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mardi 7 août 2018

Canicule : la climatisation accroît la consommation d'électricité


7 août 2018

Canicule : la climatisation accroît la consommation d'électricité

Grâce au nucléaire et au solaire, la France exporte sa production

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La canicule n'échauffe pas seulement les esprits. Elle pèse aussi lourdement sur la consommation et la production d'électricité. Après avoir battu des records en juillet dans plusieurs pays d'Europe, les températures du mois d'août s'annoncent comme certaines des plus hautes du siècle.
En France, juillet est le troisième mois le plus chaud depuis 1900, avec trois vagues de chaleur successives. En début de semaine, les températures pourraient dépasser localement les 40 degrés dans le sud du pays. Lundi 6 août, d'après Météo France, 67 départements étaient toujours en vigilance orange canicule, autant que l'année record de 2017.
Cette situation fait le bonheur des fabricants de climatiseurs. Les chiffres des ventes de l'été ne sont pas encore connus, mais la tendance s'annonce très forte. L'an dernier, plus de 500  000 unités ont été vendues, soit 8  % de plus qu'en  2016. A l'heure où l'efficacité énergétique est devenue un enjeu essentiel, l'augmentation du nombre de climatiseurs provoque une hausse de la consommation d'électricité, de plus en plus sensible chaque été.
Ces derniers jours, la production électrique française a connu un pic de consommation à la mi-journée, autour de 55 000 mégawatts, au-delà des chiffres constatés habituellement en août, où l'activité économique est réduite, en particulier dans l'industrie.
"  Avec les besoins de climatisation, chaque degré supplémentaire par rapport aux normales de saison demande la mobilisation de l'équivalent d'un demi-réacteur nucléaire  ", résume Pierre Leplatois, consultant au sein du cabinet SIA Partners et expert du réseau électrique.
L'été, le pic intervient à la mi-journée, au moment où les climatiseurs, souvent très énergivores, s'ajoutent aux ordinateurs, aux appareils de cuisson pour le déjeuner et aux usages industriels. Les besoins sont particulièrement marqués en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, note SIA Partners dans une étude réalisée pour Le Monde sur la vague de chaleur 2018.
" On arrose toute l'Europe ""  Les villes sont particulièrement touchées par ces vagues de chaleur, avec des amplifications allant jusqu'à 5 degrés de plus par rapport aux zones rurales en raison de la différence de nature de l'occupation des sols  ", relève également SIA Partners, qui souligne que les îlots de chaleur urbains empêchent la baisse de la température pendant la nuit.
Pour autant, la France n'a pas de raisons de s'inquiéter de son approvisionnement en électricité. En effet, les centrales nucléaires sont très majoritairement disponibles et permettent de couvrir largement les besoins. A cela s'ajoute un très haut rendement des panneaux solaires. "  La France exporte massivement sa production électrique  depuis le début de la canicule. On arrose toute l'Europe  ", observe Pierre Leplatois. L'Allemagne, grâce à sa production photovoltaïque, se trouve également en situation de forte exportation.
Du fait de la canicule, EDF a dû, en fin de semaine dernière, arrêter et diminuer la production de plusieurs réacteurs nucléaires situés en bord de fleuve. La réglementation environnementale interdit aux centrales de rejeter de l'eau trop chaude pour ne pas modifier l'équilibre environnemental. Mais ces arrêts de production ne devraient pas avoir d'impact direct sur les consommateurs et les entreprises.
Les fortes chaleurs ont aussi une incidence sur la production éolienne, avec une baisse marquée compte tenu de la faiblesse du vent. Ailleurs en Europe et dans le monde, de nombreux pays ont recours à des centrales thermiques au gaz ou au charbon pour faire face aux pointes de consommation électrique dues à l'utilisation de la climatisation. Celle-ci augmente les émissions de gaz à effet de serre.
Dans un rapport intitulé "  Le futur du refroidissement  " et rendu public le 15 mai, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estimait que la hausse exponentielle de la consommation d'électricité liée aux besoins en air conditionné pourrait conduire à plus de production électrique à partir d'énergies fossiles et rendre plus difficile, voire impossible, d'atteindre les objectifs fixés par l'accord de Paris sur le climat adopté en décembre  2015.
A l'heure actuelle, 1,6 milliard de climatiseurs sont utilisés dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis et en Chine. Ils nécessitent plus de 2 000 térawattheures d'électricité par an, soit quatre fois la consommation annuelle d'électricité en France. Selon l'AIE, le nombre d'unités installées dans le monde pourrait atteindre 5  milliards en  2050.
Nabil Wakim
© Le Monde

7 août 2018

Les centrales nucléaires face au défi climatique

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La question se pose avec acuité : les centrales nucléaires peuvent-elles survivre au changement climatique ? La production d'électricité par des réacteurs nucléaires ne produit pas de CO2 et ne contribue pas au réchauffement climatique, ce qui explique que le nucléaire est souvent présenté par l'industrie comme un atout pour la France dans le domaine.
Cependant, les centrales sont elles-mêmes victimes du climat, les étés étant appelés à devenir de plus en plus chauds, avec des températures extrêmes. Jeudi 2 août, EDF a annoncé avoir arrêté un réacteur nucléaire et réduit la puissance de deux autres le long du Rhône afin de limiter l'impact sur la température de l'eau. Le lendemain, l'un des réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) était à son tour stoppé.
Cette eau, utilisée pour refroidir les réacteurs, n'est pas polluée, mais elle est rejetée à une température bien supérieure à celle de son prélèvement. Une situation qui concerne aussi des zones qui, jusqu'à présent, étaient protégées de ce type de phénomène climatique. Ainsi, fin juillet, la Finlande a dû ralentir la production d'un réacteur, qui rejetait dans la mer de l'eau à 32 oC. Des centrales allemandes et suédoises ont également été contraintes de réduire leur production à cause de la vague de chaleur.
De fait, le parc nucléaire actuel a été conçu à une époque où la compréhension du changement climatique était bien moins développée. Or l'impact de températures élevées peut poser d'autres difficultés aux centrales. Si l'eau pompée dans un fleuve ou dans la mer est à une température trop élevée, elle ne joue plus de manière efficace son rôle de refroidissement. De même, si le cours d'un fleuve devient trop bas, la centrale ne peut plus prélever assez d'eau, car elle risque d'assécher le fleuve en question. Ce problème ne concerne pas la Loire ou le Rhône, mais peut toucher la Vienne, sur les bords de laquelle se trouve la centrale de Civaux.
Pierre-Franck Chevet, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire, a estimé en juin, devant la commission d'enquête parlementaire sur le nucléaire, que " les risques liés au changement climatique global, notamment en cas de canicule et de sécheresse, - avaient - bien été envisagés "" Les sites en bord de rivière identifiés comme les plus sensibles sont ceux de Civaux, Bugey, Saint-Alban, Cruas, Tricastin, Blayais, Golfech et Chooz ",a-t-il toutefois précisé.
La commission d'enquête a d'ailleurs expressément demandé à EDF d'apporter " la preuve que les réacteurs sont en mesure de résister à tout aléa climatique combinant plusieurs facteurs (canicule, sécheresse, etc.) et affectant plusieurs centrales simultanément ".
A l'avenir, les centrales ne pourront probablement plus être localisées près de cours d'eau dont le débit est trop faible et devront privilégier une localisation en bord de mer. C'est notamment le cas de l'EPR de Flamanville (Manche), le seul réacteur en construction en France, qui devrait être opérationnel en  2020.
Na. W.
© Le Monde

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