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mardi 7 août 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - Et le tribunal de Tokyo préserva Hirohito

HISTOIRE et MEMOIRE


7 août 2018

Et le tribunal de Tokyo préserva Hirohito

En 1949, au Japon, les Américains organisent un procès visant à juger les crimes de guerre

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Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis sont les véritables maîtres d'œuvre des procès de Nuremberg et de Tokyo. Leur obsession : permettre au droit international de s'ériger en défenseur de la paix. Le réalisateur Tim B. Toidze n'a pas cherché ici à relier le procès de Nuremberg à -celui de Tokyo, comme pourrait le laisser entendre le titre français – le titre original est plus efficace : Judging Japan (" juger le Japon "). Son film raconte le Japon à l'heure du procès de Tokyo, de la reddition aux Alliés, le 15  août 1945, au décollage de l'économie nippone, au début des années 1950.
Dans un récit nourri d'archives, Toidze suit les pas du grand absent de ce -procès : l'empereur Hirohito. S'il dut renoncer à sa nature de " divinité à forme humaine " le 1er  janvier 1946, il fut absous par les Américains. Pour le général -Douglas MacArthur, gouverneur militaire du Japon, juger Hirohito aurait anéanti tout espoir de démocratiser le pays. L'empereur fut transformé en une icône sainte ne portant aucune responsabilité morale à l'égard des atrocités commises par son armée.
Incohérences du procèsLe mérite du film est d'avoir réussi à incarner les débats du Tribunal militaire inter-national pour l'Extrême-Orient. Pas moins de onze juges, quatre cents témoins, avocats, procureurs et hommes de loi se réunirent pour juger vingt-huit hauts dirigeants -japonais tenus responsables de la politique de conquête et de terreur menée par leur pays, de l'invasion de la Mandchourie en  1931 à la fin de la seconde guerre mondiale.
Le film relève une à une les incohérences et les contradictions de ce procès. Sur les onze juges du tribunal, neuf représentaient des nations occidentales. Seul membre à considérer que tous les accusés n'étaient pas coupables, le juge indien Radhabinod Pal ne cessa de questionner la légitimité de ce tribunal. Très critique, il souligna l'hypocrisie des puissances organisatrices qui étaient déterminées à démocratiser le Japon alors qu'elles avaient fait usage de la bombe atomique ou commis des crimes coloniaux.
Le documentaire conclut à un gâchis, sans offrir de réflexion sur ce que le procès a apporté. Car, à l'instar du procès de Nuremberg, celui de Tokyo participa à l'effort pour l'établis-sement d'une justice pénale internationale.
Antoine Flandrin
© Le Monde

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