| | | | | | | | | | Bonjour .
Voilà comment le Covid a bouleversé la vie et le métier d'Amélie, infirmière en réanimation. | | | | | |
| | | | | | | | En quoi ça consiste, le métier d’infirmière en réanimation ?
On fait plein de choses, Ça peut aller de l'enfant à la personne âgée. Moi, je travaille avec les adultes, donc ceux qui ont plus de 18 ans. On prend en charge des patients qui ont des défaillances multiples, c'est-à-dire qu'il y a plus d'un organe qui lâche. Il faut être très polyvalent. Il y a différents types de réanimation : des réanimation cardiaques, chirurgicales, médicales. Moi, je suis dans une réanimation polyvalente. On réanime, on accompagne aussi la fin de vie, c'est-à-dire que ce n'est pas un endroit où il y a de l'acharnement. C'est aussi un endroit où on sait dire stop quand il le faut. C’est ça aussi, c'est le rôle de l'infirmière, parfois, dire au médecin « stop », est ce que là, on ne va trop loin… Souvent, on est en « 12 heures ». Moi, personnellement, je suis en « 12 heures ». Pour commencer dans une journée, il y a beaucoup de vérifications. En fait, c'est comme ça qu'on s'en sort, il faut beaucoup anticiper. On est toujours en binôme avec notre aide-soignante, parce qu'on travaille à deux en réanimation. L'infirmière elle n’est rien sans son aide-soignante.
Hors période de Covid, vous vous occupez de combien de personnes ?
En réanimation, c’est une infirmière pour trois patients. Si on a plus de trois patients, ça devient dangereux, parce qu’on ne peut pas prendre soin correctement des gens. Comme je le disais, il faut beaucoup anticiper.
« Avant le Covid, les réanimations étaient déjà pleines »
Le premier patient Covid, vous vous l’avez vu arriver quand ?
C’était tout début mars. Au début, on essayait de regrouper les patients dans des hôpitaux Covid, et puis, à un moment, c’est devenu saturé. Ils sont tous arrivés d’un coup. Les médecins nous ont annoncé que ça allait devenir plus difficile. Après, on a dû ouvrir une réanimation de fortune pour pouvoir continuer à accueillir des patients. Ce qu'il ne faut pas oublier, c’est que pendant le Covid, on a aussi des patients « classiques » qui viennent par exemple pour une réanimation cardiaque ou une détresse respiratoire autre que Covid. Et le problème, c’est qu’avant le Covid, les réanimations étaient déjà pleines. | | | | | |
| | | | | | | « Les proches ne revoient pas le visage de la personne décédée » | | | | | |
| | | | | | | Comment votre travail a changé avec l’arrivée du Covid ?
On travaille un peu plus avec boule au ventre. Parce que même si on a signé pour, qu’on sait que c’est notre travail, on sait que c’est contagieux. Personnellement, ce qui me fait le plus peur, c'est de contaminer mes proches.
Vous racontez qu'au bout d'un moment, vous vivez, vous mangez, vous dormez Covid.
Oui, c’est qui était complètement nouveau avec la première vague et le confinement. On n’avait rien pour souffler autour parce qu'on ne pouvait pas sortir. On ne pouvait pas décompresser.
Le fait que les familles des patients ne puissent pas venir, ça a aussi rendu votre travail plus difficile ?
C'est quand même barbare de se dire qu'une personne risque de mourir seule, entourée d'infirmières certes, mais sans sa famille. Et puis une fois que la housse est fermée, on ne peut pas la rouvrir. On n'a pas le droit. Donc les proches ne revoient pas le visage de la personne décédée. Ça fait des chocs, donc on a essayé un peu de d’instaurer ça. On a essayé des Skype, mais ça ne vaut pas une visite en chair et en os.
« Quand il y a quelques jours, j’ai commencé à revoir les chariots dehors, ça m’a donné la chair de poule »
Au plus fort de l'épidémie, vous gériez combien de patients par
jour ?
On en avait quatre, mais nous avons reçu le soutien d’aidants. Mais ça restait dur. Pour moi qui suis jeune, qui ai 22 ans et qui, pendant l'épidémie, avais moins d'un an de réanimation, il fallait encadrer et prioriser tout ça.
Est-ce que vous avez été confrontée à des patients « trop vieux » qu’il a fallu sacrifier ?
Heureusement pour moi, je n’en suis jamais arrivée là. Moi, je n'ai pas eu vraiment à le voir, mais on l'entendait, on entendait qu’on n’avait pas assez de place ou qu’on allait se prendre une deuxième vague plus monstrueuse que la première.
Cette deuxième vague, pour vous, elle est pire que la première ?
En fait, elle est plus dure psychologiquement. On sait ce qu’on a vécu à la première et on n’a pas envie de le revivre. On sort les chariots des chambres quand les patients ont le Covid pour les désinfecter. Quand il y a quelques jours, j’ai commencé à revoir les chariots dehors, ça m’a donné la chair de poule. | | | | | |
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