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mardi 7 août 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - Aux origines de la bombe atomique

HISTOIRE et MEMOIRE



7 août 2018

Aux origines de la bombe atomique

Rushmore DeNooyer signe un récit historique et scientifique de cette redoutable course à l'armement nucléaire

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Le 16  juillet 1945 restera comme la date de la naissance d'un monde nouveau où l'homme aura trouvé les moyens militaires d'exterminer largement et instan-tanément ses congénères : dans le désert du Nouveau-Mexique, la première bombe atomique était essayée avec succès, avant d'être utilisée par les Américains contre l'ennemi japonais, trois semaines plus tard.
C'est cette folle et létale aventure que narre le documentaire La  Bombe (2015), de Rushmore DeNooyer, et ses conséquences jusqu'à nos jours. En s'attardant notamment sur la figure de Robert Oppenheimer (1904-1967), le " père " de la bombe atomique, que ses doutes éthiques feront exclure, par le biais de la chasse aux sorcières du maccarthysme, de la recherche scientifique gouvernementale aux Etats-Unis.
D'autres protagonistes, toujours en vie au moment du tournage, témoignent de leur expérience au camp retranché de Los Alamos, où ils travaillaient dans le plus grand secret. Secret relativisé par la présence de deux espions à la solde des Soviétiques, qui les renseigneront et permettront à l'URSS de produire à son tour des bombes aux technologies similaires.
La figure de Robert Oppenheimer et l'aventure scientifique qui a mené à la fabrication des premières bombes (" Gadget " puis " Little Boy " et " Fat Man ", respectivement lancées sur Hiroshima et Nagasaki, au Japon) ont inspiré nombre de films de fiction, de docufiction, de pièces de théâtre, de romans – historiques et même policiers – que recense le site Web de l'Atomic Heritage Foundation.
Personnage faustienDès 1947, le film The Beginning or the End (Au carrefour du siècle)de Norman Taurog, narrait la mise au point de la bombe jusqu'aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki. En  1989, cette épopée intéressait encore les cinéastes, comme en témoigne Fat Man and Little Boy (Les  Maîtres de -l'ombre), de Roland Joffé, avec Paul Newman.
Le personnage faustien qu'est Oppenheimer ira jusqu'à intéresser le compositeur nord-américain John Adams, qui, avec le -metteur en scène Peter Sellars, a conçu l'opéraDoctor Atomic, créé en octobre  2005 à San Franscisco. Dans cet ouvrage, qui a fait l'objet de plusieurs captations vidéographiques disponibles sur DVD et d'un récent enregistrement discographique dirigé par le compositeur, Adams faisait un très beau portrait d'Oppenheimer, de sa culture – le savant, polyglotte, citait notamment Baudelaire dans le texte – et de celle de son épouse.
Rien de tout cela n'est évoqué par l'intéressant documentaire de DeNooyer, dont ce n'est pas le propos, et qui, à l'aide de nombreux documents d'archives – dont certains déclassifiés –, s'en tient au récit historique et scientifique de cette redoutable course à l'armement nucléaire à laquelle se livrèrent les Etats-Unis et l'URSS.
Arte, qui a pris le pli de mettre à son programme de nombreux films de cinéma, souvent destinés au grand public, aurait pu en profiter pour diffuser l'un des longs-métrages évoqués plus haut, ou, fol espoir, l'opéra de John Adams… La captation de sa création française, à Strasbourg (où se trouve le siège d'Arte), est disponible sur le site Medici-tv.
Renaud Machart
© Le Monde

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