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mercredi 8 août 2018

ARTS - Lautréamont, « aliéné déchirant » et prince des poètes

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le par - modifié le 07/08/2018

Lautréamont, « aliéné déchirant » et prince des poètes


es Chants de Maldoror, première édition, imprim. Lacroix, 1869 - source : Gallica BnF
Mort quasi-inconnu à 24 ans, le comte de Lautréamont, auteur révolutionnaire des Chants de Maldoror, fut tenu pour fou par ses premiers lecteurs. Avant d'être hissé, au XXe siècle, parmi les plus grands poètes de l'Histoire.
C'est probablement l'inconnu le plus célèbre de toute la poésie française. De la vie d'Isidore Ducasse, dit « comte de Lautréamont », mort en 1870 à seulement 24 ans, on sait très peu de choses. Pourtant, son influence sur l'histoire littéraire fut énorme.

Né en 1846 à Montevideo (Uruguay) d'un père diplomate, le jeune Lautréamont se rend en France pour étudier à Tarbes, en 1859, alors qu'il a treize ans. En 1867, il s'installe à Paris, où il entame des études supérieures dont on ne connaît pas bien la nature (on a parlé de l’École Polytechnique).

C'est là qu'il rédige Les Chants de Maldoror, épopée en prose d'une originalité exceptionnelle dont il fait publier le premier segment anonymement et à compte d'auteur en 1868. Les six « chants » sont ensuite imprimés en Belgique en 1869, mais il ne sont pas diffusés.

L'année suivante, Lautréamont écrit encore deux fascicules intitulés les Poésies. Puis il meurt, sans doute de la phtisie, le 24 novembre, pendant le siège de Paris [lire notre article]. Sa légende peut commencer. Elle sera tardive : ce n'est qu'à partir des années 1880 que les écrivains J-K Huysmans, Alfred Jarry ou encore Léon Bloy découvrent ce poète révolutionnaire et le font connaître à un public d'initiés.

L'étrangeté de son œuvre, les lacunes de sa biographie et sa mort précoce vont peu à peu lui valoir une réputation de « poète maudit », vraisemblablement atteint de folie. Léon Bloy, en 1890, dans un texte intitulé Le Cabanon de Prométhée, l'affirme : « C'est un aliéné qui parle, le plus déplorable, le plus déchirant des aliénés. »

C'est aussi de cette façon que le présente l'écrivain Rémy de Gourmont qui lui consacre un long article dans Le Mercure de France de février 1891.
« Il est évident, d’abord, que l’auteur, écrivain de dix-sept ans (point vérifié et peu contestable), dépassait en folie, de très loin, cette sorte de déséquilibre que les sots de l’aliénation mentale qualifient de ce même mot : folie […].

Les Chants de Maldoror, long poème en prose dont les six premiers chants seulement furent écrits. II est probable que Lautréamont (pseudonyme de Isidore Ducasse), même vivant, ne l’eût pas continué […].

Ce fut un magnifique coup de génie, presque inexplicable. Unique, ce livre le demeurera, et dès maintenant il reste acquis à la liste des œuvres qui, à l’exclusion de tout classicisme, forment la brève bibliothèque et la seule littérature admissibles pour ceux dont l'esprit, mal fait, se refuse aux joies, moins rares, du lieu commun et de la morale conventionnelle. »....

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