Lu dans le DL du 14.01.2019
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
Macron,
l’esprit et la lettre
Selon le conseil du vieux Valéry - Paul, pas Giscard - « entre deux mots,
il faut choisir le moindre ».
Bannir l’outrance de son vocabulaire permet
d’éviter les blessures inutiles.
On n’ira pas ainsi traiter les passants
anonymes de « gens qui ne sont rien ». Ni assimiler à « une foule
haineuse » l’ensemble des mécontents qui manifestent.
Ni suggérer
qu’avec davantage « d’efforts », les pauvres pourraient vite s’acheter un
costard et rouler en voiture électrique.
Le pensionnaire de l’Élysée, par calcul ou maladresse, a souvent
prononcé des paroles brutales à l’égard des classes populaires.
Un
Président ne devrait pas dire ça.
Après ses résultats décevants à l’oral, le
voici contraint de se rattraper à l’écrit.
Dans sa longue « lettre aux
Français », loin des piques d’autrefois, Emmanuel Macron change de ton
et d’état d’esprit.
Il ne morigène plus « ses chers compatriotes », mais les
invite à renouer avec la politique.
Au « grand débat » qui s’ouvre, promis,
l’avis des citoyens ne comptera pas pour du beurre.
Les questions posées
par le chef de l’exécutif occupent un vaste périmètre.
Quels impôts baisser
en priorité ?
Comment mieux organiser l’État ?
Faut-il fixer des quotas
pour l’immigration ?
Reconnaître le vote blanc ?
Qui doit financer la
transition écologique ?
Et le reste à l’avenant, sans thèmes interdits, pour
« transformer les colères en solutions ».
Hier chantre d’un pouvoir vertical,
Jupiter se convertit soudain à la démocratie participative.
Le pays, en
somme, sera bientôt géré collectivement.
Tous ensemble, tous ensemble,
ouais !
À tel point qu’on se demande si les élus gardent une raison d’être.
Si, quand même.
Aux dernières nouvelles, on compte sur nos bons vieux
maires pour organiser ce vaste chantier de psychothérapie nationale
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