mercredi 14 novembre 2012

Et maintenant : la Sécu ? L'édito d'informations ourières


Et maintenant : la Sécu ?

L'éditorial d'Informations Ouvrières
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
logoio.jpg?w=150&h=42« Ce n’est qu’une première étape mais elle va dans le bon sens (…). Notre effort a abouti. Nous avons convaincu les exécutifs de la nécessité de réduire le coût du travail. » Qui se félicite ainsi du « pacte de compétitivité » de Jean-Marc Ayrault qui prélève 20 milliards sur les familles ouvrières et les services publics, s’ajoutant aux 30 milliards décidés en septembre ? Jean-François Pilliard, délégué général de l’UIMM (patronat de la métallurgie).
Qui salue « un effort sans précédent de réduction des déficits » et dénonce la pratique du « Hollande bashing » (harcèlement médiatico-politique contre Hollande) ? Le journal du capital financier Les Echos.
La classe capitaliste appuie le gouvernement. Et cela, au-delà du pacte de compétitivité. « Il faut absolument changer la façon dont on finance l’assurance maladie, les retraites ou la politique familiale (…). Le gouvernement en est d’ailleurs persuadé puisque Jean-Marc Ayrault a demandé au Haut Conseil du financement de la protection sociale d’examiner d’ici au 1er mai plusieurs scénarios de réforme », se félicite le délégué de l’UIMM. C’est un fait : dans une lettre du 6 novembre, Ayrault enjoint à Mme Mireille Elbaum de faire préparer par le Haut Conseil (1) qu’elle préside une réforme d’ensemble du financement de la Sécurité sociale. C’est le principe même de la solidarité ouvrière fondée en 1945 sur le salaire différé qui est dans la ligne de mire. On comprend que les capitalistes s’en félicitent, eux dont c’est l’exigence affichée depuis plus de cinquante ans.
Pour les travailleurs et leurs organisations, la Sécurité sociale n’est pas n’importe quelle conquête. Arrachée par la mobilisation révolutionnaire à la Libération, elle a toujours cristallisé les plus grands conflits de classe (ordonnances de 1967, plan Juppé de 1995, retraites en 2010).
L’annonce pour 2013 d’une contre-réforme d’ensemble pose bien sûr le problème de l’indépendance des organisations, invitées à participer à sa mise au point dans le cadre du Haut Conseil. Mais cela pose, d’abord et avant tout, la question de la responsabilité politique. Celle des dirigeants du Parti socialiste qui, s’étant fait élire sur le « changement », se sont placés d’eux-mêmes sous le joug du TSCG, prenant en charge toutes les exigences du capital financier. Quant aux dirigeants du Parti communiste, effrayés de l’audace qui les a amenés sur quelques questions à se prononcer contre les propositions du gouvernement, ils s’empressent de rectifier, par la voix d’Eliane Assassi, présidente du groupe Front de gauche au Sénat : « Nous appartenons à la majorité parlementaire. »
Il reste que la défense de la Sécurité sociale concentre la nécessité de briser la « spirale grecque » dans laquelle le gouvernement nous entraîne, cette spirale faite de plans successifs, chacun préparant le suivant, dans l’effort démesuré et dérisoire d’honorer une dette fabriquée uniquement pour engraisser les spéculateurs.
Pour sa part, le bureau national du Parti ouvrier indépendant, réuni le 10 novembre, a tenu à réaffirmer « sa totale indépendance vis-à-vis de tout gouvernement et toute majorité qui accepte de se faire l’instrument des diktats anti-ouvriers et antipopulaires de la troïka ». C’est sur cette ligne, à la place qui est la nôtre, que nous aiderons au regroupement des forces, à la réalisation de l’unité nécessaire pour défaire la politique réactionnaire et anti-ouvrière du gouvernement Hollande-Ayrault.
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(1) Il est composé de représentants de toutes les organisations syndicales et patronales, du gouvernement, du Parlement et des administrations de l’Etat.

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