMP et lance : « L’affaire est suffisant sérieuse et grave pour éviter les réactions un peu simplistes et qui demandent sans doute de votre part, Mesdames et Messieurs les sénateurs de la majorité, un peu de modestie et de respect face à une région qui souffre et qui s’inquiète ». Un lapsus (à voir dans la vidéo à 8'20) qui a amusé certains sénateurs… de l’opposition.

«Le projet va être repris»

Interrogé cet après-midi lors des questions d’actualité au Sénat par le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, Jean-Marc Ayrault a dû s’expliquer devant les sénateurs. « Non, (Mittal) n’a pas porté de coup de grâce (au projet). Il n’a dit que ce qui avait été dit clairement dans la négociation. (…) C’est d’un commun accord que nous avons constaté en effet que le projet, s’il restait en l’état, mettait en péril le projet Ulcos », a-t-il affirmé. « Ce qui a été dit par ArcelorMittal à ma commission, c’est que ce projet va être repris. Et le gouvernement va y être associé ». 150 millions d’euros sont réservés « aux titres des investissements d’avenir ».
Pour s’assurer d’un suivi des engagements pris, le gouvernement va mettre en place « un comité de suivi » piloté par le sous-préfet de Thionville François Marzorati. Une annonce que le premier ministre a faite ce midi en recevant à déjeuner les élus locaux de la région.

Projet Ulcos d'ici 2 ans ?

Aucun parlementaire UMP n’a répondu présent à l’invitation de Jean-Marc Ayrault. Seuls 9 élus, dont 3 députés PS et le président de région PS Jean-Pierre Masseret se sont rendus à cette rencontre en présence d’Arnaud Montebourg. Aucun sénateur n’était présent. « Les sénateurs sont fâchés. Je pense à M. Todeschini. Je partage sa fâcherie », affirme Michel Liebgott, député PS de Moselle.
Si aucun parlementaire UMP ne s’est rendu à Matignon, pas besoin d’eux pour mettre en garde le gouvernement. « On a des doutes », lance Michel Liebgott. « L’engagement, c’est qu’un nouveau dossier Ulcos 2 sera déposé. Mittal et le gouvernement s’engagent pour qu’il le soit. Mais cette rupture technologique va demander du temps, de la recherche. Ce n’est peut-être pas dans les semaines, dans les mois, mais dans les deux années qui viennent que ce projet aboutira », souligne le député. Ce matin, l’annonce par Mittal de la fin du projet Ulcos première version a de nouveau douché les espoirs. « On a eu l’impression de se faire entuber », balance Michel Liebgott. « Si jamais on perd l’industrie métallurgique et les matériaux de demain, on sera cocu deux fois », craint Jean-Yves Le Déaut, député PS de Meurthe-et-Moselle. Le président PS de région Jean-Pierre Masseret, qui aurait préféré une nationalisation, reste pragmatique. « Il faut vivre dans le réel en politique », reconnaît l’élu.

«Il y aura bien 600 suppressions d’emplois», selon l’UMP Grosdidier

Au Sénat, Jean-Marc Ayrault a répété qu’il n’y avait « pas de plan social à Florange, pas de suppression d’emplois. Cet objectif a été atteint ». Un optimisme que ne partage par le sénateur UMP de Moselle François Grosdidier. « Il y aura bien 600 suppressions d’emplois dans la filière chaude qui ne seront pas remplacés », a-t-il affirmé sur le plateau de l’émission On refait la séance, sur Public Sénat. Il ajoute : « On ment quand on parle de 180 millions d’investissements. Si on enlève les investissements de maintenance, il n’y en a plus que pour 50 millions sur 5 ans ». La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann relance elle l’idée d’une nationalisation.
Les syndicats, reçus hier par Jean-Marc Ayrault, ne compte pas lâcher. Pour le leader syndical Edouard Martin (CFDT), l’abandon d’Ulcos 1 montre qu’ArcelorMittal « a enfumé tout le monde ». Cette annonce signe « l'arrêt de mort de la filière liquide », soit les hauts fourneaux lorrains. Le syndicaliste a annoncé que des métallos de Florange vont occuper les hauts fourneaux du site. « A partir d'aujourd'hui, on prend possession de l'usine, on va dans les hauts fourneaux », a lancé Edouard Martin. « On est tous écœurés, on a été trahis ».

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