15
Oct
2015
[70e AG ONU] Inde + Pakistan + Bangladesh “Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ?”
1,6 milliards de terriens dans ce billet…
Allocution de S.E. Mme Excellency Sushma Swaraj, Ministre des relations extérieures de la République de l’Inde, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et du gouvernement, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs,
L’Organisation des Nations unies fête son 70e anniversaire cette année, cette Assemblée générale est donc historique. J’espère que cette année sera également une année historique pour l’ONU en terme de résultats. Je puis en tout cas vous assurer du soutien indéfectible de l’Inde dans le cadre de vos efforts.
Monsieur le Président, il y a 70 ans, l’Organisation des Nations unies a été créée sur la côte ouest de ce pays avec la Charte de San Francisco. L’Inde est un des pays signataires de la Charte même si nous n’étions pas indépendants à l’époque. Nous avons obtenu notre indépendance deux ans après. Lorsque les Nations unies ont été créées, un homme d’aspect assez frêle, armé de la non-violence a écrit le dernier chapitre de notre lutte et il est devenu un symbole pour tous les colonisés, pour tous les opprimés, partout dans le monde. Je suis heureuse que l’ONU a déclaré le jour de la naissance de cet homme extraordinaire, la journée internationale de la non-violence. C’est une coïncidence heureuse que demain, 2 octobre, sera cette journée. Gandhi a dit « la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à régler la plupart des problèmes du monde. » Ce message s’inscrit de manière très appropriée au contexte de l’Organisation des Nations unies.
Monsieur le Président, au cours de la vie de tout être humain, le 70e anniversaire est un point de référence, l’occasion de réfléchir à ce qui a été réalisé et peut-être ce qui a été manqué également. De même, pour une institution, la 70e année c’est l’occasion de voir si l’institution a été en mesure d’atteindre l’objectif pour lequel elle a été créée, si elle a atteint les buts mentionnés lors de sa création. Aujourd’hui nous devons tous nous demander si nous avons été en mesure d’atteindre les objectifs pour lesquels l’Organisation des Nations unies a été créée il y a 70 ans.
Lorsque je me pose cette question je réponds par l’affirmative pour certaines questions et de manière négative pour d’autres. Par exemple, les Nations unies sont parvenues à éviter une Troisième Guerre mondiale, l’Organisation a contribué à la décolonisation, a pu contribuer au démantèlement de l’apartheid, à lutter contre les épidémies mondiales, a réduit le problème de la faim au niveau mondial et a promu la démocratie et les droits de l’homme. Mais lorsque nous nous demandons si nous avons été en mesure de nous opposer à des conflits dans toute une série d’endroits du monde, nous sommes obligés de répondre non. Si nous nous demandons si nous avons trouvé des solutions permanentes à ces conflits, là encore nous répondons par la négative. Si nous nous demandons si nous avons été en mesure de montrer la voie de la paix à un monde qui est enclin à la violence, la réponse encore est non. Les Nations unies semblent alors être une institution inefficace dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. L’Organisation n’a pas été en mesure de relever les nouveaux défis dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale. Aujourd’hui, le monde connaît la guerre sur trois continents et le Conseil de sécurité n’est pas en mesure ou ne veut pas mettre fin à ce bain de sang. Les solutions traditionnelles ont souvent exacerbé les problèmes. Nous devons nous demander si nous avons la volonté politique pour élaborer d’autres solutions alternatives face à ces conflits, et si nous sommes prêts à poursuivre ces alternatives de manière déterminée.
Aucun objectif n’est plus important que celui des processus de maintien de la paix. Sous le drapeau bleu, des hommes et des femmes travaillent à la prévention du conflit pour protéger des civils et pour étayer des processus de paix. Avec 180 000 soldats de la paix déployés à ce jour, l’Inde a été le plus grand fournisseur de sécurité internationale pour les Nations unies. Aujourd’hui même, environ 8 000 Indiens, policiers, militaires, participent à dix missions souvent dans des environnements très difficiles. L’Inde reste engagée à poursuivre ce soutien en faveur des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Nous sommes même prêt à accentuer nos contributions comme cela a été annoncé par notre Premier ministre lors du Sommet des dirigeants consacré au maintien de la paix. Nos nouvelles contributions couvriront l’ensemble des aspects des missions de maintien de la paix : personnel, soutien logistique et formation. Simultanément, il est nécessaire de garantir que les grands principes du maintien de la paix ne soient pas dilués. Il est regrettable que les pays contributeurs de contingent n’aient rien à dire concernant le mandat des missions qui sont souvent amendées sans qu’ils soient consultés. C’est une violation claire de l’article 44 de la Charte des Nations unies.
Monsieur le Président, nous pensons également que les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas être un substitut à des solutions politiques, et cela a été souligné également par le groupe Horta. Alors que nous célébrons le 70e anniversaire de l’Organisation des Nations unies, je saisis cette occasion pour saluer les 3 300 soldats de la paix, y compris 161 d’Inde, qui ont fait le sacrifice ultime. Nous sommes prêts à contribuer au mémorial des soldats de la paix qui a été approuvé par la 69e Assemblée générale.
Monsieur le Président, la sécurité des soldats de la paix, la sécurité de nos nations et l’avenir de la communauté internationale dépendent maintenant de la manière dont nous allons confronter la menace la plus importante qui s’impose à nous à savoir le terrorisme, une menace avec laquelle l’Inde a vécu pendant plus de 25 ans, une menace qui a frappé de manière tragique cette ville à l’automne 2001. Depuis lors, la prolifération des actes terroristes, la montée des idéologies extrémistes et l’impunité des États qui sponsorisent le terrorisme n’ont pas été contrées de manière efficaces. Le terrorisme international ne peut être vaincu qu’au travers d’une action internationale organisée. Le monde doit démontrer qu’il n’a aucune tolérance face aux terroristes qui tuent et qui mutilent des civils innocents. Nous devons juger et, le cas échéant, extrader ces personnes. Les pays qui fournissent du financement, qui arment, qui entraînent ces terroristes doivent payer le prix face à la communauté internationale.
Tout aussi important : un régime juridique international dans le cadre de la Convention générale sur le terrorisme international. Nous ne pouvons plus attendre. Il y a 19 ans, en 1996, l’Inde a déposé cette proposition aux Nations unies mais nous n’avons pas été en mesure d’adopter cette Convention et nous sommes restés empêtrés dans des problèmes de définitions. Il faut bien comprendre qu’il ne peut pas y avoir de distinction entre un bon et un mauvais terroriste. Le terrorisme ne peut pas non plus être lié à une religion. Un terroriste c’est un terroriste, c’est une personne qui commet des crimes contre l’humanité. Une telle personne ne peut avoir une religion. Dès lors, je vous lance un appel : travaillons tous, ensemble, au cours de ce 70e anniversaire pour adopter la Convention générale.
Monsieur le Président, je saisis également cette occasion pour mentionner les défis auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de nos relations avec le Pakistan. Personne ne peut accepter que le terrorisme soit un outil politique légitime. Le monde a partagé notre effroi lors des attaques terroristes de Mumbai de 2008 au cours desquelles des citoyens de nombreuses nations ont été mutilés en vain. Le fait que l’auteur de ces attaques est libre est un affront à l’ensemble de la communauté internationale. Les garanties qui nous avaient été fournies à cet égard par le passé n’ont pas été honorées. Non seulement cela, mais il y a eu de nouvelles attaques terroristes transfrontalières récemment au cours desquelles deux terroristes, de l’autre côté de la frontière, ont été capturés vivants. Nous savons tous que ces attaques ont pour but de déstabiliser l’Inde et légitimiser l’occupation illégale par le Pakistan de certaines parties de l’État indien de Jammu-et-Cachemire, et légitimiser ses prétentions sur le reste de cet État.
Permettez-moi ici de vous présenter clairement notre position. L’Inde est prête à dialoguer mais les négociations et le terrorisme ne peuvent aller de pair. Hier, le Premier ministre du Pakistan a proposé ce qu’il a appelé une initiative pour la paix en quatre points. Je voudrais y répondre. Nous n’avons pas besoin de quatre points, mais d’un seul : abandonnons le terrorisme et discutons. Cela permettra de résoudre tous les problèmes. Je souhaiterai également dire que c’est précisément ce qui avait été discuté et décidé par les deux Premiers ministres à Ufa au mois de juillet. Organisons des discussions au niveau des conseillers de la sécurité nationale sur l’ensemble des questions liées au terrorisme ainsi qu’une réunion de nos Directeurs généraux des Opérations militaires afin d’aborder la question des problèmes à la frontière. L’Inde est tout à fait prête à aborder l’ensemble des problèmes en souffrance dans le cadre d’un dialogue bilatéral.
Même si nous luttons contre la menace du terrorisme, nous devons reconnaître que les progrès économiques et sociaux restent un objectif essentiel. La satisfaction des besoins humains de base débouche de manière invariable sur des sociétés plus pacifiques comme il ressort clairement des études sur les conflits qui frappent diverses parties du monde. Il y a quelques jours nous avons adopté un nouveau programme de développement avec les objectifs du développement durable. C’est une feuille de route plus holistique que les objectifs du Millénaire pour le développement. Toutefois, la réussite de la mise en œuvre dépendra d’une volonté politique et d’une volonté de partage : partage de technologie mais également de ressources financières, il faudra également améliorer les différents mécanismes de mise en œuvre.
En tant que femme et que membre élue du parlement, je suis convaincue nous pouvons accélérer les changements sociaux en autonomisant les petites filles. La politique de notre gouvernement, « Beti Bachao, Beti Padhao » [Éduquons les filles pour leur donner du pouvoir], vise à éduquer les jeunes filles pour les autonomiser. Notre avenir dépend d’une planète durable, pour nous, pour nos enfants.
Nous allons bientôt nous réunir à Paris et nous devons concrétiser nos ambitions. Nous avons un devoir commun, mais il faut prendre en considération les différentes responsabilités de chacun, des responsabilités différenciées. Si Mahatma Gandhi était parmi nous aujourd’hui, il nous demanderait si nous avons utilisé les ressources de la planète pour satisfaire nos besoins ou pour satisfaire notre avidité. Est-ce que l’adaptation de nos choix de vie permettrait de corriger le tir ? Je pense que pour cette raison l’accord de Paris doit être un accord global et équitable, avec des actions concrètes. Les pays en développement peuvent faire davantage s’ils disposent de finances, de technologie, de davantage de capacités de la part des pays développés. L’Inde a toujours été un partenaire volontaire dans le cadre de ses efforts mondiaux. Nous jouerons notre rôle pour parvenir à un accord équitable, utile et efficace à Paris.
L’attachement de l’Inde pour l’environnement se fonde sur ses traditions : nous avons toujours considéré que la nature était sacrée. La santé de la planète est liée à notre bien-être et c’est cette approche holistique qui nous a poussés à lancer un appel en faveur de la première journée internationale du Yoga. Une journée qui a été organisée avec beaucoup de ferveur dans 192 pays du monde et même dans cette institution. Je remercie la communauté internationale pour son enthousiasme et pour son soutient lors de cette journée. J’espère que la graine qui a été plantée s’épanouira et deviendra un arbre magnifique. Je félicite également les États qui ont réagi rapidement pour lutter contre des épidémies mondiales. En travaillant ensemble nous sommes parvenus à éradiquer la variole et presque la polio. Le VIH, le SIDA, est évidemment sous contrôle, Ebola a été une crise très importante. C’est un exemple de la manière dont les actions nationales et le soutien international peuvent permettre de résoudre une crise mondiale. Nous sommes fiers que l’Inde a joué son rôle dans le cadre de ces efforts mais nous devons nous inspirer de ces réussites et redoubler d’efforts pour éradiquer d’autres crises sanitaires, qu’il s’agisse de la tuberculose ou du paludisme.
Tout comme pour les urgences sanitaires, les catastrophes naturelles et anthropiques exigent une réponse coordonnée. Récemment, la communauté internationale a été confrontée à la crise des réfugiés due aux situations en Syrie, en Irak et en Libye. Nous avons besoin d’une réaction rapide, qui se fonde sur une volonté politique : nous avons réagi rapidement et de manière holistique, qu’il s’agissait du Népal ou du Yémen. L’Inde est un fournisseur net de sécurité qui vient en aide à ses ressortissants, mais également aux ressortissants d’autres pays. L’Inde va organiser la première Conférence ministérielle asiatique sur la réduction des risques face aux catastrophes naturelles au mois de novembre 2016, sur l’effort cadre de Sendai.
Monsieur le Président, nous avons des traditions démocratiques très importantes et régulièrement il faut apporter des changements. Et depuis l’arrivée du gouvernement du Premier ministre Modi, il y a un an et demi, nous nous sommes engagés au renouvellement afin de permettre à l’Inde de jouer son rôle dans les affaires internationales tout en continuant d’être une économie florissante. Notre slogan est « sabka saath,sabka vikas » : nous mettons l’accent sur le bien-être de toute notre population. Simultanément, nous avons entamé des contacts avec l’ensemble de nos partenaires de la communauté internationale. Nos efforts se concentrent surtout sur notre voisinage immédiat avec des résultats importants. Nous avons renouvelé des liens anciens, nous avons mis sur pied des partenariats économiques modernes, y compris récemment lors d’un sommet avec 14 îles du Pacifique. La politique d’action vers l’est a remplacé la politique de vision de l’est, une politique plus pro-active. Nous restons engagés en faveur du processus de paix au Moyen-orient qui est essentiel pour prévenir tout radicalisation de la région. Nous espérons qu’une solution pour la Palestine sera trouvée. Nous avons également approfondi nos relations avec la majorité des grandes puissances.
L’Afrique est une région avec laquelle nous avons des liens historiques, une solidarité qui est due à notre lutte commune contre le colonialisme et à notre croyance partagée dans une prospérité commune. Plus tard ce mois-ci, nous allons accueillir le troisième Sommet Afrique-Inde. Pour la première fois les dirigeants des 54 pays du continent ont été invités.
En tant qu’État doté de l’arme nucléaire, l’Inde est consciente des responsabilités et est favorable à un désarmement nucléaire non-discriminatoire mondial et vérifiable. Notre engagement en la matière reste inébranlable.En tant que nation, tout comme pour les institutions, il est nécessaire de se renouveler. Et dans un monde qui continue d’être dominé par les nations riches, la notion d’égalité souveraine au sein des Nations unies a permis au monde en développement de remettre en question des normes injustes. Mais cela n’a pas débouché sur des changements fondamentaux.
Si nous voulons préserver le caractère central et légitime de l’Organisation des Nations unies comme garant de la paix mondiale, de la sécurité et du développement, la réforme du Conseil de sécurité est particulièrement urgente, c’est l’urgence du moment. Comment pouvons-nous avoir en 2015 un Conseil de sécurité qui reflète encore l’architecture géopolitique de 1945 ? Comment pouvons-nous avoir un Conseil de sécurité qui n’a toujours pas de membre permanent africain ou issu d’Amérique latine ? Nous devons intégrer davantage les nations en développement dans les processus décisionnels du Conseil de sécurité et nous devons modifier la manière dont le Conseil fonctionne, car il fonctionne de manière non-transparente. Davantage de légitimité et un équilibre accru au sein du Conseil restaurerait sa crédibilité et lui permettrait de relever les défis de notre époque. Nous sommes heureux que sous la présidence de Son Excellence Monsieur Sam Kutesa et sous la présidence de Courtenay Rattray, nous sommes parvenus à ce que nous n’avions pas été capables de faire pendant deux décennies à savoir un texte à négocier et qui a été adopté par l’Assemblée générale au travers de la décision 69/560. Mais cette première étape doit être, en fait, l’entame d’actions plus importantes dans le cadre de cette 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies.
Monsieur le Président, pour une organisation telle que l’Organisation des Nations unies, 70 ans cela a une importance unique. C’est une occasion pour revitaliser l’Organisation, pour la réinventer. Je vous invite tous à réfléchir aux Nations unies comme un arbre, une arbre symbole de la sagesse. C’est un arbre qui n’a pas un seul tronc mais plusieurs, qui poussent vers l’extérieur. Mais chaque tronc est relié aux autres, cet arbre est en relation également avec le ciel et la terre. Il étend ses branches, et à l’ombre d’un arbre c’est toujours un bon endroit pour débattre, discuter.
Un arbre est encore jeune à 70 ans. Nous avons une occasion historique, l’occasion de renouveler cette institution, ou nous pouvons la condamner à dépérir. Nous pouvons facilement nous perdre dans le labyrinthe de notre propre création, mais si nous saisissons cette occasion nous permettrons aux Nations unies d’atteindre son plein potentiel : une Organisation qui réduit les écarts entre ce qu’elle fait et ce qu’elle est capable de faire. Un arbre robuste, canopée d’une humanité pacifique et prospère. J’espère vraiment que les Nations unies grandiront pour devenir cet arbre.
Source : ONU, 09/10/2015
transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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Pakistan – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Muhammad Nawaz Sharif, Premier Ministre de la République islamique du Pakistan, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Monsieur le Président
Excellences
Mesdames et Messieurs les Délégués
Mesdames et Messieurs,
Nous félicitons Mr. Mogens Lykketoft pour son élection comme président de la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit d’une reconnaissance de votre éminente carrière dans le service public. Nous partageons votre engagement pour l’établissement d’un monde plus juste et plus stable. Nous rendons également hommage à Mr. Sam Kutesa, pour son excellente direction lors de la 69ème session.
Monsieur le Président, il y a 70 ans, les Nations Unies ont été créées à partir des ruines de la guerre la plus dévastatrice que le monde ait connue. Son objectif était de bâtir une paix universelle et la prospérité sur la base de principes équitables, la coopération et de l’action collective. Malgré les contraintes de la guerre froide, l’organisation des Nations Unies a servi de lueur d’espoir pour la communauté internationale, l’incarnation de la liberté, un avocat pour les opprimés, un véhicule pour le développement et le progrès. Mais, nous, les peuples des Nations Unies, nous n’avons pas réussi à transformer nos épées en socles de charrues, où à promouvoir la prospérité universelle dans une plus grande liberté. La confrontation est revenue entre les grandes puissances, à un moment où de nombreuses régions du monde sont marquées par des troubles. Le terrorisme se propage. La pauvreté et les privations n’ont pas encore été éliminées. Les violations graves des droits de l’homme sont généralisées.
Nous assistons à une véritable tragédie humaine dans ce flux des réfugiés et des migrants forcés – à une échelle que nous n’avions pas vue depuis plus d’un demi-siècle. Notre existence même est menacée par les dommages terribles causés aux systèmes qui maintiennent la vie sur notre planète. Et pourtant Monsieur le Président, il s’agit également d’un moment privilégié. Aujourd’hui, les processus mondiaux interdépendants nous permettent de disposer des capacités financières, scientifiques et organisationnelles pour relever ces différents défis qui sont reliés entre eux, et qui représentent une menace commune pour tous les Etats membres. Lors du Sommet historique au cours de ce dernier week-end, nous nous sommes engagés collectivement à réaliser 17 objectifs de développement durable, pour promouvoir le développement équitable et inclusif pour tous nos peuples. Les vrais défis restent devant nous – Il s’agit de mobiliser une volonté politique collective et les ressources pour permettre la mise en œuvre complète de ce programme, que nous avons adopté solennellement. Le Pakistan a d’ores et déjà pris des mesures au niveau national, afin de promouvoir ce programme de développement pour l’après-2015. Nous sommes également en train de créer un mécanisme robuste pour la surveillance et la mise en œuvre de ces objectifs et de ces cibles.
Monsieur le Président, plus tard cette année, à Paris, nous devrons répondre avec une responsabilité commune mais différenciée, à la menace posée par le changement climatique. Les intérêts partisans ne doivent pas entraver notre engagement collectif ambitieux afin de stopper et inverser les dommages causés à notre planète.
Monsieur le Président, à l’occasion du 70e anniversaire de l’ONU, nous devrions nous efforcer d’adapter cette organisation mondiale, afin qu’elle puisse réagir efficacement aux défis actuels et émergents qui nous concernent tous. Le Pakistan est en faveur d’une réforme en profondeur de l’Organisation des Nations Unies, y compris du Conseil de sécurité. Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui soit plus démocratique, représentatif, responsable et transparent. Un Conseil qui reflète les intérêts de tous les Etats membres, conformément au principe de l’égalité souveraine. Et non pas un Conseil, qui soit un simple club élargi des puissants et des privilégiés.
Monsieur le Président, le maintien de la paix a été l’une des responsabilités clés des Nations Unies. Le Pakistan est fier de son rôle historique et actuel, d’important fournisseur de contingents. Nous considérerons que c’est notre obligation que de faire respecter la paix et la sécurité internationale.
Monsieur le Président, le Pakistan est l’une des victimes principales du terrorisme. Nous avons perdu des milliers de vies, y compris des civils et des soldats en raison de la violence terroriste. Le sang qui a coulé- y compris celui de nos enfants innocents – a renforcé notre détermination à éliminer ce fléau de notre société. Nous lutterons contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, indépendamment de leurs auteurs. Notre opération, Zarb-e-Azb, est la plus grande campagne anti-terroriste dans le monde, impliquant plus de 180.000 membres de nos forces de sécurité. Cette opération a permis de faire des progrès substantiels pour débarrasser notre pays de tous les terroristes, et elle ne s’achèvera que lorsque notre objectif sera réalisé. Cette opération est complétée par un plan d’action national inclusif. Il englobe des actions policières et sécuritaires, des mesures politiques et juridiques ainsi qu’ un ensemble de mesures sociales et économiques visant à lutter contre l’extrémisme violent. La menace mondiale du terrorisme ne peut être vaincue à moins que nous ne prenions en compte ses causes profondes. La pauvreté et l’ignorance sont une partie du problème. Les idéologies extrémistes doivent être rejetées. Mais nous devons également lutter contre le discours des terroristes, par le biais d’un règlement juste des différentes situations d’oppression et d’injustice contre les musulmans, dans diverses parties du monde. Malheureusement, certains s’efforcent d’utiliser la campagne mondiale contre le terrorisme pour supprimer le droit légitime des peuples occupés à l’auto –détermination.
Monsieur le Président, l’essor et la propagation du terrorisme à travers le Moyen-Orient aujourd’hui, représentent des défis de sécurité sans précédent. Ravagés par la violence, les conflits ethniques et sectaires, et la montée de Daesh, plusieurs pays de la région sont aujourd’hui le théâtre de conflits et d’instabilité. D’autres sont aspirés dans ce bourbier. La tragédie de la Palestine s’est intensifiée. La voie acceptée pour la paix entre la Palestine et Israël – une solution à deux Etats – semble plus éloignée aujourd’hui que jamais auparavant, en raison de la position intransigeante de la puissance occupante. Et pourtant, à l’heure où je parle, le drapeau palestinien est en train d’être hissé à l’extérieur de cette salle. Nous espérons qu’il s’agira d’un premier pas. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt d’accueillir la Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies.
Monsieur le Président, les Musulmans souffrent à travers le monde : les Palestiniens et les Cashmiris sont opprimés par l’occupation étrangère; des minorités sont persécutées; et il y a une discrimination à l’encontre des réfugiés musulmans fuyant la persécution ou la guerre. La communauté internationale doit remédier à ces injustices commises contre le peuple musulman.
Monsieur le Président, nous nous félicitons de l’accord nucléaire global conclu entre l’Iran et les pays du P 5 + 1. (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Ceci montre ce que peut faire un engagement diplomatique et le multilatéralisme. C’est de très bon augure pour la paix et la sécurité de notre région et au-delà.
Monsieur le Président, les relations entre le Pakistan et l’Afghanistan ont enregistrées une transformation positive grâce à la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale à Kaboul. En réponse à la demande du gouvernement afghan et avec l’appui de la communauté internationale, le Pakistan a fait de grands efforts pour faciliter le processus de réconciliation afghan. Un dialogue a été possible entre le gouvernement afghan et les talibans, ce qui était sans précédent. Mais il est regrettable que certains incidents aient enlisé le processus. Par la suite, les attaques de militants se sont intensifiées, et nous les condamnons sans équivoque. Le Pakistan persistera dans ses efforts pour aider la reprise du processus de dialogue et pour promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan. Néanmoins, nous ne pourrons le faire que si nous obtenons la coopération requise de la part du Gouvernement afghan. Les tensions entre l’Afghanistan et le Pakistan ne vont dans l’intérêt de personne. Nous sommes encouragés par le fait que la communauté internationale, y compris les grandes puissances, souhaitent poursuivre le processus de paix en Afghanistan.
Monsieur le Président, le Pakistan se félicite du rôle actif de la Chine pour la promotion de la paix et de la prospérité en Afghanistan et dans notre région. Nous nous félicitons de la vision de la Chine : «Une ceinture, une route “. Le corridor économique entre la Chine et le Pakistan, annoncé lors de la visite du président Xi Jinping au Pakistan au début de l’année, pourrait favoriser l’intégration économique régionale et apporter la prospérité à l’ensemble de la région et à l’extérieur. Il s’agit d’un modèle qui devrait nous inspirer de coopération Sud-Sud, et qui devrait être imité ailleurs. Nous nous félicitons également de l’accent mis par la Russie sur la coopération en Asie. L’Organisation de coopération de Shanghai à laquelle le Pakistan se joindra cette année en tant que membre à part entière, offre de grandes promesses pour la promotion de la connectivité régionale.
Mr. le Président, l’histoire de l’Asie du Sud est une histoire d’occasions manquées. Parmi ses conséquences graves, il y a la persistance de la pauvreté et des privations dans notre région. Le développement est la première priorité de mon gouvernement et sous-tend ma politique qui est de créer un environnement pacifique. Nos peuples ont besoin de paix pour prospérer. La paix peut être obtenue par le biais du dialogue, mais il faut de l’engagement. En 1997, lorsque le dialogue composite a été lancé avec l’Inde, nos deux pays se sont mis d’accord sur le fait que ce dernier couvrirait deux questions principales : le Cachemire, et la paix et la sécurité, ainsi que six autres questions, y compris le terrorisme. Le caractère urgent de ces deux questions est encore plus fort aujourd’hui. Les consultations avec les habitants du Cachemire, qui sont une partie intégrante du différend, sont essentielles pour parvenir à une solution pacifique. Depuis 1947, le différent sur le Cachemire n’a toujours pas été résolu. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies n’ont toujours pas été mises en œuvre. Trois générations de Cachemiris n’ont vu que des promesses non tenues et une oppression brutale. Plus de 100,000 sont morts dans leur lutte pour l’autodétermination. Il s’agit de l’échec le plus persistant des Nations Unies.
Mr le Président, lorsque j’ai pris mes fonctions de Premier ministre du Pakistan en Juin 2013, pour la troisième fois, l’une de mes premières priorités a été de normaliser les relations avec l’Inde. J’ai tendu la main aux dirigeants indiens pour souligner que notre ennemi commun était la pauvreté et le sous-développement. La coopération et non pas la confrontation, devrait définir notre relation. Et pourtant, aujourd’hui, des violations du cessez-le feu le long de la ligne de démarcation et de la frontière de facto s’intensifient, causant des morts civils, y compris des femmes et des enfants. La sagesse nous dicte que notre voisin immédiat devrait s’abstenir de favoriser l’instabilité au Pakistan. Les deux pays devraient aborder et résoudre les causes de tension et prendre toutes les mesures possibles pour éviter toute escalade supplémentaire. C’est la raison pour laquelle j’aimerais saisir cette occasion aujourd’hui, pour proposer une nouvelle initiative de paix avec l’Inde, en commençant par des mesures qui sont les plus faciles à mettre en œuvre :
Premièrement, nous proposons que l’Inde et le Pakistan officialisent et respectent l’entente de 2003 pour un cessez-le feu complet, le long de la ligne de contrôle au Cachemire. A cet effet, nous demandons un élargissement de l’UNMOGIP (Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies) en Inde et au Pakistan pour surveiller l’observation du cessez le feu.
Deuxièmement, nous proposons que le Pakistan et l’Inde réaffirment leur volonté de ne pas recourir à, ou menacer de recourir à l’usage de la force, quelles que soient les circonstances. Il s’agit d’un élément central de la Charte des Nations Unies.
Troisièmement, des mesures doivent être prises pour démilitariser le Cachemire.
Quatrièmement, il faut que l’on se mette d’accord sur un retrait mutuel sans condition du glacier de Siachen, le champ de bataille le plus élevé du monde.
Une réduction de la perception des menaces grâce à de tels efforts pour la paix, permettront au Pakistan et à l’Inde de se mettre d’accord sur une série de mesures, pour faire face au péril que représentent les systèmes d’armement avancés et offensifs.
Le Pakistan ne veut pas et ne participe pas, à une course aux armements en Asie du Sud. Néanmoins, nous ne pouvons oublier la dynamique sécuritaire qui évolue et l’augmentation du nombre d’armes dans la région, ce qui nous oblige à prendre des mesures essentielles pour maintenir notre sécurité. En tant qu’État doté de l’arme nucléaire dûment responsable, le Pakistan continuera d’appuyer les objectifs du désarmement nucléaire et de la non-prolifération. Nous avons maintenu les normes les plus élevées de sécurité nucléaire et nous avons établi un régime efficace pour garantir la sûreté et la sécurité de nos installations et de nos stocks nucléaires.L’Asie du Sud a besoin de stabilité stratégique et cela nécessite un dialogue sérieux pour parvenir à la retenue nucléaire, à un équilibre conventionnel et au règlement des conflits.
Et finalement Monsieur le Président, nous attendons avec beaucoup d’intérêt de jouer notre rôle pour bâtir une ère de paix et de prospérité en Asie du Sud. Nous le devons à notre peuple et aux générations futures.
Merci Mr le Président.
Source : ONU, 09/10/2015
transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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Bangladesh – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. Mme Sheikh Hasina, Premier Ministre de la République populaire du Bangladesh, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
M. le Président,
Je tiens à exprimer mes félicitations les plus sincères à vous, M. le Président de la 70ième session de l’Assemblée Générale pour votre élection.
Je félicite également Son Excellence M. Sam Kutesa pour l’excellente façon pour laquelle il a dirigé l’Assemblée Générale au cours de l’année écoulée.
M. le Président,
Il s’agit d’une année riche en transformation pour les Nations Unies et pour l’ensemble du monde. Cette année marque le 70ième anniversaire de la création de cet organe mondial, une reconnaissance claire de la part de nos ancêtres que nous partageons un destin commun. C’est ce qui les inspirait à bâtir cette institution. Depuis sa création, les Nations Unies ont fait des progrès remarquables pour ce qui est de la paix, de la sécurité, des droits de l’Homme et le développement. 70 ans plus tard, l’ONU continue à incarner les rêves et les aspirations partagés de toute l’humanité.
Il s’agit d’une année essentielle pour le développement durable. Le sommet du financement du développement à Addis Abeba et le sommet de l’ONU qui vient de s’achever ici à New York ont suscité un nouvel espoir pour les peuples à travers le monde. Avec nos efforts pour parvenir à un accord significatif sur le changement climatique à Paris cette année, nous espérons pouvoir transformer notre avenir en mettant fin à la pauvreté, en limitant le changement climatique et en préservant notre planète.
M. le Président,
Il y a 2 défis mondiaux qui représentent la plus grande menace à la viabilité de la civilisation humaine.
Premièrement : le terrorisme et l’extrémisme violent qui demeurent des entraves graves à la paix et au développement dans le monde monde. Les terroristes n’ont pas de religion, le terrorisme et l’extrémisme violent sont des défis mondiaux. Tous les pays devraient être unis pour lutter contre ces derniers.
Je suis moi-même une victime du terrorisme et de l’extrémisme violent. Mon père, le Père de la Nation Banghabandhu Sheikh Mujibur Rahman, ma mère Begum Fazilatunnesa Mujib, 3 frères et d’autres proches ont été brutalement assassinés le 15 août 1975. Moi-même j’ai été la cible d’au moins 19 attaques terroristes. Mon gouvernement, par conséquent, applique une politique de tolérance zéro à toutes formes de terrorisme, d’extrémisme violent et de radicalisation. Nous œuvrons sans relâche pour lutter contre l’extrémisme et les forces anti-libération qui continuent à être actives, qui continuent à détruire le caractère démocratique, progressif et séculier de notre nation.
Deuxièmement : le changement climatique est également un défi formidable en terme de développement. Nous ne serons pas en mesure de poursuivre nos efforts de développement si le changement climatique n’est pas traité comme il se doit. Le nouveau programme de développement énonce clairement que toutes nos actions peuvent être sous-tendues par notre engagement fort à protéger et préserver notre planète, notre biodiversité et notre climat. Le temps est court pour agir et nous devons réussir à mettre le monde sur la voie d’un avenir plus sûr, plus vert et plus prospère.
M. le Président,
Nous savons également que la coopération régionale est essentielle pour favoriser le développement durable ainsi que pour parvenir à des sociétés pacifiques et stables. Le Bangladesh a joué un rôle de chef de file pour bâtir des processus de coopération régionaux tels que le ASACR (Association sud-asiatique pour la coopération régionale), le BIMSTEC (Initiative du Golfe du Bengale pour une coopération technique et économique multisectorielle), le BCIM-EC (Corridor économique entre le Bangladesh, la Chine, l’Inde et la Birmanie). Nous avons également lancé des initiatives pour développer les infrastructures afin de renforcer le commerce et les contacts entre les personnes entre le Bangladesh, le Bhoutan, l’Inde et le Népal.
Aujourd’hui nous sommes les témoins de migrations et de mobilité humaine sans précédent qui refaçonnent complètement l’histoire et la géographie. La migration a été reconnue comme étant un élément de développement clé dans le programme de développement à l’horizon 2030. La coopération est essentielle entre nos pays afin que nous puissions réellement profiter du plein potentiel des migrations. Avec cet objectif nous avons décidé de diriger le Forum Mondial sur la Migration et le Développement en 2016.
M. le Président,
Au fil des ans le maintien de la paix et sa consolidation par l’ONU se sont transformés en activités phares de l’ONU. Le Bangladesh est fier d’être associé à ces efforts en tant que fournisseur principal de contingents. Nos casques bleus courageux, jusqu’à présent, ont laissé leur empreinte sur 54 missions de maintien de la paix dans 40 pays. De plus, nous avons le nombre le plus élevé de femmes policières dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. Notre contribution aux opérations de maintien de la paix a fait de nous un partenaire fiable dans les initiatives de paix de l’ONU.
Les efforts de développement dans un grand nombre de nos pays, au cours des 15 dernières années, ont été largement guidés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les progrès faits grâce aux OMD nous ont inspiré à adopter une série d’objectifs de développement durable encore plus audacieux, plus ambitieux. Etant donnée l’ambition qui est reflétée dans les OMD, nous devons également accroître la mobilisation des ressources qu’elles soient publiques ou privées, nationales ou internationales. Il est essentiel pour les pays développés d’honorer leurs engagements des OMD de 0.7% de leur PNB et de 0.2% pour les PMA (Pays les moins avancés). Nous devons également relever les défis auxquels sont confrontés les pays en développement pour ce qui est d’avoir accès à des technologies respectueuses de l’environnement. Sans transfert de telles technologies et sans renforcement des capacités, je crains qu’un grand nombre d’objectifs et de cibles de développement ne pourront être réalisés.
M. le Président,
Il y a 4 décennies le Père de la Nation, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman dans son premier discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU a eu comme vision d’établir un ordre mondial bâti sur la coexistence pacifique et la justice sociale et le fait d’être à l’abri de la pauvreté, de la faim, de l’exploitation et de l’agression. Cet appel continue à nous guider dans nos efforts de développement et dans notre participation dans les affaires mondiales. Nous continuerons à transformer le Bangladesh en une terre où l’état de droit et la justice sociale prévalent par-dessus la pauvreté, l’inégalité, l’impunité et l’exclusion. J’ai présenté une Vision 2021 pour une économie à revenu intermédiaire basée sur les connaissances dans ce que nous appelons un Bangladesh Numérique. Grâce aux progrès constants que nous avons fait jusqu’à présent, je suis confiante que bientôt nous serons en mesure de réaliser le rêve du Père de la Nation, à savoir de bâtir Sonar Bangla, un Bengal de l’âge d’or.
M. le Président,
Le Bangladesh est largement reconnu aujourd’hui comme étant un modèle pour le monde en développement. Nous avons enregistré l’un des taux de réduction de la pauvreté le plus rapide du monde malgré des ressources modestes. Nous avons réduit le taux de pauvreté de 56.7% en 1991 à 22.4% aujourd’hui. Le Bangladesh a déjà atteint ou est sur la voie d’atteindre les OMD 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Au cours de ces 6 dernières années, la croissance de notre PNB moyen a dépassé 6.2% malgré la récession mondiale. De 2005 à 2016, nos revenus grâce aux exportations ont été multipliés par 3 et pendant cette même période nos réserves de devises étrangères ont augmenté de 7.5 fois, elles sont passées de 3.5 milliards de $ à 26 milliards de $ et pendant cette période le Bangladesh est sorti de la catégorie des pays à faible développement humain du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), il est passé dans la catégorie intermédiaire et nous sommes également passé de la catégorie des pays à faible revenu selon la Banque Mondiale à la catégorie intermédiaire.
Nous réalisons qu’investir dans notre capital humain, notamment compte tenu de notre grande population de jeunes, pourra nous donner de nombreux dividendes. C’est pour cette raison que notre gouvernement a mis un accent tout particulier sur l’éducation et la santé pour tous. Nous offrons des aides actuellement à 13.4 millions d’étudiants venant de familles pauvres et une éducation gratuite pour les filles jusqu’au niveau secondaire supérieur pour éviter la déscolarisation. Le premier jour de cette année, nous avons distribué plus de 334 millions de livres scolaires partout dans le pays. Depuis 2010, près de 1.59 milliards de manuels scolaires ont été distribués. C’est peut-être l’effort le plus important dans le monde. Nos populations qui vivent dans les zones rurales reçoivent près de 200 services de 5275 centres numériques. Ils ont accès à des services de santé de la part de plus de 16 500 centres connectés à internet. Nous voyons également des résultats visibles en ce qui concerne l’autonomisation économique et politique des femmes en promouvant un plus grand accès pour ces dernières aux ressources productives et leur représentation au niveau national et local. De cette façon, nous nous attachons à répondre aux besoins et aux défis des segments vulnérables de notre population. Nous avons joué un rôle de chef de file à l’ONU pour promouvoir les droits et le bien-être des personnes touchées par l’autisme et d’autres maladies liées au neuro développement.
M. le Président,
Comme nous l’avions fait lors de la période des OMD, nous aimerions mener par l’exemple pour la mise en œuvre des ODD (Objectifs de Développement Durable) au Bangladesh. En donnant au cadre des ODD l’importance qui lui est dû, nous préparons actuellement le prochain plan quinquennal 2016-2020. Mon gouvernement est déterminé à faire en sorte que personne ne soit laissé en marge dans notre aspiration à bâtir une société résiliente, pacifique et prospère. Nous croyons que le développement durable ne peut être réalisé en l’absence d’une paix durable et la sécurité. Nous restons engagés comme toujours à respecter la paix et l’état de droit et mettre fin à la culture de l’impunité. Et dans cet esprit, nous recherchons les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de viols et de génocides commis pendant notre guerre de libération de 1971. Notre gouvernement attache la plus grande importance à la préservation de l’harmonie religieuse et de la tolérance qui a marqué notre tissu social depuis l’antiquité.
Nous avons récemment établi une démarcation des frontières terrestres et maritimes et d’autres questions avec nos voisins, l’Inde et la Birmanie. A minuit, le 31 juillet 2015, nous avons échangé 162 enclaves, ce qui a permis à environ 50 000 résidents apatrides de ces enclaves à obtenir enfin la citoyenneté qui leur était si chère. Ceci a permis de mettre un terme de façon pacifique à la situation humanitaire des résidents de ces enclaves et de cette façon, en agissant conjointement avec l’Inde, nous avons établi un précédent unique pour le reste du monde.
Dans cet esprit, M. le Président j’exhorte le concert des nations à renouveler sa détermination collective pour parvenir à un monde prospère, stable et pacifique, à l’abri de la pauvreté, de l’inégalité, de la violence et de l’extrémisme, du changement climatique et du conflit, de l’oppression et de l’injustice. Faisons preuve de vision, de courage moral et de leadership politique pour donner une vie meilleure et un avenir plus brillant à nos enfants et aux leurs.
Je vous remercie M. le Président.
Que le Bangladesh vive pour toujours.
Vive les Nations Unies.
Source : ONU, 09/10/2015
transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr